Septembre 2007: une catastrophe sans palliatifs
On aura rarement vécu une réalité du marché aussi dramatique que celle d'aujourd'hui. On pourrait dire que même les plus vieux de la profession ne se souviennent de quelque chose de semblable: le toboggan descendant dans lequel se trouve le cours espagnol semble être sans fin; et la situation de l'éleveur semble dès maintenent insoutenable. Le marché d'hier (27 septembre) a présenté une chute de 3,50 centimes par kilo vif sans résistance apparente: les interlocuteurs se résignent à une situation qui n'a rien d'encourageant.
Cela fait des années que l'Espagne fonctionne selon le principe des vases communicants; tous les pays de notre environnement se trouvent dans une situation semblable et il ne paraît pas exister d'autre solution que l'abandon forcé d'une partie de la production.
Des truies sont abattues à marche forcée (signe de désespoir, beaucoup sont pleines) et malgré cela beaucoup de porcelets ne trouvent pas preneurs. Le marché montre toute sa dureté en malmenant le prix du porcelet à des niveaux qui rompent avec toute orthodoxie. Tous les pays de l'UE présentent le même scénario. Il n'est pas possible de continuer à produire des porcelets pour leur vente sous peine de ruine totale; il semble que ce soit comme si le marché criait "S'il vous plaît ne produisez plus de porcelets" (ou plus exactement l'impératif "Ne produisez plus de porcelets!"). C'est lamentable mais c'est la vérité.
Pour le porc charcutier, la situation n'a rien, non plus, de très favorable: avec les prix actuels de l'aliment et les prix du cheptel prêt à abattre, les comptes d'exploitation des élevages présentent des pertes saignantes. Nous sommes convaincus que beaucoup d'éleveurs se posent la question de la viabilité de leurs entreprises.
Il ne fait aucun doute que la pénalisation actuelle du prix se traduira par l'abandon de l'activité d'élevage d'une partie de la production. Cette affirmation devrait être sûre pour tous les pays de notre environnement. Dans l'UE, il y a un net consensus entre les opérateurs européens à ce sujet.
Tout laisse à penser qu'au printemps-été 2008 la situation aura changé du tout au tout en constatant un affaiblissement important de l'offre. En toute probabilité, on battra tous les records de prix pour l'abattage alors qu'en ce moment le printemps 2008 nous semble très loin et que l'on doit compter avec beaucoup d'avatars sur le chemin.
Le marché au jour le jour présente un panorama logique : il y a une sur-offre par rapport au niveau habituel de consommation et les flux commerciaux ne sont pas fluides. Les stocks se reconstituent rapidement (en raison de la plus grande activité d'abattage stimulée par un prix attractif) et l'horizon proche se montre encore obscur.
Triste consolation que ce refrain: il n'y a pas de malheur qui dure cent ans.
Guillem Burset |
Pôle Économie IFIP