X
XLinkedinWhatsAppTelegramTelegram
3
Lire cet article dans:

Cas clinique: Epidermite exsudative à Staphylococcus hyicus et Staphylococcus chromogenes

3 commentaires

Ce cas s'est produit dans les post-sevrages d'un système multisite. On n'a pas observé de clinique sur les truies, ni dans le renouvellempent réalisé sur le même site 1.

Introduction

L'épidermite exsudative (EE), ou syndrôme du porc gras, est une pathologie cutanée d'origine bactérienne qui peut se produire à tout âge, bien qu'elle soit plus fréquente sur les porcelets allaitants et récemment sevrés. Elle a été décrite dans la majorité des pays où on élève des porcs et finit par se produire dans la majorité des élevages. Staphylococcus hyicus, la bactérie responsable de l'EE, peut être isolée du nez, des yeux et de la peau de porcs sains et du vagin des truies saines. Cet organisme peut persister pendant plusieurs semaines dans l'environnement de l'élevage.

Cette pathologie est plus dramatique sur des animaux nés de truies non immunisées. Les traumatismes cutanés produits par les bagarres, la coupe de dents ou les sols ou les nids abrasifs peuvent transpercer les couches protectrices de la peau. Les lésions de l'EE sont associées aux toxines exfoliatives thermolabiles produites par S. hyicus. Les changements sur la peau sont accompagnés d'une augmentation de la sécrétion sébacée et d'un exsudat séreux. La mortalité associée à l'EE est principalement liée à la déshydratation, bien qu'il puisse aussi se produire de la septicémie et de l'arthrite.

Antécédents

Ce cas est arrivé concrètement dans un élevage naisseur engraisseur en multisite dans le sud-est de l'Ontario au Canada. Pendant la durée de ce cas on n'a pas observé de signes cliniques significatifs d'EE sur les truies. Ceci inclut l'absence de signes cliniques sur les cochettes de renouvellement qui étaient logées dans des bâtiments de post-sevrage et d'engraissement situés sur le même site 1. L'épisode a commencé dans l'un des deux PS extérieurs (site 2) en flux continu. Plusieurs mois après, les cas ont aussi augmenté dans le second PS.

EE generalizada aguda
Photo 1. EE localisée aigüe

Les porcs étaient sevrés une fois par semaine à trois semaines de vie. A l'origine il n'y avait pas de signes cliniques jusqu'à 10-14 jours environ après le sevrage. Une observation plus détaillée a révélé que, pendant les premiers jours après le sevrage, les porcelets développaient des lésions situées dans les coupures et les plaies associées aux bagarres. On ne pratiquait pas la coupe des dents dans cet élevage. Certains porcelets montraient seulement des lésions localisées (photo 1), bien que sur d'autres on observait des signes cliniques de léthargie et un développement rapide de couleur rougeâtre sur la peau, qui était chaude au toucher. Sous les aisselles, l'aine, le ventre et derrière les oreilles des croûtes fines et marron apparaissaient. Cet exsudat était étendu sur toute la surface de la peau (photo 2). En quelques jours, la peau devenait foncée et avait acquis une texture grasse. Les porcs très touchés perdaient très rapidement du poids et mouraient généralement en quelques jours. Il n'y avait pas de démangeaison apparente. La diminution de la croissance a été notable sur certains des survivants et les chétifs chroniques ont été euthanasiés. La mortalité post-sevrage, qui était généralement de 2 %, a augmenté jusqu'à 4 % et, dans certaines cases, jusqu'à 9 %. Ce problème a persisté pendant environ 13 mois. Presque toute l'augmentation de mortalité était due à l'EE.

EE localisée aigüe

Photo 2. EE généralisée aigüe

Diagnostic

On a initialement isolé S. hyicus en grandes quantités à partir d'écouvillons d'animaux touchés. Sur des écouvillons suivants on a identifié Staphylococcus chromogenes. Ce micro-organisme est génétiquement très semblable à S. hyicus et peut produire aussi des toxines exfoliatives. L'antibiogramme a indiqué qu'il était résistant à la pénicilline mais sensible au trimethoprime-sulfa et à la tiamuline. La découverte de la résistance à la pénicilline était cohérente avec des recherches récentes qui expliquaient que la résistance de S. hyicus à la pénicilline était fréquente en Ontario (figure 1). Une analyse plus détaillée à l'Université de Guelph a trouvé que cet isolat était en particulier aussi résistant au zinc. On a mené à bien des diagnostics et des autopsies supplémentaires pour écarter la présence de maladies sous-jacentes qui exacerberaient le problème, mais on n'a pu en identifier aucune.

Percent of isolates resistant to antimicrobials

Figure 1 : Pourcentage d'isolats résistants aux antimicrobiens

Intervention

L'EE est une maladie typiquement multifactorielle. Bien qu'identifier et corriger un seul facteur puisse être parfois suffisant, dans ce cas on devait améliorer autant l'immunité maternelle que la barrière immunitaire locale qu’apporte une peau intacte. Il était aussi important de diminuer la charge bactérienne.

En révisant la formulation et la quantité d'aliment par porc, on n'a observé aucun problème, même si on s'est aperçu qu'on devait apporter une certaine amélioration dans la quantité d'aliment administrée par porc dans certaines phases spécifiques de croissance. L'aliment restait frais et appètent et on utilisait toute la surface disponible d’auge pour éviter des luttes pour accéder à l'aliment. En identifiant la résistance au zinc, on a retiré le complexe de zinc de l'aliment.

Le protocole normal dans ces post-sevrages était d'enlever les portes frontales des cases pour permettre le contact et la colonisation précoce des porcs avec autant de microbes possibles. Ces microbes comprenaient Streptococcus suis, Haemophilus parasuis et Actinobacillus suis. Dans ce cas on a décidé de fermer ces portes pour essayer de freiner la dissémination de l'EE. Les cases sont restées fermées pendant les 4 premières semaines après le sevrage et ensuite ouvertes pour former des lots plus grands : à cet âge il y avait déjà très peu de nouveaux cas d'EE.

Il y a eu un grand débat sur le rôle de la coupe des dents des porcelets sur les coupures et les plaies produites lors des bagarres. Les opérateurs du sevrage plaidaient pour la coupe des dents si on allait résoudre le problème avec cela. Elle a été essayée dans plusieurs lots de porcs et tout le monde a été d'accord qu'au moins dans ce cas, la coupe de dents n'a pas diminué l'incidence ni la sévérité de l'EE, c'est pourquoi on a cessé de le faire de nouveau.

On a mesuré l'approvisionnement en eau. Quelques abreuvoirs ne fonctionnaient pas correctement, c'est pourquoi on les a réparés et on les a réglés pour garantir un débit minimal de 0.5 litres/minute. L'objectif était d'éviter des projections qui pourraient humidifier la peau et aussi assurer un débit et un nombre d'abreuvoirs suffisants pour diminuer les agressions dues à la compétition.

L'objectif d'humidité relative était de 70% à l'automne,hiver et printemps et on utilisait un chauffage complémentaire pour pouvoir maintenir une ventilation minimale. Quand les porcelets entraient, les salles étaient chauffées jusqu'à 28ºC. On a vérifié l'isolation du plafond. Les porcelets restaient secs et sans courant d'air.

Les salles étaient remplies avec une densité au départ de 10 % supérieur à l'objectif, afin de pouvoir laisser une case libre comme infirmerie pour déplacer rapidement les premiers cas : les porcelets à la peau rouge et enflammée étaient transférés dans la case infirmerie pour éviter la dissémination. En vidant la salle, les porcelets récupérés étaient transférés dans l'engraissement et ils ne se mélangeaient pas avec les porcelets plus jeunes.

On a aussi revu la propreté: après le vide des salles celles-ci étaient immédiatement trempées et, le jour suivant, on procédait au lavage. À la suite de l'épisode, on a davantage prêté attention au lavage. On utilisait un agent nettoyant alcalin pour le dégraissage et l'élimination du biofilm et un agent nettoyant acide pour éliminer certains minéraux. On a calibré les doseurs de désinfectants et on a testé plusieurs désinfectants, bien qu'aucun n'ait démontré être meilleur que les autres. On laissait une période de séchage d'un minimum de 24 h avant le nouveau remplissage.

On a injecté les porcelets atteints avec du triméthoprime-sulfa aux doses recommandées par le fabricant pendant 4 jours. Pendant les 21 premiers jours de séjour en PS on a traité préventivement dans l'eau avec du triméthoprime-sulfa. On est passé ensuite à un traitement intermittent, avec 3 jours de traitement et 4 jours sans, pendant les 3 premières semaines en post-sevrage. Le traitement a été finalement administré seulement dans les cas nécessaires.

L'aliment starter était supplémenté avec de la chlortétracycline à 110 ppm,de la sulfametacine à 110 ppm et de la procaïne pénicilline à 55 ppm. L'aliment de post-sevrage contenait de la procaïne pénicilline à 110 ppm. On n'utilisait pas d'autres traitements.

On utilisait un spray topique à base de triméthoprime-sulfa et d'huile minérale qui était préventivement utilisé tous les 4 jours. On appliquait le spray en plus aux premiers signes d'une augmentation de nouveaux cas. Dans une salle de 500, quand on détectait 3 nouveaux cas le matin et 3 l'après-midi, on aspergeait tous les animaux.

Avant l'épisode on avait ajouté une souche de S. hyicus à l'autovaccin qui était administré avant la mise-bas. Ce vaccin « personnalisé » était fabriqué en utilisant des bactéries isolées de chaque flux de truies, de porcelets de post-sevrage et des porcs d'engraissement. En vaccinant les truies avant la mise-bas ,on améliorait l'immunité passive colostrale. Par conséquent on a ajouté les isolats de S. hyicus et de S. chromogenes de post-sevrage à l’autovaccin administré avant la mise-bas. On n'a pas observé d'amélioration immédiate quand les porcelets des truies immunisées sont arrivés en post-sevrage. On a continué à utiliser l'autovaccin pré-mise-bas. Les nullipares sont vaccinées deux fois avant la mise-bas et les truies reçoivent une dose de rappel avant la mise-bas suivante.

Discussion

La performance en post-sevrage a retrouvé des valeurs normales, mais avec une amélioration considérable de la conduite. Au départ, les signes cliniques les plus graves ont été limités à l'un des deux post-sevrages et il se pourrait que les mouvements des porcelets et des personnes expliquent l'atteinte du deuxième. Il n'y a jamais eu aucune preuve que les truies aient eu contact avec les isolats plus "problématiques". Cette absence d'isolats dans la population de truies expliquerait pourquoi l'immunité maternelle aurait été de peu d'aide pour contrôler la maladie en post-sevrage. En théorie un dépeuplement et un repeuplement complet en flux continu des post-sevrages pourrait éliminer les souches plus problématiques. On peut dire que le problème s'est prolongé étant donné "l'absence" de la bactérie problématique sur les truies.

Commentaires de l'article

Cet espace n'est pas destiné a être une zone de consultation des auteurs mais c'est un lieu de discussionouverts à tous les utilisateurs de 3trois3.
29-Jul-2013herveherveéternel pb de l'EE: on fait ou on essaye tellement de choses différentes soit successivement soit conjointement qu'on ne sait pas ce qui est déterminant. Mon expérience est de ne pas se laisser "déborder" et de corriger le plus de facteurs de risques possibles en même temps. il s'agit certainement d'un problème immunitaire difficile à maîtriser et stabiliser et il faut compter de 6 à 18 mois pour que tout rentre à peu près dans l'ordre. je n'ai pas l'expérience des auto vaccins et je doute de leur efficacité (cf ce qui se passe dans les autres espèces). mon traitement "de choix" est de pulvériser les porcelets au TMP SULFA à dose thérapeutique par kg de poids en le diluant dans 2 litres d'eau pour 50 porcelets de 10 kg ; ensuite saupoudrer au kaolin.
les traitements injectables ou oraux ne sont pas satisfaisant voire inutiles c'est pourquoi l'application locale d'Ab semble être meilleure.
25-Mai-2018 eleveur44bonjour, je suis confronté au ce problème d'EE sur porcelets. Ça a débuté en ps avec des cas très prononcés suivit de mort du porcelets. L'EE est très présente, des cas aussi en maternités a 3-4 jours voire un peu plus tard. Aujourd'hui rien ne fonctionne vraiment. Aucun antibio. Je soupçonne le draxxin (en cause) que je fait depuis peu en préventif vu que javais des soucis respi. La dose préconisée par mon véto est légèrement trop forte par rapport à celle préconisée sur le flacon.Je pense que ça favorise les bagarres entre eux et donc la prolifération de l'EE.
Que pensez-vous de ça?
15-Fév-2024 raymond-yvinecbonjour.vu votre mot concernant l epidermite exsudative. j ai été salarié dans plusieurs élevages et cette épidermite je l ai toujours soigné en badigeonnant au pinceau et a l huile brulée tout le corps du porcelet atteint.le porcelet crassou que l on voit sur la photo commencera a blanchir au bout de 24 h .en 3 jours il redevient nikel.les antibiotiques ne servent a rien pour ce probleme
Publier un nouveau commentaire

Pour commenter, vous devez être utilisateur de 3trois3 et vous connecter

Vous n'êtes pas inscrit à la liste Dernière heure

Dernières nouvelles de la filière porcine

Connectez-vous et inscrivez-vous à la liste

Produits liés dans la boutique

La boutique spécialiste en élevage porcin
Conseil et service technique
Plus de 120 marques et fabricants
Vous n'êtes pas inscrit à la liste La newsletter de 3trois3

Un résumé tous les 15 jours des nouveautés de 3trois3.com

Connectez-vous et inscrivez-vous à la liste