Novembre 2.007: TGV sans freins
La profondeur de la crise européenne du porc obéit principalement à l'augmentation exagérée de l'offre, année après année, lors des derniers exercices.
Pour essayer de résoudre la présente crise quelques mesures ont été prises : en premier lieu l'UE a décidé de mettre en place une opération de stockage privé d’une ampleur de 100.000 T. Cette semaine, une fois constaté qu'une fois 85.000 T effectivement contractualisées, le marché ne réagissait pas, on a suspendu cette opération pour mettre en œuvre des restitutions à l'exportation (des subventions pour toute la viande exportée en dehors du territoire communautaire). Les restitutions présentent l'avantage de favoriser l'exportation (cette viande quitte l'Europe pour ne pas y revenir) et sont devenues nécessaires pour :
- compenser le déséquilibre issu du naufrage du dollar (si la devise américaine est très bon marché, la viande exportée des pays de cette zone dollar devient plus attractive).
- "désembourber" le marché interne de l'UE.
La réalité est têtue : malgré le succès relatif de l'opération de stock (l'Espagne a été à la tête de cette opération, avec des contrats qui dépassent un total 16.000 T) le marché européen est resté ancré, imperturbablement, dans la zone basse. Nous verrons si les restitutions se révèlent plus efficaces.
Nous croyons que la véritable solution à la crise actuelle (profonde, persistante, handicapante et très grave) peut seulement venir d'une réduction substantielle du cheptel européen. L'augmentation constante et soutenue de la production de ces dernières années donne l’impression d’un TGV emballé qui ne peut freiner sur 100 ou 200 mètres. En l’absence d’incidents touchant d’autres viandes (comme ce fut le cas avec la grippe aviaire ou la fièvre aphteuse en Angleterre etc..), il ne reste pas d'autre solution que d'adapter l'offre à la demande.
Les deux dernières hausses du Mercolleida doivent être interprétées avec une grande prudence: il est certain que l'offre semble moins écrasante mais il n'est pas moins certain que la fin de décembre est truffée de fêtes. Il est certain que le prix minimal est maintenant derrière nous mais il n'est pas moins certain que la véritable réaction à la hausse reste encore lointaine.
Comme nous l'avons manifesté à d'autres occasions, la réaction de notre marché peut seulement être durable et se confirmer si le reste des places européennes suit, ce qui n'est pas le cas pour l'instant.
Nous verrons si les froids de l'hiver et la rentrée de janvier peuvent aider.
Nous sommes convaincus que le scénario d'avril - mai sera complètement différent : l'offre devrait manquer et les prix atteindre des positions jusqu'à des niveaux record.
Espérons que ces prévisions se confirment.
Chaque fois qu'il a plu, il a cessé de pleuvoir.
Guillem Burset |
Pôle Économie IFIP