Commentaire 10-mai-2006
Malheureusement, tous les ans au printemps, les abatteurs français profitent des nombreux jours fériés pour peser sur le marché. Résultat : 11.5 centimes de baisse pendant que les 3 autres plus gros pays producteurs européens maintiennent leur cours. Les producteurs français ont aujourd’hui un prix de vente inférieur de 9 % au prix allemand et de 14 % au prix espagnol, avec une moyenne pondérée d’environ 8 % en dessous des prix européens.
Nous sommes non seulement à nouveau en queue de peloton, mais en plus, la plus value moyenne accordée aux éleveurs est en baisse.
Depuis quelques mois, nous assistons à une remise en question totale des plus values accordées aux producteurs qui s’étaient engagés dans la production dite CCP (critère conformité produit). Les raisons évoquées sont la disparition totale de ce type de production à court terme, pourtant, il y a quelques années, chacun voyait dans les CCP le moyen d’apporter une transparence et une traçabilité totale dans ce type de production, et également de singulariser un produit par des caractéristiques propres à chacun.
Tous les contrôles supplémentaires liés au cahier des charges étaient certes contraignants au départ, mais les perspectives d’une recherche de plus value (2 à 4 centimes d’euro selon les CCP), incitaient les producteurs à respecter toutes les nouvelles règles de bonne conduite qui leur étaient imposées.En quelques années nous avons assisté à une nette amélioration des conditions de production. Les groupements de producteurs insistaient sur la nécessité de se différencier pour sensibiliser le consommateur sur la qualité des produits et ainsi protéger indirectement notre marché.
Il faut bien reconnaître que si tous ces éléments sont louables, ces CCP présentaient aussi l’avantage pour les structures qui l’utilisaient, de contrôler tout le réseau de production depuis les contraintes liées à la génétique, à l’alimentation, jusqu’au suivi technique.
Ainsi, beaucoup de groupements de producteurs ont créé leur CCP, et il est devenu difficile de les différencier, car leurs caractéristiques étaient le plus souvent voisines, sans véritable spécificité.
Cette évolution a entraîné un inconvénient majeur par rapport au marché, car plus le nombre d’animaux vendus sous CCP est devenu important, plus ce marché captif a enlevé de la fluidité au cadran breton, ce qui parfois entraînait des situations cocasses, par exemple une coopérative pouvait fort bien manquer de porcs une semaine et demander à certains de ses adhérents d’augmenter les quantités à envoyer pendant qu’une autre d’un autre groupement voyait ses animaux reportés.
Aujourd’hui, concernant les plus values, il ne reste plus que la voie label rouge peu incitative dans sa rémunération en regard aux exigences qu’elle nécessite. Deux points en particulier posent problèmes à la plupart des prétendants :
- 1°) l'interdiction quasi générale des caillebotis en post sevrage
- 2°) la limitation du nombre de porcs au m2 en engraissement associé à un âge minimum de 182 jours.
Dans ces conditions, comment promouvoir le travail accompli ces dernières années pour le valoriser auprès des consommateurs français? Si nos producteurs se plient à toutes les exigences administratives ou politiques sans pouvoir se différencier des principaux exportateurs nord et sud américains, libres dans leur recherche d’efficacité, la partie va être difficile.
Hilaire Herbert
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