Dans l’article précédent, " Grippe porcine : épidémiologie et émergence de nouveaux virus ", on a décrit l’apparition des souches du virus de la grippe porcine et on a démontré de quelle façon pouvaient s’incorporer dans les virus porcins des segments génétiques d’autres souches humaines ou aviaires (changement génétique). De plus, la transmission entre les espèces peut s’effectuer et certains virus peuvent présenter des mutations et des changements (dérive génétique)
Si ceci peut se produire pour le porc, il n’y a pas de raison de ne pas supposer que les segments génétiques des virus de la grippe porcine et de la grippe aviaire puissent former des réassortiments avec les virus humains et provoquer la maladie parmi la population humaine. On pense que c’est ceci qui s’est passé en 1918 quand la grippe espagnole a tué beaucoup de personnes. Il s’agissait probablement d’un virus aviaire qui s’est introduit dans la population porcine et humaine aux Etats-Unis et qui s’est ensuite propagé en Europe.
La menace d’une pandémie semblable est ce qui préoccupe les épidémiologistes ces derniers temps.
Tout d’abord, des cas de grippe ont été signalés tout d’abord sur des personnes au Mexique la dernière semaine d’avril puis des cas aux Etats-Unis avec ensuite une propagation par les voyageurs en avion vers d’autres pays.
Bulletin
OMS N° 13 du 4 mai 2009 : À 6 heures GMT, le 4 mai 2009, 20 pays avaient notifié officiellement 985 cas d’infection par le virus grippal A(H1N1). Le Mexique a notifié 590 cas confirmés d’infection humaine, dont 25 décès. Ce nombre élevé de cas notifiés par le Mexique résulte des analyses en cours sur des prélèvements collectés auparavant. Les Etats-Unis ont notifié 226 cas d’infection humaine confirmés en laboratoire, dont un décès. Les pays qui suivent ont notifié des cas d’infection confirmés en laboratoire mais pas de décès : Allemagne (8), Autriche (1), Canada (85), Chine, Région administrative spéciale de Hong Kong (1), Colombie (1), Costa Rica (1), Danemark (1), El Salvador (2), Espagne (40), France (2), Irlande (1), Israël (3), Italie (1), Nouvelle-Zélande (4), Pays-Bas (1), République de Corée (1), Royaume-Uni (15) et Suisse (1). |
D’un point de vue épidémiologique, ceci est extrêmement intéressant : pourquoi le virus provoquerait-il des morts dans un pays et pas dans un autre ? S’atténue t-il quand il voyage ?
Ce n’est pas une grippe porcine telle qu’on la connaît. C’est pourquoi, il est préférable de la nommer grippe nord-américaine (NDLR : l’OMS a adopté le terme «Grippe A à H1N1»). Il s’agit d’un virus au matériel génétique de virus porcins, humains et aviaires qui a démontré une capacité inhabituelle à se transmettre entre les personnes. Le virus semble avoir 2 des 8 segments génétiques dérivés de virus porcins provenant d’Eurasie. Les gènes NA et ceux de la matrice du nouveau virus n’ont pas été observés auparavant ni chez l’homme, ni sur les porcs. |
Jusqu’à aujourd’hui, le virus n’a pas été décelé sur les porcs et par conséquent on ne peut pas le trouver dans la viande de porc ni dans les produits dérivés du porc. Jusqu’à cette date, aux USA, il n’y a pas de mise en évidence d’aucun contact avec les porcs. Toutes les évidences montrent jusqu’à maintenant que le virus ne se transmet seulement de personne à personne.
(NDLR : selon une dépêche du 3 Mai, il semble que des porcs aient été contaminés au Canada par un homme revenant du Mexique)
Le contrôle de cette maladie dans la population humaine est pratiquement impossible car le moyen de transmission est le contact entre les personnes.
Il est peu probable que certains masques courants protègent des virions de par leur petite taille. Le seul moyen qui fonctionnera est de se maintenir loin des foyers d'infection c'est-à-dire des êtres humains eux-mêmes. (Rappelons-nous que sur les 50 dernières années il y a eu seulement 50 cas d'infection démontrés par une grippe porcine sur des hommes en Europe). Le virus n’est pas présent dans la viande de porc, et dans tout les cas, la cuisson à 70 degrés évite les risques microbiologiques de la viande.
Précautions dans les élevages
La protection des élevages de porcs est importante même si on ne sait pas si les porcs peuvent être infectés.
Il est, par conséquent, essentiel de prendre les mesures courantes pour protéger son élevage.
• Haut niveau de biosécurité, particulièrement concernant les entrées d’animaux.
• Quarantaine avec isolement pendant une période significative
• Dissuader fermement les visiteurs
• Mettre en place de hauts niveaux de nettoyage, de désinfection et d'hygiène du personnel.
• Etre vigilant par rapport à tous les aspects de la maladie afin de détecter toute nouvelle manifestation de maladie clinique.
• La source la plus probable de tout type d'infection qui ne provienne pas des porcs, ni des personnes, pour un élevage de porcs, sont les oiseaux : éviter qu'ils n'entrent dans les bâtiments.
• Prévenir le vétérinaire PAR TELEPHONE de tout symptôme respiratoire anormal et ne pas se déplacer pour ne pas infecter le cabinet vétérinaire.
• Toute personne qui tombe malade avec des symptômes respiratoires évocateurs doit TELEPHONER au 15 et ne pas se déplacer pour ne pas infecter le cabinet médical.
Le diagnostic des maladies respiratoires dans les élevages de porcs doit suivre les protocoles normaux, mais si on observe des symptômes peu courants, il est nécessaire d’effectuer les bons prélèvements pour l’autopsie. Ils doivent comprendre les écouvillons nasaux sur spirale synthétique en milieu de transport adapté, liquides de "lavage", du tissu pulmonaire frais et des tissus fixés dans du formol. Selon notre expérience au Royaume-Uni, le prélèvement de matériel dans la trachée est sans doute le plus utile pour établir un diagnostic et mettre en place les démarches à suivre.
Stan Done. Veterinary Laboratories Agency. Royaume-Uni