Octobre 2007 - En attendant avec ferveur les rigueurs de l'hiver
Nous aurons rarement vu un marché aussi saturé que cet automne. L'offre de cheptel en vif surpasse largement la capacité d'abattage et le poids moyen des carcasses ne cesse d'augmenter.
Les prix sont dérisoires par rapport aux coûts de production; les pertes sont considérables, déjà sanglantes et la situation ne semble pas aller en s'améliorant à court terme.
Dans les années passées, il y avait le recours à l'exportation massive de carcasses comme mesure énergique désengorger et apporter de la fluidité à notre marché; avec le panorama existant dans l'ensemble de l'Union Européenne, ce recours ne s'est pas matérialisé à ce jour (le prix carcasses dans les pays européens ne permettent pas que nous puissions exporter les classiques carcasses).
Il y a partout des quantités de cheptel au poids dépassé et les abattoirs n'arrivent pas à sacrifier l'offre de leurs fournisseurs habituels, en dépit d'un travail à pleines cadences. Dans le Nord-Est de la péninsule, la situation est grave. Dans certaines usines, on a abattu des quantités de porcs avec des poids moyens battant tous les records historiques.
Le dollar pas cher ne facilite pas les exportations vers les pays tiers, exportations qui sont pourtant essentielles pour décongestionner l'Europe. Dans le marché mondial, l'Europe a perdu de la compétitivité de façon retentissante.
Bruxelles a approuvé une opération de stockage privé de viande de porc pour un montant de 100 000 tonnes (la communauté européenne subventionne le stockage de pièces précises avec un engagement de les retirer du marché pendant un nombre de mois prédéterminé). Cette semaine, les opérateurs ont pu présenter leurs demandes. Cette opération contribuera à amener un peu de fluidité, bien que 100 000 tonnes de viande majoritairement désossée ne représentent pas plus de 2 millions de porcs (soit l'abattage de 2 semaines en Espagne). Nous pensons que cette opération passera inaperçue pour ce qui concerne l'évolution du marché, tant aujourd'hui que quand cette viande "parquée" réapparaîtra à la vente.
La meilleure médecine serait que les rigueurs climatiques de l'hiver soient avancées, le froid limiterait l'engraissement et la situation pourrait être régularisée en peu de temps. Pour le moment, ce n'est pas le cas.
Il n'y a pas de doute que la situation est très grave: d'une façon ou d'une autre, il y aura (dans l'ensemble de la communauté européenne) une réduction de la production qui doit forcément entraîner un changement radical de scénario; nous pensons qu'au printemps-été 2008 on observera des prix historiquement élevés. Il ne peut en être autrement.
Si les abattoirs terminent l'exercice avec des bilans positifs, ils devront bien garder leurs bénéfices pour faire face aux difficultés que l'on peut deviner quand les choses changeront radicalement.
Cependant et pour l'instant, comme le disait un célèbre opérateur français "quand la vache tombe, les couteaux pleuvent de partout".
Guillem Burset |
Pôle Économie IFIP