Introduction
Depuis l’épidémie de diarrhée épidémique porcine (DEP) en Amérique du Nord, les chercheurs ont démontré la présence et l’infectiosité du DEPV dans les aliments, la survie des coronavirus dans divers ingrédients (Trudeau et al 2017) et la transmission de la DEP des États-Unis au Canada par l'importation de matières premières d'origine porcine (Dee et al 2018). Récemment, la survie de multiples virus dans les matières premières pour l'alimentation du porc a été démontrée. En raison de ces observations en Amérique du Nord, des plans ont été élaborés pour réduire le risque de transmission des maladies du porc et l'objectif de cet article est de décrire les mesures les plus récemment développées.
Les virus comme contaminants de l'aliment
En termes de risque de transmission de maladies porcines, le type de génome a des implications sur la survie des virus dans le milieu ambiant et sur l'efficacité des traitements pour inactiver le virus. L'utilisation de la chaleur pour inactiver les bactéries et autres agents pathogènes est courante dans les aliments et le meilleur moyen de caractériser les virus consiste à utiliser les cinétiques d'inactivation (tableau 1).
Tableau 1. Caractéristiques des virus d'intérêt en Amérique du Nord en tant que contaminants de l'aliment
Virus | Famille | Génome | Enveloppe | Impact1 | Survie2 | Résistance à la chaleur 3 |
---|---|---|---|---|---|---|
Fièvre aphteuse | Picornaviridae | ssRNA, + | No | 9,0 | 12/14 | D50 = 732-1,275 s D80 = 2 - 6 s |
Peste porcine africaine | Asfaviridae | dsDNA, + | Si | 8,3 | 10/14 | D48 = 638 s |
Peste porcine classique | Flaviviridae | ssRNA, + | Si | 7,7 | 0/14 | N/A |
Diarrhée épidémique porcine | Alphacoronaviridae | ssRNA, + | Si | 5,7 | 5/7 | D120 = 1,020 s |
1 Classement des principales maladies virales en Amérique du Nord: 1 = moins importante et 9 = plus importante (https://www.swinehealth.org/swine-disease-matrix/).
2 Survie prouvée dans 14 ingrédients (Dee et al., 2018).
3 Données obtenues auprès de (Knight et al., 2013) et (Trudeau et al., 2017c; Trudeau et al., 2017a). La valeur "D" est le temps nécessaire pour réduire la concentration de l'agent pathogène dans une unité logarithmique (90%) à la température indiquée dans l'indice.
Les travaux effectués jusqu'à présent ont montré que les virus peuvent survivre dans les ingrédients et l'aliment fini pendant un temps suffisant pour infecter les animaux d'un pays à l'autre. Cependant, il faut se rappeler qu’il existe une grande différence entre un contaminant et le risque. Le contaminant (ou le danger = the hazard en anglais) est l'agent pathogène capable de nuire aux animaux; tandis que le risque est la probabilité que l'événement se produise. La figure 1 montre qu'un requin est un danger, mais que l'observateur n'est pas en danger lorsqu'il se trouve sur la plage. D'autre part, vous serez en danger lorsque vous serez exposé au requin dans la mer. Dans ce contexte, il a été démontré que les virus survivent dans les aliments pour animaux. Toutefois, la présence de virus dans la chaîne d'approvisionnement en ingrédients n'a pas été démontrée.
Évaluation de la chaîne d'approvisionnement en vitamines
Le Centre d'épidémiologie et de transmission des maladies du Département de l'Agriculture des États-Unis a réuni un groupe d'experts en analyse de risque afin d'évaluer la possibilité que le virus pénètre aux États-Unis de plusieurs manières. Le groupe d'experts a classé le risque d'introduction de la peste porcine africaine (PPA) comme négligeable (il ne se produira presque jamais) à risque modéré (possibilité égale de survenir et de ne pas se produire). Cependant, ces experts cataloguent le risque avec une grande incertitude en raison du peu d’informations disponibles. En raison de ces incertitudes, les vétérinaires et les producteurs de porcs aux États-Unis ont appelé à la mise en œuvre de programmes d'assainissement de l'environnement et de biosécurité, tant dans les usines de production d'aliments que dans la chaîne d'importation des produits.
Tableau 2. Résumé des voies d'introduction de la peste porcine africaine aux États-Unis d'Amérique (Services vétérinaires USDA-APHIS)
Voie | Porcs vivants | Aliments (origine animale) | Aliments (origine végétale) |
---|---|---|---|
Légale | Négligeable avec peu d'incertitude | Faible à modéré avec grande incertitude | Négligeable à modéré avec grande incertitude |
Illégale |
Négligeable à faible avec incertitude modérée |
Négligeable à faible avec grande incertitude | Faible avec grande incertitude |
La grande majorité des vitamines sont produites en Chine et, en fonction de la vitamine, il est presque impossible d'obtenir les volumes nécessaires pour nourrir les porcs aux États-Unis sans utiliser de vitamines en provenance de Chine. Des scientifiques de l’Université du Minnesota ont donc rencontré des producteurs de porc, des fabricants et des fournisseurs de vitamines pour l’alimentation animale. Les vitamines sont produites dans des usines de production avec des normes de sécurité alimentaire strictes, des programmes de bonnes pratiques de production et des certificats de qualité de tierces parties. Ces vitamines sont transportées dans les pays de destination sous forme pure sans mélange avec d'autres ingrédients excipients. Les vitamines comme la vitamine A constituent une exception, car elles doivent être mélangées à de la gélatine et du chlorate de choline, ce qui nécessite l'utilisation de maïs. Les fournisseurs de vitamines reconnaissent qu'elles sont en transit et sous la supervision de fournisseurs pendant plus de 120 jours, ce qui laisse suffisamment de temps pour l'inactivation du virus Seneca Valley et couvre également les temps de conservation minimaux des ingrédients recommandés par les producteurs de porcs. Toutefois, sur le marché mondial, il existe des fournisseurs et des revendeurs de vitamines dont la capacité de connaître l’origine des produits importés est limitée.
Ce résumé est le résultat d'une réunion entre producteurs de vitamines et producteurs de porc. Il constitue un exemple de collaboration entre l'industrie de l'alimentation animale et les producteurs de porcs pour établir ensemble des mesures de biosécurité. Le document complet peut être consulté ici (pdf).