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En octobre 2019, le prix d’achat de l’aliment pour porc charcutier était 240 €/T en France selon les estimations de l’IFIP. Une légère diminution du prix de l’aliment a été constatée depuis le début de l’année 2019 (-2%). La prévision de prix de l’aliment de l’IFIP est basée sur les prix anticipés des principales matières premières utilisées par les fabricants (céréales, issues de meunerie, tourteaux de soja, tourteaux de colza).
Prévision de prix du blé
Pour les céréales à paille, les cours ont baissé significativement à partir de février 2019 pour atteindre un plancher en septembre, suite aux récoltes dans l’hémisphère nord. Malgré la reprise de la production de blé en 2019 par rapport à 2018, les prix mondiaux ne devraient pas descendre plus bas. En effet, la demande internationale est dynamique. Le ratio entre le stock de fin de campagne 2019/20 et la consommation sur la même période est proche celui de 2018/19. Cela traduit un bilan mondial d’approvisionnement relativement fragile. Il est encore tôt pour prévoir l’évolution du prix du blé à partir de juin 2020. En France, si les conditions climatiques difficiles devraient conduire à une réduction de l’assolement en blé d’hiver de 5% par rapport la récolte 2019 selon le Ministère, la situation n’a pas été similaire partout dans le monde. En Russie (premier exportateur), les surfaces de blé d’hiver sont en hausse et il faudra atteindre plusieurs mois pour connaitre la sole totale puisque dans ce pays, comme aux Etats-Unis, une part conséquente des semis est réalisée au printemps. De plus, le climat à venir (et son impact sur les rendements) reste un déterminant majeur de la récolte 2020. Dans ce contexte encore entouré d’inconnues, le prix du blé retenu à partir de mi-2020 correspond à la moyenne des 3 campagnes précédentes, avec un effet « pression-récolte » durant l’été. La prévision du prix des issues de meunerie suit les mêmes hypothèses que pour celle du blé.
Prévision de prix des tourteaux
Du côté des tourteaux, les prix du tourteau de soja ont été relativement stables et sur un niveau faible en 2019 en raison de la baisse de la demande mondiale avec le développement de la fièvre porcine en Asie. Un regain de la demande asiatique est peu probable à court terme. Ainsi, l’hypothèse d’un prix du tourteau de soja (Montoir) similaire au début de l’année 2019 a été retenue pour la prévision de la fin 2019 et l’année 2020. La situation est un peu différente pour le tourteau de colza. Les prix sur le marché français ont baissé entre janvier et septembre 2019. La tendance devrait s’inverser fin 2019, la baisse des prix de cette matière première la rendant attractive par rapport au tourteau de soja. De plus, la récolte de graines de colza a été très faible en 2019 en France et en Europe. Pour le moment, les fortes importations de colza ukrainien permettent de maintenir l’activité européenne de trituration, et donc la production de tourteau, mais les disponibilités s’assèchent. Cela pourrait conduire à une hausse des cotations du tourteau de colza fin 2019 - début 2020, en particulier pour les filières non OGM. En effet, l’origine canadienne devrait prendre le relai de l’Ukraine pour approvisionner le marché européen en graine, mais le canola canadien (dénomination canadienne et australienne du colza) est OGM en très large partie.
Aliment pour porc charcutier : prix moyen inférieur en 2020
Ainsi, le panier des matières premières majoritairement utilisées pour la fabrication d’aliments pour porcs devrait connaitre une légère reprise fin 2019 et rester sur ce niveau de prix jusqu’à la moitié de l’année 2020, avant que les perspectives des nouvelles récoltes ne se dessinent.
A noter que les fluctuations des prix des matières premières qui entrent dans la composition des aliments porcins se répercutent à retardement sur le prix de l’aliment, avec un décalage minimal de 3 mois (gestion anticipée de l’approvisionnement des usines). En tenant compte de cet élément, le prix de l’aliment pourrait poursuivre sa baisse durant les derniers mois de l’année 2019, dans le sillage de la baisse des céréales de l’été. Une légère reprise est ensuite attendue début 2020. Pour le moment, et sauf dégât climatique majeur, le prix moyen de l’aliment en 2020 devrait être inférieur de 2% à celui de 2019. La répercussion de la baisse du coût matière sur les prix de l’aliment fini pourrait toutefois être atténuée par la très bonne conjoncture de l’élevage, entretenant un fort niveau de demande.
Manon Sailley,
économiste à l’IFIP
