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Atterrissage en douceur : sommes-nous arrivés sur un plancher stable ?

Après des mois et des mois, le prix espagnol a baissé pour s'aligner sur celui de ses partenaires de l'UE ; la cause en est la difficulté d'exporter vers les pays tiers, bien que les réductions des abattages en Europe centrale soient apparues comme une bouée de sauvetage.

La minuscule et pénible baisse d'hier sur le marché de référence espagnol (Mercolleida, deux millièmes d'euro) montre clairement que nous avons atteint un plancher dans le prix du porc en Espagne. Tout indique que le prix restera inchangé pendant quelques semaines. La fermeté de ce plancher dépendra de l'attitude des abattoirs pendant les fêtes de Noël. L'abattage pour congélation ne semble pas encore être une bonne option et la période des fêtes de fin d'année va entraîner des perturbations importantes dans les flux commerciaux de viande fraîche. Nous verrons si le prix actuel tiendra jusqu'en janvier ; il est probable que oui, mais un réajustement à la baisse n'est pas du tout exclu, c'est du moins ce que nous pensons.

Le prix espagnol a baissé pour s'aligner sur celui de nos partenaires de l'UE ; après des mois et des mois à un niveau plus élevé ; les difficultés d'exportation vers les pays tiers ont forcé ce réalignement avec notre environnement le plus proche. Nous avons dit à d'autres occasions qu'il n'est écrit nulle part que nos porcs doivent toujours être plus chers qu'en Allemagne. Le contraire est tout à fait possible et plausible. Restons calmes.

La situation actuelle du marché espagnol est confortable pour tous les acteurs, à l'exception des transformateurs ou des fabricants de charcuterie (nous soulignons depuis plusieurs mois les difficultés de ce maillon de la chaîne de production). L'offre est importante, mais les porcs trouvent sans difficulté des débouchés. L'éleveur est toujours en marge positive et l'abattoir a réussi à faire sortir la sienne des profondeurs abyssales dans lesquelles elle se trouvait au cours des quatre mois d'avril à juillet.

En ce mois de novembre, les abattages atteignent des niveaux records. Maintenant que la phase critique de l'incidence du SDRP est passée, cela fait des mois que les porcelets survivent à la maladie et que les porcs arrivent en très grand nombre à l'abattoir. En Espagne, aucune truie n'a été abattue, comme cela a été le cas dans de nombreux pays, de sorte que la capacité de production de porcs reste intacte.

La première semaine de décembre comporte deux jours férs. Nous pensons que cela aura très peu d'effet sur la fluidité du marché ; les abattoirs sont en mode accéléré et il ne devrait pas y avoir de retard significatif pour absorber les porcs de boucherie. Pour les abattoirs, il s'agit d'abattre le plus possible pendant le reste de l'année afin de diluer les coûts et de profiter des circonstances qui se présentent.

Le prix espagnol actuel (1,634 euros/kg vif départ élevage) reste peu ou très peu compétitif sur le marché mondial. Il se trouve qu'à l'intérieur des frontières de l'UE, nous bénéficions des énormes diminutions qui ont lieu en Europe centrale (Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Pologne... tous connaissent des baisses du nombre d'abattages de plus de 10 % en 2023 par rapport à 2022) et l'Espagne vend comme jamais auparavant à l'intérieur des frontières de l'Union européenne. On dirait qu'un alignement extraordinaire ou une conjonction astrale s'est produite au profit de l'élevage porcin espagnol. Voilà. Les choses en sont là pour le moment. Pour l'instant, l'UE est une "île privilégiée" en ce qui concerne le prix du porc, depuis la perspective du large monde.

Le manque d'abattages au sein de l'UE provoque certaines situations sans précédent : les filets et les colliers sont traditionnellement vendus à 98 % dans les limites de l'UE. Pour ces deux produits, il n'y a de stock nulle part et il y a un manque de produits frais à l'heure actuelle. Savoir jusqu'où le prix peut aller représente une véritable inconnue.

En ce qui concerne le marché mondial, nous devons mentionner que le rôle de notre principal concurrent est joué par les États-Unis. Le prix du porc y a chuté davantage et plus rapidement qu'en Europe. De l'équivalent de 1,62 euros/kg vif fin juillet à 1,06 début novembre. Une chute de près de 35 %, nettement plus importante que la baisse européenne. Au Canada, la baisse a été similaire. Il est clair que l'UE n'a pas gagné en compétitivité, mais l'a plutôt perdue ces derniers mois. Restons aux aguets.
La viande de porc espagnole doit plus que jamais être vendue - comme les circonstances l'exigent - dans les confins de l'UE.

Il ne fait aucun doute que cette année, le Brésil ravira à l'Espagne la troisième place parmi les plus grands producteurs de porcs au monde. Probablement (et sûrement) sans machine arrière possible. Le prix des animaux y oscille depuis des mois entre l'équivalent de 1,05 et 1,40 en vif. Actuellement, le prix brésilien moyen se situe autour de 1,23 euros/kg vif. Il est vrai que leurs coûts de production sont beaucoup moins élevés qu'en Europe.

La tenaille USA-Brésil nous écarte de l'Asie et nous oblige à nous concentrer sur des marchés proches et amis ; comme nous l'avons souligné plus haut, nous devons vendre principalement dans l'UE et quelques pays satellites. Telle est la réalité actuelle.

Nous abordons la fin de l'année avec confiance, nous ne sentons pas venir de turbulences majeures si ce n'est une certaine difficulté à fixer le prix. Beaucoup de porcs sont disponibles, tous sont abattus et tant l'éleveur que l'abattoir réalisent des marges positives. Les poids moyens des carcasses sont de loin les plus élevés de l'histoire, mais l'abattoir les accepte (plus le porc pèse de kg, plus les coûts unitaires sont bas). Dans le prochain commentaire, nous ferons le bilan de cette année si atypique.

Parmi les proverbes espagnols, il en est un qui, tout rebattu qu'il soit, n'en est pas moins vrai : "Après la pluie vient le beau temps".

Guillem Burset

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