Adoptions et nourrices (I) : faire face à l'hyperprolificité

Réalité actuelle

L’hyperprolificité nous a apporté de nombreux avantages dans nos élevages, mais elle nous a aussi posé de grands défis :

• Plus de porcelets signifie moins de poids par porcelet.
• Moins de poids individuel des porcelets signifie un plus grand risque de mortalité.
• Plus de porcelets signifie plus de contraintes pour la truie

Dans un article précédent, nous avons déjà discuté de la nécessité d'une bonne prise de colostrum pour les porcelets et nous avons travaillé sur la manière d'y parvenir grâce à la prise séquentielle de colostrum.

Avant d'entamer les procédures d'adoption, il est important d'évaluer la viabilité des porcelets et de décider si tous les porcelets nés sont viables. Comme nous l'avons vu dans les études présentées précédemment, un pourcentage très élevé de porcelets nés avec un faible poids à la naissance aura un taux de survie très faible, de sorte que dans chaque cas, nous devrons évaluer la viabilité de ces porcelets avant de procéder à des adoptions qui pourraient compromettre la santé des porcelets les plus viables. Si nous décidons que certains porcelets ne survivront pas, nous devrons les euthanasier pour leur éviter de souffrir, car ils auront de grandes chances de mourir de froid, de faim en raison d'un manque de colostrum ou d'écrasement pour cause de faiblesse. Bien entendu, l'euthanasie suivra les procédures appropriées, conformément à la réglementation relative au bien-être animal.

Dans une autre étude réalisée par ThinkinPig, il a été démontré que chaque fois que l'on déplace un porcelet, cela peut entraîner une perte de 300 g de poids au sevrage, de sorte que, là encore, la première règle est d'éviter tous les déplacements qui ne sont pas strictement nécessaires.

Quand devons-nous procéder à des adoptions ? Normalement, uniquement lorsque nous harmonisons la taille ou le nombre des portées et que nous complétons des portées avec des porcelets provenant d'autres truies. Les règles de base sont les mêmes que celles qui s'appliquent aux nourrices.

Et quand avons-nous besoin de faire des truies nourrices ?

1. Lorsque nous avons des porcelets excédentaires
2. Lorsque nous avons des porcelets en retard.

Nous nous concentrerons sur le premier cas, car dans le second cas, il existe de nombreuses variables qu'il convient d'examiner au préalable :

• Vais-je compromettre la santé de mon élevage si je déplace des porcelets en retard ?
• Cela vaut-il vraiment la peine de les déplacer ou s'agit-il de porcelets qui vont me coûter plus cher en termes de productivité et compliquer les choses ?

En réalité, il ne faut pas déplacer les porcelets plus de 36 heures après la mise bas de la truie, c'est pourquoi nous ne parlerons que de l'harmonisation des portées et de la mise en nourrice des porcelets excédentaires lors de la mise bas.

La deuxième règle est que, pour garantir que la prise de colostrum des porcelets, ils ne doivent pas être éloignés de leur mère avant 24 heures après la mise bas. Mais que se passe-t-il si nous travaillons dans une exploitation où les horaires sont intensifs le matin et que, lorsque nous arrivons à l'élevage, nous avons une truie en train de mettre bas qui, en milieu de matinée, a fini de mettre bas une portée de 20 porcelets, et que nous ne déplaçons aucun porcelet avant le lendemain ? Cela ne représenterait-il pas trop d'heures, dont beaucoup sans surveillance, avec trop de porcelets ? La réponse à cette question est oui, c'est trop d'heures. Que faisons-nous dans ces cas-là ?

• Lorsque nous arrivons à l'élevage, nous commençons par la prise séquentielle de colostrum des porcelets qui sont déjà nés et nous les marquons.

• À la fin de la matinée, avant de quitter l'élevage, nous contrôlons les porcelets et tous ceux qui ont déjà un cordon ombilical complètement sec sont considérés comme aptes à être déplacés selon le protocole que nous avons mis en place.
• Dans ce cas, nous déplaçons toujours les plus gros porcelets qui sont secs ! et tant que la santé de l'élevage le permet. Si l'élevage présente une pathologie importante, le vétérinaire devra décider s'il est opportun de les déplacer ou non, voire de les limiter, en raison du risque encouru, même si les truies ont un grand nombre de porcelets.

Vidéo 1. Avec l'aide d'une caméra thermographique, nous pouvons voir que l'un des porcelets les plus froids a encore un cordon ombilical humide.

Ce dernier point pourrait être considéré comme une troisième règle, qui dirait que lorsque nous déplaçons des porcelets et que nous les retirons de leur mère, nous devons essayer de déplacer les grands porcelets, car ils auront une plus grande capacité à s'adapter à leur nouvelle mère et à leurs nouveaux "frères et sœurs" que les petits porcelets ou les porcelets à faible viabilité.

Dans certains cas, s'il était nécessaire de déplacer les petits porcelets, il faudrait chercher une mère ayant des mamelles d'une taille appropriée pour eux et une production de lait plus élevée, ce qui leur permettrait de se développer correctement pendant la période de lactation.

Jusqu'à présent, nous avons discuté des règles de base pour décider si et quand procéder à des adoptions et à utiliser des nourrices.

Une fois la décision prise, la question est de savoir comment procéder. Dans l'article suivant, nous parlerons des différents systèmes dont nous disposons, des clés pour les mettre en œuvre et du coût que chacun d'entre eux peut supposer selon notre expérience.