Culture Viande en appelle avec force à la responsabilité de chacun des maillons de la filière pour, au sein de son interprofession INAPORC, s’engager ensemble et sans retard à explorer toutes les pistes techniques, juridiques et économiques qui permettront, en accord avec les autorités sanitaires et vétérinaires, de poursuivre au 1er janvier 2022 la castration des animaux dans le cadre de la loi.
Les alternatives à la castration à vif existent. En Allemagne, dès le 1er janvier prochain, les éleveurs qui auront suivi une formation et en accord avec leurs services vétérinaires , pourront procéder à la castration des animaux sous anesthésie générale à l’isoflurane. Les pouvoirs publics allemands leurs allouent même pour cela une aide de 20 millions d’euros . Les solutions existent. Mettons les en œuvre au plus vite et laissons à chacun la liberté de choisir le mode d’élevage qui lui convient.
Sur le débat de l’orientation de la production vers le mâle entier qui alimente la guerre entre groupements et les spéculations économiques des éleveurs, soulignons que seul le marché fixe les prix, valorise les bons produits au détriment des autres et que de mémoire, les plus values générées par l’amont (production- abattage) ont toujours rapidement été captées par l’aval.
L’industrie de l’abattage-découpe, qui a pour vocation de promouvoir et de valoriser la production porcine française, se doit de proposer à ses clients transformateurs et distributeurs des viandes qui répondent à toutes les attentes et exigences des consommateurs, en France comme à l’export. Mettre aujourd’hui sur le marché, des viandes, même à risque infime, reviendrait à rompre ce pacte. Le plan qui vient d’être validé par la filière porcine, tourne le dos à cette politique de flux poussé, pour produire désormais en fonction de la demande du marché, une viande et une charcuterie saine et savoureuse. L’enjeu est bien de créer de la valeur pérenne au profit de l’ensemble de la filière et tenter d’inverser cette tendance historique de recul de la consommation depuis 5 ans (- 4%/an pour les viandes, -2,5%/an pour la charcuterie).
Les experts pointent aujourd’hui les faiblesses des viandes issues de porcs mâles entiers :
– un gras qui ne convient pas à la fabrication des salaisons sèches. Les filières porcines du Sud de la France ont pour cela unanimement signifié leur refus de s’orienter vers cette production ;
– la teneur élevée en maigre de ces viandes alors que la viande porcine est déjà considérée par le consommateur comme trop « sèche » ;
– enfin un risque d’odeur à la cuisson.
Rappelons que la pratique ancestrale de la castration précoce des porcs mâles en élevage a justement pour but d’éviter ces risques et à la fois de prévenir en élevage des comportements agressifs des animaux. Ce dernier point met à mal l’argument bien-être, avancé à tort pour la non- castration des porcs. Le bien-être animal doit se mesurer sur l’ensemble du cycle de production ; au stade de l’abattage, nous assurons avec rigueur et respect toutes les règles de la protection animale.
Sur tous ces dossiers, le positionnement de l’abattage-découpe est central et nous sommes très attentifs à la réaction de nos clients. Salaisonniers et distributeurs restent pourtant bien discrets sur un débat qui engage durablement toute une filière et où tout risque pris peut faire perdre la confiance des consommateurs français et mettre en danger nos marchés d’exportations.
Culture Viande se tient prêt à engager la concertation et le débat ; il est temps !