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Comment les antiinflammatoires administrés aux truies affectent le porcelet

Enric Marco évalue une étude sur l'utilisation d'antiinflammatoires chez les truies pendant la mise-bas pour tenter de diminuer la mortalité et augmenter le poids des porcelets au sevrage.

26 Août 2016
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Artícle

E Mainau, D Temple, X Manteca. Experimental study on the effect of oral meloxicam administration in sows on pre-weaning mortality and growth and immunoglobulin G transfer to piglets. Preventive Veterinary Medicine 126 (2016) 48–53

 

Qu’étudie-t-on ?

Dans cet article on recherche l’effet de l’utilisation orale du meloxicam chez les truies pendant le post-partum. L’objectif principal est de rechercher l’effet sur le transfert de l’IgG aux porcelets, sur la mortalité et sur la performance des porcelets.
 

Comment l’étudie-t-on ?

On a affecté 30 truies multipares à un lot traité avec du meloxicam ou avec un placebo. Les traitements ont été appliqués immédiatement après le début de la mise-bas et on a calculé le nombre de nés-vivants, le nombre de mort-nés et momifiés et le nombre de sevrés. Pendant la lactation, on a enregistré le nombre de traitements par truie et la mortalité chez les porcelets. On a pesé les porcelets à la naissance et au sevrage et on a calculé le gain moyen quotidien (GMQ). On a prélevé des échantillons de sang sur 4 porcelets de chaque truie à 1, 2 et 20 jours d’âge pour analyser les IgG.

 

Quels sont les résultats ?

Le meloxicam oral administré au début de la mise-bas a donné des porcelets significativement plus lourds au sevrage et avec un meilleur GMQ. Les porcelets nés de truies traitées avec du meloxicam oral ont gagné en moyenne 19 g/jour de plus jusqu’au sevrage. Les niveaux d’IgG chez les porcelets de truies traitées avec du meloxicam ont été significativement plus élevés sur les jours 1 et 2 de vie par rapport aux porcelets de truies traitées avec du placebo. Il n’y a pas eu d’effet significatif sur la mortalité avant sevrage.

 

Quelles conclusions tire-t-on de ce travail ?

Les traumatismes et l’inflammation associés à la mise-bas et la dystocie ont un impact négatif sur la santé, le bien-être et la performance des animaux de production. Une ingestion précoce et suffisante d’immunoglobulines est un facteur essentiel pour la croissance et la survie puisque les porcelets nouveau-nés n’ont presque pas de réserves corporelles. La structure du placenta de la truie empêche le transfert des anticorps avant la mise-bas. La protection maternelle comprend l’immunité humorale systémique principalement par les IgG transférés pendant les 36 premières heures de vie.

Même s’il est bien connu que le meloxicam oral ait un bénéfice sur les truies en diminuant la septicémie et la toxémie puerpérale (syndrome de la Mastite-Métrite-Agalaxie, MMA), l’effet indirect sur les porcelets n’était pas clair.

Cette étude démontre clairement que l’administration orale du meloxicam autour de la mise-bas comportait quelques niveaux significativement plus élevés d’IgG chez les porcelets pendant les 48 premières heures de vie, ce qui permettait une meilleure croissance jusqu’au sevrage. Les résultats peuvent s’expliquer par la diminution de l’inflammation et de la douleur chez les truies traitées avec du meloxicam qui pourrait influencer positivement leur comportement maternel, ce qui implique en plus une meilleure prise de colostrum. Autant la quantité que la qualité du colostrum sont cruciales pour le futur développement du porc en termes d’immunité et de condition corporelle.

 

Enric MarcoLa vision du terrain par Enric Marco

L’amélioration de la génétique a permis d’augmenter le nombre de porcelets nés de façon impressionnante. Des portées de plus de 15 porcelets nés-vivants commencent à être normales dans pas mal d’élevages. Mais l’amélioration n’est pas arrivée seule, on a aussi augmenté les mortalités pré-sevrage et on a diminué les poids au sevrage. Cela a provoqué l’intérêt commun pour essayer de diminuer la mortalité et augmenter le poids des porcelets au sevrage et c’est pour cela que l’on a étudié tout type de stratégies pour y parvenir. L’utilisation d’anti-inflammatoires sur les truies au moment de la mise-bas ou après est l’une d’elles. Avec cette  utilisation, on vise à améliorer la condition de la truie qui améliore le démarrage de la production de lait et c’est ce que beaucoup de ces travaux ont confirmé.

Réaliser des études de ce type n’est pas facile et encore moins moins quand ce que l’on cherche est de détecter des différences sur la mortalité pré-sevrage. Curieusement, quand on mène ce type d’études, les mortalités diminuent souvent (autant dans le groupe traité que dans le groupe témoin) probablement à cause d’une meilleure attention que l’étude généer et particulièrement quand les travaux sont réalisés avec une taille d’échantillon réduite, comme c’est le cas ; en conséquence, ce n’est pas surprenant  que l’on n’ait pas pu trouver de différences parmi les groupes.

Mais ce qui m’a surpris dans l’article, c’est que les porcelets du lot traité ont eu une meilleure concentration d’IgG que les porcelets témoins, particulièrement le premier jour. On peut spéculer que cela soit dérivé d’une plus grande facilité à pouvoir téter leur mère et par conséquent à pouvoir ingérer une plus grande quantité de défenses. Certainement, traiter les truies en début de mise-bas (elles sont traitées dès qu’elles ont eu le deuxième porcelet) a été essentiel pour obtenir cette amélioration. C’est peut-être la différence la plus notable entre ce travail et d’autres précédents travaux où les truies étaient traitées une fois la mise-bas terminée.

Il serait intéressant de poursuivre les recherches pour savoir si cette amélioration est aussi obtenue quand le traitement est plus tardif et pour savoir si ce traitement précoce a quelque effet sur l’immunité cellulaire acquise par le porcelet. Les porcelets prennent non seulement de leur mère l’immunité humorale (IgG) mais aussi l’immunité cellulaire. Les porcelets sont seulement capables d’absorber des cellules maternelles pendant les premières heures post-partum, c’est pourquoi la rapidité dans la prise de colostrum fait la différence. L’immunité cellulaire acquise de la mère est essentielle pour que les porcelets développent une puissante immunité active contre de nombreuses bactéries (et parmi elles, toutes celles connues comme colonisatrices précoces), c’est pourquoi réaliser une nouvelle étude serait fantastique pour pouvoir connaître quelles sont les conséquences en phase de post-sevrage car c’est là que l’on peut apprécier les conséquences de la réalisation d’une prise de colostrum rapide et correcte.

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