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Comment fonctionnent les vaccins contre le PCV2 ?

Malgré l'absence de réaction sérologique consistante, les animaux vaccinés se comportent d'une façon totalement différente des non vaccinés dans les conditions du terrain. L'article explique pourquoi ils offrent une protection.

27 Janvier 2016
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Artícle

PCV2 vaccination induces IFN-γ/TNF-α co-producing T cells with a potential role in protection. Hanna C Koinig, Stephanie C Talker, Maria Stadler, Andrea Ladinig, Robert Graage, Mathias Ritzmann, Isabel Hennig-Pauka, Wilhelm Gerner and Armin Saalmüller. Veterinary Research 2015, 46:20. DOI 10.1186/s13567-015-0157-4

 

Qu'étudie-t-on ?

Dans le monde entier, on utilise des vaccins pour contrôler le PCV2 mais, cependant, on ne comprend pas totalement comment ils induisent une réponse immunitaire protectrice ni quels paramètres immunologiques sont corrélés avec cette protection. Fréquemment, on détecte une virémie chez les animaux séropositifs démontrant que les anticorps ne sont pas protecteurs par eux-mêmes. Les anticorps neutralisants semblent être importants pour le contrôle du virus. On connaît encore moins la réponse cellulaire immunitaire que génère la protection. L’objectif de cette étude a été de trouver un indicateur de la protection contre le PCV2.

 

Comment l’étudie-t-on ?

Pour cette étude expérimentale on a utilisé 24 porcelets dans l’unité d’isolement de la faculté vétérinaire de l’université de Vienne. Au début de l’essai on a divisé les porcelets de 21 jours de vie en 4 groupes de traitement (6 animaux par groupe) :

  • Groupe 1 témoin : non vaccinés, non infectés
  • Groupe 2 : infectés par voie intra nasale avec le PCV2 à 49 jours d’âge
  • Groupe 3 : vaccinés (vaccin sous-unitaire contre le PCV2 avec un polymère aqueux comme adjuvant) à 25 jours de vie.
  • Groupe 4 : vaccinés (vaccin sous-unitaire contre le PCV2 avec un polymère aqueux comme adjuvant) à 25 jours de vie et infectés par voie intra nasale à 49 jours de vie.

On a prélevé des échantillons de sang à 21 jours de vie (arrivée), à 25 jours de vie (avant la vaccination), à 49 jours de vie (avant le challenge) et à 53, 60, 67 et 80 jours de vie. Tous les animaux ont été euthanasiés à 81 jours de vie.

 

Quels sont les résultats ?

On n’a pasobservé de signe clinique de PCV2 sur aucun des animaux étudiés. Seuls les animaux du groupe de traitement 2 (non vaccinés, infectés) ont développé une virémie après l’infection. Cela  montre, d’une part, que le modèle d’infection a fonctionné et d’autre part, que le vaccin a été efficace pour contrôler le virus dans le groupe 4 (vacciné, infecté).

On a fait de la sérologie avec un test qui distinguait IgM et IgG. Sur les 24 porcs, 12 étaient séropositifs à l’arrivée. Il s’agissait probablement d’anticorps maternels. A 49 jours d’âge 5 des 12 animaux vaccinés étaient séropositifs. Cette séroconversion a été considérée comme induite par le vaccin. Après l’infection, tous les animaux des groupes 2 et 4 ont séroconverti. Cependant, les animaux du groupe 4 (vaccinés, infectés) ont séroconverti plus rapidement que ceux du groupe 2 (non vaccinés, infectés). De plus, ils ont répondu majoritairement en IgG par rapport à la réponse plus élevée d’IgM que le groupe 2 a eue (non vaccinés, infectés).

On a déjà décrit précédemment que la diminution du virus chez les porcs infectés coïncide avec l’apparition de cellules sécrétrices d’ IFNγ comme un indicateur de la réponse cellulaire contre le PCV2. Cette étude montre que le vaccin utilisé induit des cellules T-helpers multifonctionnelles, ce qui pour d’autres pathogènes semble être un bon indicateur de réponse cellulaire immunologique protectrice. Dans le groupe 2 (non vaccinés, infectés) l’apparition de ces cellules coïncide avec le changement du type d’anticorps d’IgM à IgG. Cela renforce l’idée que les cellules T-helpers multifonctionnelles sont critiques pour la réponse immunitaire protectrice contre le PCV2. La vaccination induit aussi des cellules T- mémoire.

 

Quelles conclusions tire-t-on de ce travail ?

Le résultat de ce travail montre que les anticorps ne sont pas un bon indicateur de protection contre le PCV2. Bien que le vaccin n’induise pas une séroconversion claire, les animaux vaccinés ont montré une protection après la vaccination. Le fait que les porcs vaccinés répondent initialement avec des IgG (réponse secondaire) alors que les non vaccinés ont présenté en premier des IgM (réponse primaire), pourrait être utilisé sur le terrain comme indicateur chez les porcs qui ont été vaccinés avec le même vaccin utilisé dans cette étude. Mais pour le faire, il est crucial de déterminer le temps d’exposition au PCV2.

La vaccination induit des cellules T- mémoire. Cela renforce et explique pourquoi une seule vaccination comporte une immunité de durée relativement longue.

La découverte de cellules T-helpers multifonctionnelles comme indicateur potentiel de protection après la vaccination peut aider à comprendre comment fonctionnent les vaccins contre le PCV2 : le vaccin induit une forte réponse cellulaire qui renforce et entraîne une réponse d’anticorps après l’exposition.

 

Enric MarcoLa vision du terrain par Enric Marco

Les problèmes de MAP qui avaient occasionné tant de pertes économiques à la filière sur la première décennie de ce siècle, ont été solutionnés avec l’arrivée sur le marché des vaccins contre le PCV2. Personne n’imaginait qu’un vaccin puisse être aussi efficace ! Comme l’a dit un producteur : « Depuis la vaccination contre la maladie d’Aujeszky, c’est probablement le vaccin le plus efficace qui est arrivé sur le marché ». Cependant, la circovirose continue d’être une maladie qui continue à générer des interrogations et l’une d’entre elles est comment interpréter les tests sérologiques que l’on utilise en routine pour connaître quelle est la dynamique de la maladie et vérifier le bon fonctionnement des mesures prophylactiques établies. La première surprise avec l’arrivée des vaccins contre le PCV2 a été de vérifier que tous ne généraient pas une réponse immunitaire après leur application ou au moins, pas assez constante et ce type d’arguments a été utilisé pour renforcer quelques produits face à d’autres. Cependant, avec le temps, on a tous appris à ne pas donner de valeur à cette information en vérifiant que, malgré l’absence de réaction sérologique post-vaccinale consistante, les animaux vaccinés se comportaient de façon totalement distincte par rapport à ceux non vaccinés en condition de terrain.

L’article explique pourquoi les vaccins offrent une protection, concrètement pourquoi ils sont capables de générer une immunité cellulaire importante pouvant même de limiter la réplication totalement (comme dans l’article) ou partiellement comme cela arrive habituellement. Et de plus, il nous apporte une information importante pour interpréter les résultats des analyses habituellement utilisées comme le sont la détection des IgG et des IgM spécifiques. Dans le cas d’animaux vaccinés, le vaccin peut générer une augmentation transitoire et faible des IgM (à 3 semaines après vaccination) et des IgG, même sur une petite proportion d’animaux. Cependant, quand les porcs vaccinés s’infectent avec le virus de terrain l’augmentation des IgG est beaucoup plus claire. En définitif, ce type de tests est utile pour suivre la dynamique d’infection mais ils ne sont pas un outil intéressant pour vérifier si la vaccination a été faite correctement.

Malheureusement, nous n’avons pas encore de techniques disponibles qui permettent de façon aisée et économique de suivre la réponse immunitaire cellulaire et concrètement celle spécifiquement responsable de la production d’INF-γ qui dans ce cas semble directement en relation avec la diminution de la charge virale.

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