Avril : situation de compromis
La situation actuelle du marché espagnol doit être qualifiée de situation de compromis. En effet, l'impulsion haussière de Février s'est épuisée immédiatement après l'arrivée au premier rang du podium européen des prix par pays.
Les dernières et successives répétitions démontrent bien que nous sommes dans une situation de compromis : l'abattoir ne peut pas concéder un centime de plus sans se trouver en zone de pertes (légères ou modérées en fonction de son efficacité) et l'éleveur est bien conscient de cela. La prudence conseille la modération.
Monter le prix maintenant signifie prendre le risque d'une réduction des abattages et donc un rebond à la baisse; baisser le prix maintenant est inimaginable alors que l'extraordinaire capacité d'abattage installée en Espagne absorbe largement l'offre hebdomadaire (dans quelques rares cas, il reste une demande non satisfaite) et le stock de cheptel vif est maintenu une grande facilité.
Les grands opérateurs (dans une inhabituelle démonstration consensuelle) pensent que nous enchaînons toute une série de répétitions consécutives (incluant la Semaine Sainte) jusqu'à mi-Mai; à partir de ce moment, la courbe du prix devrait évoluer comme tous les ans vers le haut jusqu'à la fin de l'été. Nous croyons que le chemin de la hausse se situe entre 10 et 18 centimes / kg vif.
Le prix actuel analysé en lui-même et en faisant abstraction de toute autre considération est fort et devrait être correct. Il n'en est pas ainsi.
Les matières premières sont chères, l'énergie monte chaque jour et notre planète est plus perturbée que de normal dans des lieux stratégiques (Lybie, Japon...) : il y aura des répercussions importantes (mise en cause du nucléaire, flux du pétrole, désert radioactif au Nord du Japon) qui toucheront tous les continents sans discrimination. Sous quelle forme tout cela affectera-t-il la filière porcine espagnole ? On ne dispose malheureusement pas de boule de cristal même s'il ne semble pas aventureux d'affirmer que notre grande dépendance énergétique et en céréales nous rend plus sensibles, tout cela présageant de difficultés. Il nous reste seulement à penser que nos voisins européens partageront de tels inconvénients et que des dizaines de millions de consommateurs au Japon refuseront de manger la viande autochtone...
Le passé n'est rien de plus que le prologue du futur (William Shakespeare).
Le 1er Avril 2011
Guillem Burset |