Commentaire 08-jun-2006
L’écart de prix souligné le mois dernier entre la France et ses principaux concurrents s’est aggravé durant le mois de mai, pour atteindre fin mai presque 20 % par rapport au prix espagnol et 13 % par rapport au prix allemand, ce qui a déclenché une demande accrue de vente en vif à l’export.
Tout naturellement, en ce début de juin, les semaines complètes qui enfin se profilent, risquent d’entraîner un profond déséquilibre entre les besoins importants et une production actuellement insuffisante et sans retard d’enlèvement
En attendant cette reprise tant escomptée depuis 2 mois, le prix 2006 cumulé sur l’Econoporc s’est décalé de 3 centimes supplémentaires avec nos principaux concurrents européens. C’est tout simplement énorme et insupportable, nos abattoirs ne pourront pas indéfiniment ignorer les conditions de commercialisations étrangères.
L’avenir de la production française est étroitement lié au prix de vente des animaux.. En effet, nous observons aujourd’hui un resserrement du prix de revient dans les principaux pays européens. C’est ce qui est ressorti, de l’étude comparative que j’ai menée pour la France à l’occasion du congrès Europorc de Vic près de Barcelone, le 24 mai dernier. L’étude portait ici sur 3 pays, l’Espagne, le Danemark et la France. Voici ci après le résumé des 3 approches :
- L’Espagne avec 62.3 % de frais alimentaires, 11.2 % de frais d’amortissement, 10.3 % de frais de personnel, et 5.6 % de frais médicamenteux pour les principaux postes a, en 2005, estimé leur prix de revient à 0.95 euros le kilo vif. D’autre part, le différentiel de prix payé aux producteurs avec le marché de Mercolleida Lerida est de –3,3 euros par kilo vif sur 2005.
- Concernant le Danemark, l’analyse de Monsieur Finn Udesen était intéressante sous sa forme comparative, mais elle ne prenait en compte que les résultats de 2004, ceux de 2005 n’étant toujours pas actualisés. Heureusement, lors d’un récent voyage au Danemark, les principaux acteurs économiques que nous avons rencontrés nous ont permis de vérifier que le coût de production avait peu varié depuis un an, du fait d’un coût alimentaire relativement stable, dù aux FAF. Nous avons retenu un prix de revient du kilo de carcasse de 1.25 euros (environ 0.96 € en vif) malgré une main d’œuvre 20 % plus élevée qu’en France et le coût de la construction 10 % plus cher, il faut dire que l’aliment ne représentait en 2004 que 53 % du prix de revient.
- La France quant à elle se situe également à 1.25 €/kg de carcasse en 2005, avec 56 % pour la part aliment, 13.6 % pour la main d’œuvre totale, 8 % pour l’amortissement et 4 % en moyenne pour les frais vétérinaires.
Selon le tableau comparatif danois sur les prix de revient européens, l’Allemagne et la Hollande seraient 3 à 4 centimes d’euro/kilo vif plus élevé que la France, en 2004. Pour l’Angleterre et l’Italie le décalage atteindrait 10 à 15 centimes.
Si l’évolution de la production dans chaque pays est certes liée à la capacité des éleveurs à maîtriser leur prix de revient, c’est le prix de vente qui détermine le résultat final.
Rester 5 % en dessous du prix de nos voisins depuis le début de l’année, c’est empêcher le redressement de 25 % de nos élevages et dissuader les meilleurs d’investir dans une production sous pression.
Hilaire Herbert
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