Description de l'élevage et appel de l'éleveur
Description de l'élevage
Il s'agit d'un élevage post-sevreur + engraisseur situé dans le Perche, zone à faible densité porcine.
Porcs ¾ Piétrain, vendus à 120 kg de poids vif.
Conduite 3 semaines.
Les porcelets proviennent d'un seul élevage de naissage (200 truites), situé à 20 km, sevrage 28 jours.
L'élevage est divisé en 3 postes:
- Un sevrage de 280 places sur caillebotis intégral, nourrisseurs à sec.
- Un pré-engraissement de 550 places sur caillebotis intégral, nourrisseurs à sec.
- 3 bâtiments d'engraissement de 2000 places sur paille avec nourrisseurs à sec et un abreuvoir par case de 30 porcs.
Eau de forage potable.
Aliment fabriqué à la ferme à l'exception du 1er âge.
Plan
de masse |
Plan de prophylaxie
- 1er âge supplémenté avec colistine, tylosine, flubendazole
- Vaccination : Stellamune® Mono-dose par le naisseur.
Appel de l'éleveur :
L'éleveur me demande d'intervenir dans l'élevage parce que les porcs ont du mal à se lever et boitent en engraissement à partir de 60 kg et les injections antibiotiques (amoxicilline, florfénicol) ainsi que les injections de vitamine E sélénium sont inefficaces .
Visite de l'élevage et mesures conseillées
Visite de l'élevage
Après l'appel de l'éleveur, j'ai effectué cette visite en Février 2006
Post-Sevrage
Sur la dernière bande, il y a eu un épisode de diarrhée colibacillaire ayant entraîné 5% de mortalité.
Il y a de l'épidermite exsudative sur 30% des porcelets 10 jours après leur arrivée.
Pré-Engraissement
Les animaux présentent une bonne croissance, et il n'y a pas de mortalité.
Engraissement
7 à 8 % des porcs à partir de 60 kg présentent des difficultés à se lever, certains présentent bien une boiterie.
La température des animaux malades est normale.
Les animaux qui présentent ces troubles locomoteurs finissent par dépérir et l'éleveur doit les euthanasier.
Les injections de Vitamine E Sélénium sont sans effet.
L'éleveur qui vend la charcuterie à la ferme se plaint de sa génétique qui donne une viande un peu pâle et exsudative.
Epidermite
exsudative chez les porcelets en PS |
Difficultés
pour se lever et se déplacer |
Mesures conseillées en l'attente de données complémentaires
1) Contrôler la quantité d'eau consommée par les porcs en engraissement et installer un deuxième abreuvoir par case.
2) Organiser une visite d'élevage chez le naisseur notamment pour les aspects d'épidermite exsudative et de diarrhée colibacillaire.
3) Essayer de traiter les porcs qui présentent des troubles locomoteurs avec lincomycine injectable pendant 3 jours.
4) Vérifier la teneur en vitamine E sélénium de l’aliment.
Hypothèses diagnostiques et analyses complémentaires
Les problèmes locomoteurs s'accentuent rapidement dans l'élevage et les injections de lincomycine sont inefficaces.
A l'abattoir des saisies ont lieu au niveau des grassets et des hanches.
Des articulations non ouvertes sont prélevées à l'abattoir et envoyées au laboratoire d'analyse.
Analyses des articulations
Les conclusions du laboratoire sont les suivantes :
Autopsie:
Bactériologie :
Hypothèses
A ce stade, il est nécessaire de n’écarter aucune hypothèse.
Les hypothèses retenues pour expliquer ce problème locomoteur sont :
|
Un lot de 5 porcelets vivants est envoyé au laboratoire, un animal de 100 kg, un de 40 kg et 3 de 30 kg.
- 3 animaux présentent une paralysie du train arrière (position assise)
- 4 animaux sur 5 présentent une adénite généralisée et 3 sur 5 des plaques de Peyer très marquées. Les ganglions mésentériques de tous les animaux sont hypertrophiées
- 2 animaux présentent du liquide synovial en quantité importante au niveau des articulations ainsi qu'une ulcération du calcanéum
- 1 porc présente des suffusions hémorragiques au niveau du myocarde.
La bactériologie est décevante, juste une Pasteurella multocida est isolée sur un animal présentant une pneumonie.
Des prélèvements sont envoyés en histologie :
- néphrose
et néphrite interstitielle d'importance différente suivant
le sujet, - petite lésion de la moelle épinière sur un sujet pouvant être d'origine virale, - pneumonie d'allure virale avec bronchite sur un sujet |
Des prises de sang réalisées sur des animaux présentant des troubles locomoteurs sont réalisées à l’élevage pour recherche PCR de Circovirus de type 2. Les résultats sont tous négatifs.
Conclusion
Il ne s’agit pas d’arthrites bactériennes et les échecs de traitement aux macrolides nous laissent penser qu’il ne s’agit pas non plus d’arthrites à mycoplasme .
On peut également écarter un passage de circovirus de type 2 .
Diagnostic et évolution
Diagnostic
Finalement, c’est une erreur de fabrication du CMV qui est à l’origine du problème, le fabricant n’a pas mis de vitamine E sélénium dans le concentré minéral et vitaminique! C’est le nutritionniste qui s’en est aperçu en contrôlant l’aliment. Une correction du CMV avec une cure corrective de vitamine E sélénium a permis de retrouver une situation normale rapidement en engraissement.
Cohérence du diagnostic
Cette explication est cohérente avec tout ce qui a été observé :
Concernant les problèmes en PS
Les problèmes d’épidermite ont été réglé suite à la visite chez le naisseur en revoyant la coupe des dents des porcelets à la naissance. Les problèmes de diarrhées ont été réglés en travaillant l’alimentation du porcelet et en modifiant la formule antibiotique du premier âge.
Il n’y avait pas de lien entre les troubles locomoteurs et les problèmes observés en sevrage.
Commentaires
Il s’agit d’un cas de carence en vitamine E Sélénium dans l’aliment de porcs charcutiers en engraissement ayant entraîné des troubles locomoteurs. L’analyse de ce cas permet d’évoquer 3 choses :
L’observation des animaux est importante car dans ce cas le symptôme principal était bien la difficulté à se lever. Lors de la visite au début du problème les signes cliniques étaient moins marqués et les saisies à l’abattoir orientaient vers un problème d’arthrites.
La piste de la carence en vitamine E a été bien prise au départ mais le délai pour faire l’analyse et les commentaires de l’éleveur sur les injections de vitamine E nous ont amené à partir sur d’autres hypothèses. On est à la limite entre le nutritionnel et le médical et dans ce cas il est important de pouvoir travailler en synergie. L’intervention un peu tardive du nutritionniste pour analyser l’aliment à fait perdre du temps.
Il est intéressant de noter dans ce cas que les analyses de labos sont cohérentes avec l’origine du problème ce qui est toujours rassurant! Les autopsies réalisées au laboratoire d’analyse ont bien mis en évidence des suffusions hémorragiques dues à la carence en vitamine E mais seulement sur un sujet.