Commentaire 03-oct-2005
L’Espagne, la plus touchée avec près de 20 centimes équivalent carcasse, se retrouve en queue de peloton. Toutefois, son prix cumulé en 2005 reste le plus élevé des principaux pays européens, devant l’Allemagne et les Pays Bas.
Les années précédentes, la chute des cours ne commençait que fin septembre, la rentrée étant traditionnellement dynamique. En terme de consommation, compte tenu de la fluidité du marché, pourquoi un tel recul ?
Si on analyse les causes et les origines de cette baisse, on s’aperçoit qu’elle a débuté en France, fin août et surtout le jeudi 1er septembre où les abatteurs ont imposé leur condition d’achat et bloqué toute négociation….. Lorsque l’on recherche les raisons de cet affrontement, on apprend que certains abatteurs découpeurs s’engagent à l’avance sur leurs prix avec la grande distribution. Ainsi, quand l’évolution du marché n’est pas conforme aux prévisions, ces derniers n’ont d’autre choix que d’imposer un niveau de prix compatible avec leurs engagements. Cette pratique n’est possible qu’avec un développement du marché à terme, sinon toute anomalie dans un prix de marché crée des distorsions dans la concurrence européenne, avec pour conséquence une augmentation des échanges en porcs vivants.
L’expérience de la plate-forme de ventes en vif mise en place depuis le début de l’année montre que l’on peut, sans dommage, sortir 3 à 7000 porcs par semaine sur l’Allemagne, malgré un différentiel de transport de 7 centimes d’euros du kilo.
Cette opération est doublement intéressante :
- Primo, elle a permis de comparer le prix payé aux producteurs pour un même produit dans 2 pays différents et ainsi confirmer que le différentiel de prix entre la France et l’Allemagne constaté dans l’éconoporc est bien réel.
- Secundo, elle peut être terriblement efficace pour homogénéiser les marchés européens.
La connaissance du produit, l’organisation des regroupements et des transports contribueront à banaliser ce type de pratique. Les départs en vif sur l’Italie sont également de plus en plus nombreux, du fait de propositions alléchantes. De plus, comme pour l’Allemagne, l’Italie recherche des porcs lourds de 120-125 kg vifs, ce qui permet une bonne valorisation de chaque animal produit, car aucun kilo n’est déclassé.
Les exportations en Espagne, durant la saison estivale, sont facilitées par les besoins importants et les prix décalés, mais les poids recherchés sont moins élevés, environ 105 kilos vifs, et les délais de paiement plus importants.
Tous ces débouchés contribuent à la fluidité du marché. Tant que le prix payé aux producteurs français n’est pas comparable à celui des voisins européens, les abatteurs seront privés de fournitures qu’ils ne pourront remplacer au même rapport qualité prix.
La compétition devra exister à chaque stade de la filière. Les producteurs les moins performants disparaîtront, les abatteurs transformateurs les moins compétitifs, techniquement ou commercialement, ne pourront indéfiniment reporter leur faiblesse en amont. La lettre du Syndicat National du commerce de porcs au Président de l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne du 25 juillet dernier, est sur ce point, édifiante. Si les groupements de producteurs acceptaient les propositions du SNCP, cela signifierait que les éleveurs de porcs français ont perdu tout pouvoir de négociation.
La gravité des propos mérite une analyse dans le prochain commentaire.
Hilaire Herbert
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