La gestion de l'alimentation en lactation détermine dans une large mesure la réussite du cycle suivant (I). Facteurs liés à la consommation d'eau et à la période pré-lactation.

La truie moderne, fruit de décennies d'amélioration génétique, est sans aucun doute un animal exceptionnel. Sa capacité de reproduction est impressionnante : elle peut concevoir et mettre bas de grandes portées, les élever jusqu'au sevrage et revenir en chaleurs dans un court laps de temps. Cependant, ce potentiel n'est pas toujours atteint dans les conditions commerciales, où l'on observe une perte fréquente de performance. Parmi les facteurs déterminants, l'un des plus importants est la gestion de l'alimentation pendant la phase de maternité, avant et après la mise bas.

Les connaissances sur cet aspect générées au cours des dernières décennies ont été conditionnées par un facteur qui peut sembler mineur mais qui est d'une grande importance. Jusqu'à récemment, nous avons nourri les truies à notre guise ou, en d'autres termes, nous les avons nourries nous-mêmes, généralement en 2 ou 3 distributions d'aliments par jour, coïncidant avec les heures de travail de l'élevage (matin - début d'après-midi), indépendamment de la chaleur (l'été et l'hiver peuvent faire de grandes différences dans de nombreux pays) ou du fait qu'elles aient mangé tous l'aliment ou non, car les restes n'étaient pas toujours nettoyés entre une administration et l'autre, au lieu de leur donner la possibilité de se nourrir comme elles le souhaitaient. En outre, l'eau a été administrée selon différents critères, sans ligne directrice générale claire (à l'intérieur de la mangeoire ou dans un récipient séparé, avec ou sans trou de drainage dans la mangeoire, ou avec des débits différents dans les mangeoires, avec ou sans trou de drainage dans la mangeoire, ou avec des pipettes de différents débits…entre autres).

Ces dernières années, les connaissances sur le comportement naturel des animaux ont augmenté et, en même temps, ou peut-être à cause de cela, nous disposons d'outils qui nous permettent d'améliorer considérablement les procédés qui optimisent les résultats en maternité. Dans cet article, nous nous référerons à deux facteurs récemment décrits qui ont trait à la température de l'eau fournie et à la gestion de l'alimentation prépartum.

Récemment, Tajudeen et al, 2022 ont étudié l'impact de la température de l'eau sur les performances des truies et des porcelets, en comparant l'eau fraîche (15°C) à l'eau chaude (25°C). La consommation alimentaire des truies était 8,9 % plus élevée avec de l'eau fraîche, la perte de poids à la fin de la lactation était moins importante (2,7 %) et la perte de lard dorsal était également moins importante (3,1 mm de moins). L'impact sur la portée était également évident, avec des porcelets sevrés 5,3 % plus lourds (+321 g) et des portées 5,3 % plus lourdes (+3,19 kg de portée). L'expérience a été réalisée avec un sevrage à 21 jours, donc, à mon avis, avec des sevrages plus longs comme dans l'UE, il est très probable que ces différences s'accroissent.

En ce qui concerne la gestion de l'alimentation pendant la période prépartum, 7 jours avant le sevrage, des travaux récents de Gourley et al en 2020 montrent l'impact important de la façon dont nous alimentons pendant la période prépartum sur ce qui se passe après le sevrage. Le simple fait de diviser en deux repas au lieu d'un, même s'il s'agit d'une petite quantité comme celle utilisée quotidiennement par les auteurs (1,8 kg, graphique 1), réduit de manière significative le nombre de mort-nés de 8,6 à 5,6 %.

Il est encore plus intéressant de constater que l'administration de la ration journalière en 4 repas pendant le prépartum améliore à la fois la mortalité avant le sevrage et le retard des porcelets, quelle que soit la quantité administrée, comme le montre le graphique 2.

L'utilisation de systèmes d'alimentation de précision (photo 1) qui permettent une alimentation ad-libitum supervisée (dans une certaine fourchette, car l'alimentation ad libitum pure entraîne un gaspillage important d'aliments) avec la possibilité de nourrir en plusieurs fois et de laisser la truie décider de son mode d'alimentation, même pendant la période de mise bas, est très utile pour réduire le risque d'augmentation de la mortalité et de retard de croissance des porcelets.

Si nous prêtons également attention à la température de l'eau, en fournissant de l'eau aussi fraîche que possible et en évitant au moins les tuyaux ou les réservoirs au soleil, nous pouvons commencer à contrôler certains des facteurs de risque qui limitent les performances des truies modernes en maternité .

Dans le prochain article, nous passerons en revue d'autres facteurs qui ont un impact majeur sur la gestion de l'alimentation et de l'eau en maternité et qui déterminent les performances pendant cette période ainsi que pendant le cycle de production suivant de la truie.