Blé : récolte 2023 satisfaisante pour les 3 principaux producteurs et exportateurs : l’Union européenne, la Russie et les Etats-Unis
Avec 791 Mt, la production mondiale est en légère hausse par rapport à 2022 (+0,3 %). Dans l’hémisphère sud, les résultats ont été mitigés. Si la production argentine a progressé de 3,3 Mt /2022 (15,9 Mt), elle reste inférieure aux niveaux depuis 2018. Après son excellente récolte 2022, l’Australie accuse un recul avec seulement 26 Mt récoltées à cause de conditions climatiques défavorables. Bien qu’en recul par rapport aux 2 précédentes campagnes, la récolte européenne a été satisfaisante avec 132,5 Mt produites. En France, la production a progressé grâce à une surface et un rendement en légère hausse. Le commerce international a été marqué par la Russie qui a exporté des volumes considérables : avec 55 Mt exportées, elle a dominé le marché du blé. Grâce à des prix à l’export compétitifs, la Russie a imposé une forte concurrence aux autres exportateurs notamment européens, qui ont dû tirer leurs prix à la baisse pour capter une demande peu dynamique. Cette course à la compétitivité a pesé sur les cours. Sur les marchés américain et européen, les cotations sont descendues à des niveaux plus atteints depuis 2020, entrainant les marchés physiques. Sur 2023-2024, le blé fourrager rendu Ille et Vilaine s’est échangé à 215,4 €/t en moyenne, soit une baisse de 27 % / 2022-2023.
Maïs : record de productions mondiale (1 224 Mt, +6 % /2022) et américaine (389,7 Mt)
Le bilan a été excellent sur le continent américain. Seul le Brésil a enregistré un recul. Avec 122 Mt récoltées, le producteur sudaméricain reste au-dessus de sa moyenne quinquennale (+8 %). Après sa désillusion de l’an passé, l’Argentine a regagné sa place aux côtés des grands producteurs avec une production de 50 Mt. En Europe, la production de maïs s’est redressée après une récolte 2022 moyenne. Avec 62,7 Mt récoltées, elle passe au-dessus de la moyenne quinquennale. Le marché américain a souffert de la concurrence sudaméricaine compétitive par ses prix à l’export. Le Brésil renforce ses parts de marché auprès de la Chine. Les producteurs américains ont rencontré des difficultés pour écouler leurs stocks ce qui a conduit à une baisse des cours sur le marché de Chicago (-74,8 $/t /2022-2023). Ces éléments ont pesé sur le marché européen Euronext : le maïs y a perdu presque 50 €/t en moyenne sur 2023-2024 / 2022- 2023.
Colza : production mondiale stable (89,4 Mt / 88,9 Mt en 2022)
Les volumes produits au Canada (canola) et au sein de l’Union européenne ont légèrement progressé (de +1,8 % et +1,9 %). Le cours du tourteau de colza est influencé par les marchés du soja, le prix du canola canadien, le prix du pétrole, le prix des huiles végétales, et est donc volatil. Sur le marché français, le prix du tourteau de colza a reculé de 13 % / 2022-2023, avec un prix annuel moyen de 317 €/t (365 €/t en 2022-23).
Tournesol : récolte en progression grâce au bassin mer Noire
La Russie et l’Ukraine ont assuré près de 60 % de la production mondiale de tournesol. En Europe, les 3 principales cultures d’oléoprotéagineux ont légèrement progressé. En France, les cultures de soja, colza et tournesol ont reculé respectivement de 9,6 %, 0,7 % et 0,9 % / 2022-2023. Sur le marché français, le cours du tournesol a suivi de près celui du colza.
Soja : récolte exceptionnelle (391,1 Mt, +9 % /moy. 5 ans)
Si l’Amérique du Sud a connu des difficultés en début de cycle, les résultats ont finalement été bons. La production brésilienne a été supérieure à la moyenne (+12 %). Celle-ci est tirée par une demande locale importante liée à la croissance de la production porcine domestique. L’activité à l’export du Brésil est aussi motrice pour sa production de soja, avec 105 Mt de graines exportées (+10 Mt/2023) et 22,4 Mt de tourteaux (21,3 Mt /2023). L’Argentine a retrouvé ses niveaux de production habituels avec 49,5 Mt récoltées (+18 % /moy. 5 ans). Les Etats-Unis ont aussi enregistré une belle récolte avec 113,3 Mt, alimentant une activité de trituration dynamique portée par la demande en huile de soja destinée aux biocarburants. La demande internationale est restée calme. L’activité à l’import de la Chine, 1er importateur mondial de soja, a été peu dynamique, contrainte par un contexte économique difficile. Ce léger déséquilibre entre offre et demande a conduit à un alourdissement des stocks (+8,3 % /2022-2023). Fin 2023, les cours du soja étaient orientés à la hausse, soutenus par le contexte climatique et politique. Les travaux d’emblavement au Brésil ont été contraints par des conditions météorologiques défavorables qui ont inquiété les opérateurs. En Argentine, l’élection de Javier Milej et sa volonté d’abolir les taxes à l’export ont incité les producteurs de soja à faire de la rétention à la vente, ce qui a soutenu les cours localement. En 2024, les cours se sont engagés dans une baisse retrouvant, comme pour les céréales, des prix d’avant crises. L’amélioration des conditions de culture au Brésil, les bonnes perspectives de récolte et le ralentissement de la demande chinoise ont pesé sur les cours. Les producteurs américains ont eu des difficultés à écouler leur production face à la concurrence sudaméricaine compétitive. Le stock américain de soja a atteint son plus haut niveau depuis 4 ans (+28 % / 2023), ce qui a pesé sur les cours mondiaux. La production de soja sur le sol européen a progressé de 2,3 % / 2022-2023, mais reste anecdotique avec 2,8Mt produites. La question de l’autonomie protéique européenne reste un enjeu avec des volumes importés qui ne faiblissent pas. Les importations européennes de tourteaux de soja se sont stabilisées autour de 16,5 Mt et sont quasi exclusivement destinées à l’alimentation animale. Les marchés européens sont donc directement liés à l’évolution des cours américains. Le prix du tourteau de soja sur le marché français a ainsi enregistré une forte baisse dans le sillage du tourteau à Chicago. Il a perdu 70 €/t par rapport à 2022-2023 avec une moyenne annuelle à 481€/t.