L'espoir se confirme
L'Espagne a abattu en 1989 un total de 29.000.000 de porcs et, en 2003, 44.000.000. Une telle croissance génère nécessairement des tensions: offre en excès sur le marché local (déjà mature en lui-même) avec une faiblesse conséquente des prix de la viande, besoins urgents de vendre à tout prix.
Cette croissance de plus de 50 % en 14 ans a placé l'Espagne à la quatrième position mondiale en valeur absolue en bouleversant - de force - les équilibres du marché européen.
Selon nous, toute lecture du marché espagnole doit être faite par rapport à son environnement immédiat: le Marché Commun. L'UE est le grand Marché Unique régi selon les mêmes normes: taxations, restitutions...L'Espagne étant un pays excédentaire de plus de 20 %, ce qui se passe au-delà de nos frontières nous touche directement..
En 2003, nos exportations ont dépassé les 460.000 tonnes (en prenant 60 kilos "exportables" par carcasse, ce chiffre représente plus de 7.500.000 têtes) à destination communautaire à plus de 95%; ce massif apport de viande sur le marché communautaire à des conséquences: la France reçoit plus de 38 % du total (175 000 tonnes en 2003), ce qui constitue un puissant levier touchant directement le cours.
Au cours de l'année qui se termine, nous avons pu vérifier l'importance de notre dépendance de l'extérieur: jusqu'à la première semaine de Juillet, nous avons profité d'un prix espagnol largement meilleur que le prix moyen européen, ce prix élevé - relativement - entraîna de profondes difficultés dans les abattoirs qui se virent contraints de réduire l'activité en entrant en déficit. A partir de 10 Juillet, le prix descendit en cascade- rien à voir avec la stabilité européenne - jusqu'à des niveaux exagérément bas.
En Novembre, après avoir constaté un niveau du cours "déconnecté par le bas" de l'Europe, le marché espagnol a pris des mesures correctives énergiques. Certains abattoirs ont abattu six jours par semaine, des carcasses ont été exportées massivement ainsi que des porcs lourds en vif vers l'Italie. On a réussi finalement à se désembourber et le prix espagnol se récupère lentement mais sûrement.
Il paraît clair que le cours continuera à progresser de façon lente et régulière. Tous les pronostics indiquent des prix meilleurs pour le premier trimestre 2005: espérons qu'il en soit ainsi.
En corollaire: l'Espagne pèse chaque fois un peu plus en Europe et le comportement du prix espagnol est observé à la loupe à l'extérieur de nos frontières: il semble donc logique d'espérer que la fixation du prix espagnol se fera avec une vision plus à moyen terme que jusqu'à maintenant. Le moment est peut-être venu de remplacer le “aquí te pillo, aquí te mato” (expression espagnole se traduisant par "ici je prends, là je tue" ce qui veut dire "je tire sur tout ce qui bouge") par un comportement plus prudent.
Il est toujours bien de ne pas confondre ses désirs avec la réalité.
Joyeux Noël
Guillem Burset
Grup Unexporc