Commentaire 14-fév-2007
Si tous les producteurs de porcs européens ont souffert en cette fin d'année, les 4 dernières semaines ont mis en évidence le dynamisme commercial de chacun des pays. En dehors du Danemark dont l'implication dans le commerce mondial, l'éloigne parfois de la logique européenne, tous les autres pays sans exception sont repartis à la hausse. L'Espagne et l'Allemagne ont repris respectivement 12 et 10 centimes équivalent carcasse.
Actuellement l'Espagne vend son porc au kilo vif, plus cher que notre prix cadran modifié, nous sommes donc aujourd'hui à 10 centimes et plus en dessous de nos principaux concurrents, scotchés à 1 euro depuis plus de 2 mois. Quelles sont les raisons d'un tel immobilisme ?
Au-delà des vives réactions que suscite la modification de la grille de paiement (voir le dernier commentaire), ce qui se passe au MPB depuis plusieurs semaines est symptomatique du mal français. Pourquoi retrouvons-nous les mêmes blocages que dans les années précédentes ? Comment se fait-il que l'exportation en vif qui pourtant marche à plein, ne suffise pas à relancer le marché ? Essayons de reprendre les données du problème pour tenter de répondre à ces questions.
La production française a baissé de 5% en quelques années. Notre pays est désormais tout juste autosuffisant en volume produit par rapport à la consommation. 95% des producteurs sont organisés en coopératives agricoles qui détiennent la majorité des outils d'abattage, lesquels toujours aussi nombreux souffrent de surcapacité. Pourtant, lorsqu'en décembre ou en mai nous rencontrons 2 semaines de 4 jours, soit un report d'environ 2 fois 50 000 porcs, il nous faut 2 fois plus de temps que nos voisins pour absorber les retards d'enlèvement. Que dire de nos voisins allemands qui, avec 3 jours fériés en fin d'année retrouvent leur fluidité 3 semaines plus tard. Comment font les fabricants d'aliments ces semaines là ? Quelles que soient les espèces, les consommations sont toujours les mêmes !!! Il est pour le moins regrettable de ne pas répondre à la demande pour des raisons organisationnelles ou logistiques. Il est évident que transformer seulement 330000 porcs dans une semaine de 4 jours en mai, limite la consommation ou engendre des importations massives complémentaires.
D'autre part, pourquoi les abatteurs, avec une matière première 10% moins chère que la concurrence et une marge de manœuvre dans la capacité à abattre et à transformer, ne profitent-t-ils pas de ces périodes qui leur sont favorables pour exporter ces quelques pourcents supplémentaires et ainsi diminuer les volumes intérieurs pour mieux s'imposer vis à vis de la grande distribution ? Il faut pour cela réunir 3 conditions :
1°) le dynamisme commercial
2°) la souplesse d'adaptation
3°) la compétitivité des outils.
En d'autres termes, il faut cesser de vouloir absolument maintenir tous les outils en place, de justifier le manque de souplesse par les 35 heures (les heures supplémentaires existent encore), il est de plus indispensable que les éleveurs nomment des présidents de groupements capables de choisir des responsables à l'esprit entrepreneur et non administratif pour défendre au mieux les intérêts des producteurs qu'ils représentent.
Hilaire Herbert
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