Commentaire 03-fév-2006
En janvier, les variations de prix chaque semaine ont été très importantes, en dehors de l’Espagne, dont la stabilité de son marché était rassurante au milieu de l’agitation générale.
Les écarts se sont creusés à nouveau entre les pays européens. L’Espagne, l’Allemagne et l’Italie (+ 20 centimes en vif sur le mois) sont loin devant la France et le Danemark (décroché).
On peut observer aujourd’hui des modifications importantes de stratégie dans certains pays, qui risquent à l’avenir, de limiter les déséquilibres de prix anormalement élevés que l’on constate aujourd’hui dans la communauté. On assiste par exemple au Danemark, à des envois de porcs vivants vers l’Allemagne.
Les raisons ne manquent pas pour expliquer ces mouvements:
Tout d’abord, la déception a été grande chez les éleveurs danois lorsqu’ils ont touché leur complément de prix pour l’année 2005 (mentionné dans la note corrective à la fin du commentaire de Janvier). Les abattoirs allemands plus compétitifs, avec une main d’œuvre de l’Est toute proche disponible et moins exigeante, offrent des prix plus élevés. Les coûts de transport entre ces 2 pays voisins ne sont pas dissuasifs. Par ce débouché, les éleveurs danois peuvent optimiser le poids de leurs porcs à la vente, les allemands recherchant des animaux bien plus lourds qu’au Danemark. Tous ces éléments améliorent très sensiblement la marge en kilo.
D’autre part, dans ce même pays, on observe un certain nombre d’éleveurs qui transforment leur atelier d’engraissement en site de naissage, afin de diversifier leurs débouchés et ne plus dépendre ainsi que du seul marché à l’export de leurs abatteurs.
Cet exemple montre que l’orientation du commerce n’appartient plus aux seuls abatteurs nationaux, mais à l’ensemble des acteurs de la filière. Les producteurs, malmenés ces dernières années ont été amenés à chercher des solutions pour maintenir ou développer leur activité.
Les conséquences de ce type d’initiative sont nombreuses. Les abattoirs danois privés de ces exportations en vif, et du produit de tous les porcelets engraissés ailleurs, vont devoir se réorganiser pour garder leur compétitivité tout en veillant à proposer à leurs producteurs des prix en phase avec les pays voisins.
En fait, chaque maillon de la filière est confronté (ou va l’être) aux mêmes difficultés, à savoir, rester compétitif quelque soit le volume global traité. De la même manière que les usines d’aliment doivent produire en fonction des besoins avec une réorganisation permanente des outils, les plus performants absorbant les plus fragiles, les outils d’abattage subissent inévitablement la même logique.
En ce qui concerne la production de ces porcelets supplémentaires destinés majoritairement aux pays de l’Est, ce système présente l’avantage pour les nouveaux pays membres, de produire plus rapidement les animaux dont ils ont besoin. En effet, ils évitent ainsi la mise en place plus complexe des outils de naissage équivalents, mais dans le même temps, ils s’exposent aux aléas sanitaires des porcelets importés. Au final, ces initiatives contribueront à augmenter la production globale européenne, ce qui aura pour effet de nous exposer d’avantage dans nos exportations, avec les pays nord et sud américains.
Hilaire Herbert
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