Torpille en pleine ligne de flottaison
Il y a deux semaines, un important abattoir catalan a été conduit à une "suspension de paiement" (procédure espagnole visant à demander aux Juges le concours des créanciers semblable au dépôt de bilan). L'activité de cet abattoir représentait environ 3% des abattages espagnols.
Cet incident a gravement perturbé notre marché en créant une situation dont les principaux éléments sont les suivants :
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Panique psychologique dans la production particulièrement chez
celle qui est orpheline d'un destin clair. - Surabondance conjoncturelle de porcs. - Un certain manque d'approvisionnement pour l'industrie de transformation espagnole (plus faible que celle qu'on aurait pu imaginer, c'est certain aussi) qui s'est résolu facilement avec quelques appels téléphoniques. |
La conséquence directe de tout cela a été l'effondrement brutal du cours en deux séances; nous avons laissé sur la route presque 10 centimes par kilo de carcasse...Une paille !
La Semaine Sainte et Pâques sont synonymes de jours fériés et de pertes de jours d'abattage ; il y a peu de chance de récupérer entièrement les cinq jours d'abattage hebdomadaires.
Le scénario européen n'est pas détérminé : l'Allemagne attend des événements en abattant à rythme soutenu sans que son cours ne bouge et la France montre des signes de fatigue avec un marché à la baisse depuis plusieurs semaines; seul le Danemark (le plus international de nos concurrents européens pour ce qui concerne ses exportations) améliore l'ambiance avec hausse bien nette. Le Danemark ne bouge jamais ses prix de marché sans de puissantes raisons, toujours bien ancrées.
La turbulence espagnole rencontrera une zone de tranquillité sans tarder; arrivé à ce moment (dans deux semaines tout au plus), il faudra voir quel jeu nous permettent les marchés voisins. En fin de compte, et vu le panorama actuel, il semble certain qu'il y ait un trajet à la hausse mais son niveau et sa vigueur seront déterminés en dernier lieu par la consommation intérieure dans l'UE, toujours fragile.
Les faits nous obligent à ne pas être aussi optimiste que dans les précédents commentaires ; il est probable que le fait de se trouver dans une situation de "désapprovisionnement" des marchés coûte plus que nous l'avions imaginé et il faudra continuer à attendre. Cependant, les faits objectifs qui pourraient déclencher des augmentations tangibles sont : la faiblesse de l'euro (qui favorise les exportations), la réduction du cheptel dans les zones traditionnelles (Bretagne...), l'absence de stocks importants...
Le cocktail est complexe et cinq gouttes en plus ou sept gouttes en moins peuvent changer le résultat final de façon importante.
Un poète libanais a écrit : "dans le cœur de tous les hivers vit un printemps frémissant, derrière chaque nuit arrive une aurore souriante".
Guillem Burset |
Pôle Économie IFIP