Etroite marge de manœuvre
Après 3 mois au plancher, le prix du porc a tenté une sortie par le haut en février. Mais l’embellie a été de courte durée, avec un sévère rappel de la cotation allemande qui dès la moitié du mois s’était déjà installée dans une stabilité circonspecte. En chute de 6 cts d’euros en dernière semaine de février, elle est quasiment revenue sur ses niveaux de janvier.
On peut s’interroger sur la pérennité de l’envolée du marché espagnol où le manque de porcs entraîne des achats en vif des abatteurs sur les marchés voisins (Cf. le commentaire de Guillem Burset).
Le marché de l’UE se partage donc entre le nord et le sud. L’un est conduit par l’Allemagne, qui prend aussi en compte les débouchés vers l’Est de l’Europe. L’autre est mené par la péninsule ibérique. La question du jour est de savoir où se situe la vérité du marché ? Les prochaines cotations le préciseront.
Le cheptel se stabilise dans l’UE.
Dix neuf pays ont publié leurs enquêtes de cheptel de la fin 2009 (manquent à ce jour quelques pays, dont l’Espagne). Ils représentent deux tiers des effectifs porcins de l’UE à 27. Le nombre total de porc y est stable par rapport à celui de la même période de 2008. Le nombre de truies progresse de 0,6% en un an pour les 19 pays.
Mais les écarts sont grands. Des augmentations significatives sont notées au Danemark (+ 4% en un an pour le nombre de truies), aux Pays-Bas (+ 7%) et en Pologne (+ 6%, mais le point de départ de la fin 2008 était très bas). Elles compensent les réductions constatées dans les autres pays, dont la France où le nombre de porcs présents a baissé de presque 2% en un an, tandis que le troupeau reproducteur perd à nouveau un peu plus de 1%. A moins de 1,2 million de truies, la décapitalisation amorcée il y a 10 ans se poursuit. Mais l’augmentation concomitante de la productivité des troupeaux (prolificité des truies et gains structurels) a compensé les effets sur la production, comme dans tous les pays.
La baisse du nombre de porcs charcutiers de la fin 2009 en France confirme la fluidité actuelle des enlèvements au sortir des élevages.
L’évolution de la demande en ligne de mire.
Les prévisions aujourd’hui disponibles conduisent à une légère hausse de la production porcine européenne pour le premier semestre 2010, relativement à la même période de 2009 (hausse au nord-ouest et baisse à l’est de l’UE).
Dans l’état actuel, le scénario d’évolution des prix pour 2010 risque de se caler sur celui de 2009.
La relance du marché du porc sera donc fonction du comportement de la demande.
L’exportation bénéficie de la faiblesse de l’euro qui a perdu par rapport au dollar et par rapport à d’autres monnaies comme le… zloty. De ce fait, les exportations européennes ont été mieux orientées durant les 3 derniers mois.
Mais la marge de manœuvre est étroite car les difficultés économiques générales plombent toujours la consommation qui s’oriente plus volontiers vers des morceaux à cuisiner, moins chers, tandis que de fortes réticences se font jour à chaque velléité de hausse.
Quel que soit le niveau d’équilibre du marché (au cours actuel ou un peu en dessous), la période qui précède Pâques est en général peu favorable à la consommation de la viande de porc… On se dirigera ensuite vers l’été, synonyme d’une consommation un peu plus débridée, au sein de laquelle la viande de porc figure toujours en bonne position.
Notre analyse complète dans Baromètre Porc, la revue économique de l'IFIP.
Pôle Économie IFIP
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