Avant toute chose et aussi évident que cela puisse paraître, les stratégies médicamenteuses visant à gérer le plus efficacement possible les diarrhées néonatales ne seront toujours qu’un complément des approches zootechnique, hygiénique et alimentaire.
Cette revue sommaire des stratégies de traitement antibiotique des diarrhées pré et post-sevrage sera construite en fonction des différents pathogènes possiblement impliqués dans ce type de syndrome et de l’âge d’apparition de la pathologie. Les traitements les plus fréquents seront repris sur la base des expériences terrain et de la bibliographie.
1- Les diarrhées néonatales (de 0 à 7 jours)
a.
La colibacillose D’une manière générale, l’antibiorésistance ne pose pas de réel souci. Concernant les colibacilles, des résistances à certaines molécules de la famille des aminosides sont fréquentes. Le plus fréquemment, un antibiogramme pour ce germe est réalisé lors du diagnostic étiologique ce qui permet d’adapter sans risque la stratégie à mettre en place. b. Les clostridioses |
Il
n’y a pas de réel problème d’antibiorésistance
mais l’arsenal antibiotique thérapeutique est limité
aux familles d’anti-infectieux actifs sur cette famille de germe
et le choix de l’une ou l’autre d’entre elle se fera
en fonction de la pharmacocinétique
(tableau 1: antibiosensibilité des souches de Clostridium difficile).
En particulier, du fait du caractère non adhérent des clostridies
du type A, le recours à la voie parentérale ne permet pas
d’atteindre des quantités suffisantes de molécules
antibiotiques dans la lumière intestinale et le choix de la voie
orale semble ainsi plus judicieux. |
Tableau 1: antibiosensibilité des souches de Clostridium difficile | |
Sensibilité antimicrobienne de Clostridium difficile | |
Antibiotique | CMI 90 (μg/ml) |
Ceftiofur | >256 |
Erythromycine | >256 |
Tétracycline | 32 |
Tiamuline | 8 |
Tilmicosine | >256 |
Tylosine | 64 |
K. post et JG. Songer, 2002 |
Enfin, les porcelets affectés par une diarrhée virale (rotavirus ou coronavirus) ne pourront efficacement recevoir qu’un traitement symptomatique.
Les principaux traitements usités figurent dans le tableau 2 ci dessous.
Tableau
2. Traitements étiologique et symptomatique des diarrhées
néonatales |
||
Traitement étiologique | Traitement symptomatique | |
Colibacillose | Gentamycine,
Colistine ou fluoroquinolones par voie parentérale sur les porcelets
atteints en association avec de la colistine ou des aminosides par voie
orale. |
Pulvérisation
de désinfectant dans les cases atteintes. Réhydratant (électrolytes) par voie orale. |
Entérite nécrosante | Illusoire. |
|
Entérite à Clostridium perfringens type A | De succés variable, on utilise le plus souvent amoxicilline ou tiamuline par voie orale sur les porcelets atteints. |
Pulvérisation
de désinfectant dans les cases atteintes. Réhydratant (électrolytes) par voie orale. |
Entérite à Clostridium difficile | Traitement
associant la truie (avec tiamuline par voie orale avant et après
mise-bas et injectable le jour de la mise bas) et le porcelet (tiamuline
par voie orale). |
Pulvérisation
de désinfectant dans les cases atteintes. Réhydratant (électrolytes) par voie orale. |
Diarrhées virales | Aucun |
Pulvérisation
de désinfectant dans les cases atteintes. Réhydratant (électrolytes) par voie orale. |
2- Les diarrhées du porcelet allaité (7 jours-sevrage)
a.
La colibacillose Les traitements de l’infection colibacillaire à cet âge sont les mêmes que pour la forme néonatale. b. La coccidiose Les traitements curatifs sont inefficaces, seul le traitement symptomatique est utile (réhydratation, pansement intestinal). Le toltrazuril est l’unique traitement prophylactique efficace. |
|
3- Les diarrhées post-sevrage |
a.
La colibacillose Les antibiotiques efficaces sont les mêmes que pour les formes observées chez le porcelet allaité. La colistine est le plus souvent utilisé même si les rechutes sont courantes. Les aminosides semblent induire moins de rechutes mais leur coût est plus élevé. Fréquemment, la voie de traitement de prédilection est la voie orale. Les cas graves individuels seront traités avec des aminosides, des fluoroquinolones ou des céphalosporines. b. Les diarrhées chroniques à spirochètes Les spirochètes ont une sensibilité aux antibiotiques restreinte à quelques familles uniquement. Les antibiotiques, pour être complètement efficaces, doivent en outre atteindre le colon en concentration suffisante. A ces deux titres, les macrolides (lincomycine, tylosine, tiamuline) sont les plus souvent utilisés, les tétracyclines (chlortétracycline et doxycyline) dans une moindre mesure. La voie orale est la plus usitée. c. L’iléite A. Forme aïgue Pour les cas cliniques, la voie d’injection sera privilégiée et on utilisera des macrolides. La voie orale sera préférée pour les porcs infectés ne présentant pas encore de signe clinique. B. Formes chronique et sub-clinique Dans la lutte contre ces formes cliniques, il est nécessaire de comprendre la cinétique de la circulation du germe par exemple en réalisant un profil sérologique. Ensuite, différents protocoles utilisant la tylosine ou la lincomycine par voie orale pourront être mis en place et associeront l’un ou l’autre des points clé suivant : - traitement de fond des truies pendant 15 jours deux fois par an - traitement des cochettes à chaque livraison - traitement des truies pendant le séjour en maternité en continu - traitement des porcelets les 15 jours suivant le sevrage - traitement des porcelets 21 jours entre 42 et 70 jours d’âge - traitements ciblés à l’entrée en engraissement Les doses utilisées varient de 100 à 400 ppm pour la tylosine et de 44 à 220 ppm pour la lincomycine en fonction de la cible (truie adulte vs porcelet sevré, traitement d’attaque vs prévention de fond). d. L’ascaridiose Le cas le plus fréquent nécessite un traitement aux benzimidazoles à dose filée sur la fenêtre 40 à 55 jours d’âge. Dans les cas où la pression parasitaire est particulièrement élevée, deux traitements supplémentaires espacés de 5 semaines à l’entrée en engraissement sont efficients. |
Arnaud Lebret. Groupe Chêne Vert. France