Commentaire 27-jun-2005
En juin, les prix ont monté dans toute l’Europe, sauf en Italie et au Danemark. En Espagne ils ont explosé (+ 17 centimes équivalent carcasse). Ailleurs, la hausse a été moins importante.
Ce qui est surprenant en cette fin de mois de mois, c’est que, malgré la faiblesse des apports au marché breton, et un poids en baisse, les cours ont chuté de 4 centimes, quand ailleurs ils progressent de 3 en Allemagne, 5 au Pays Bas, 8 en Belgique et même + 1 centimes du kilo vif en Espagne (malgré les fortes hausses précédentes).
La logique du marché voudrait que, lorsque la demande est supérieure à l’offre, les prix montent, mais malheureusement, elle n’est pas toujours respectée, en France en particulier, où les acheteurs ne sont pas habitués à ce que les producteurs leur fassent une réelle opposition. L’export en vif leur pose problème dans la mesure où les stocks à venir ne sont plus assurés. C’est la raison pour laquelle certains abatteurs préfèrent réduire momentanément leur activité pour limiter la tension du marché et ainsi peser sur les prix.
Cette tactique ne peut être que ponctuelle, car un outil d’abattage avec ses charges fixes ne pourra pas multiplier très longtemps les semaines d’activité à 4 jours. Diminuer artificiellement ses besoins réels pour peser sur le marché est un jeu dangereux, car ainsi la production sera incitée à augmenter ses ventes en vif à l’export, surtout lorsque les autres marchés européens seront haussiers.
Le problème des marges insuffisantes de l’abattage découpe ne se situe pas dans leur prix d’achat du porc. On sait aujourd’hui que l’avenir de la production est menacé, tant les situations de beaucoup d’éleveurs sont très tendues. C’est la valorisation de leur produit qui est en cause. La guerre des prix qu’ils se livrent vis à vis de la grande distribution et des salaisonniers (ne les oublions pas) est uniquement due à une absence de stratégie collective de vente.
Certes, les caprices de la consommation compliquent bien les choses lorsque l’on travaille des produits frais, mais pourquoi les abatteurs découpeurs ne s’organiseraient-il pas pour ajuster leur besoin global en exportant collectivement les excédents de leur marché ? Leur problème n’est en fait pas très différent de celui des producteurs.
Un groupe aussi important soit-il, est vulnérable s’il ne possède pas de mécanisme pour éviter l’engorgement ou tout au moins le limiter. Lorsque l’on est à 106% d’autoproduction, que ce soit au niveau de la France ou de l’Europe, le problème est le même. La moindre baisse de consommation doit être reportée à l’export quasi simultanément.
Plus les mécanismes de ces transferts seront efficaces, plus grand sera l’équilibre entre les différents maillons de la chaîne.
Hilaire Herbert
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