Dans cette 2ème partie, le Dr JP Alno poursuit son exposé sur l'intérêt pour l'éleveur d'auditer l'hygiène de son élevage
L’efficacité du nettoyage – désinfection est fortement influencée par différents facteurs :
- Le personnel de l’élevage,
o Des études montrent une variabilité des résultats entre employés et entre employés et professionnels. |
- La conception des locaux,
o La hauteur des plafonds : trop hauts, ils sont peu accessibles au lavage, o La surface des murs devrait être lisse et non poreuse, o Le caillebotis fil (métallique) favorise la propreté des sols alors que le caillebotis en plastique est plus difficile à nettoyer, o Certains équipements sont difficiles d’accès pour le nettoyage : descentes de soupe, nourrisseurs et auges, recoins de cases de maternité … o La vidange et le lavage des préfosses sont deux étapes incontournables mais les difficultés d’accès constituent un point critique. En fosse profonde, une distance minimale de 0,70 mètre entre lisier et caillebotis est recommandée. |
- Les matériaux,
o La mouillabilité du plastique est inférieure à celle du métal, donc l’eau, le détergent ou le désinfectant adhérera moins bien, o Le degré de rugosité et de porosité influence la capacité du matériau à s’encrasser, o L’acier inoxydable est intéressant en raison de sa grande résistance à la corrosion et son aptitude au nettoyage et à la désinfection. |
- Les souillures,
o Elles sont principalement de type organique ; aussi l’utilisation de détergents alcalins semble plus indiquée. |
- Les produits de désinfection,
o Il faut utiliser un produit homologué à large spectre selon les procédures normatives européennes, autorisé dans le secteur d’activité de l’élevage. o Il est indispensable de travailler en respectant la dose de triple homologation (dose la plus élevée parmi les trois seuils d’action bactéricide, virucide et fongicide) préconisée par le fabriquant. o Une trop faible dose rend la désinfection inefficace et représente un risque de biorésistance, tandis qu’une trop forte dose entraîne une augmentation inutile des coûts. o Il est déconseillé d’associer plusieurs produits. Si une désinsectisation est envisagée, il faut s’assurer de la compatibilité entre l’insecticide et le désinfectant. o La nature de l’eau, la température, la concentration et le temps de contact sont autant de facteurs influençant l’efficacité des produits détergents et désinfectants. C’est ainsi que :
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Chacun en élevage doit se souvenir que l’optimisation de l’efficacité de la désinfection repose sur trois facteurs : la qualité du lavage, l’application sur les surfaces ressuyées et le respect des dosages. (4). |
Le contrôle de l’efficacité des opérations de nettoyage et de désinfection en élevage de porcs
Source: Techni Porc, Vol 26 , N°1 - 2003 |
C'est un moyen d’optimiser son résultat et de motiver le personnel d’élevage au respect des bonnes pratiques (5).
Cette étude de l’IFIP montre que la flore totale apparaît comme l’indicateur conduisant au nombre le plus important de colonies et de cellules fongiques et est aussi la plus discriminante. Par contre, près d’un tiers des sites notés visuellement « très propres » révèlent un nombre de colonies important. Des mesures réalisées avec les boites contact appliquées pendant 15 secondes sur les parois ont montré que :
- Les salles d’engraissement restent plus contaminées que celles de maternité ou de post sevrage,
- Les préfosses correspondent à des zones fortement souillées,
- Les sols et les nourrisseurs sont plus contaminés que les cloisons de séparation des cases et des murs,
- Le PVC est moins contaminé que l’inox ou le galva, eux-mêmes moins contaminés que le béton.
Pour obtenir une bonne image de la contamination résiduelle d’une salle, un nombre minimum de 10 prélèvements est nécessaire.
Ce qu'il faut retenir
« La maîtrise des opérations de nettoyage – désinfection nécessite donc des moyens méthodiques rigoureux. Chaque étape interférant sur la suivante, aucune d’entre elles ne doit être négligée. La motivation du personnel réalisant ces opérations, la prise en compte des caractéristiques propres à chaque élevage et la connaissance des bonnes pratiques (comme par exemple le calcul et le respect des quantités de produit nécessaires par salle) sont autant de facteurs-clés pour la réussite du nettoyage et de la désinfection » (3).
Une évaluation de l’efficacité du travail peut être réalisée par un contrôle par prélèvement sur boîtes contact, afin d’optimiser la pratique quotidienne et de valoriser un travail souvent fastidieux et difficile, (5) mais indispensable.
La seule ambition de ces pages est de vous aider à réfléchir et à mettre en place une procédure d’amélioration de la qualité hygiénique de votre élevage, c'est-à-dire à réaliser votre propre audit. De l’hygiène et de la conduite dépend l’état sanitaire du troupeau et donc les performances zootechniques et économiques de votre élevage.
Pour vous aider dans cette démarche qui sera un des éléments clés de la nouvelle réglementation européenne relative aux salmonelles, l’ITP (actuelle IFIP) a mis au point une grille d’audit du nettoyage – désinfection (6).
Bibliographie
(1) FOURCHON P, LE QUERE V, LANDRAIN B – Atout Porc Novembre 1999, n° 365-44 Pages 24-27
(2) GUYOMARC’H C. – Atout Porc Bretagne – Mai 2005, n° 28 Pages20-21
(3) CORREGE I, CORNOU C – Techni Porc, Vol 25, n°4, 2002 – Pages16-24
(4) CORREGE I, CORNOU C, ROUSSEAU P – Techni Porc, Vol 25, n°6, 2002 Pages19-31
(5) CORREGE I, Techni Porc, Vol 26, n°1, 2003 Pages19-26
(6) CORREGE I, Techni Porc, Vol 29, n°1, 2006 Pages23-28