Montagnes russes de la cotation française
En France, si une hausse des cours n’est pas inhabituelle en février, elle a surpris par son intensité. Elle s’explique par une baisse sensible des animaux mis en vente au Cadran, dans un contexte d’inquiétude et de tension entre abatteurs. Fin février, un apport important d’animaux a enclenché la baisse et un approvisionnement moyen n’a pas permis d’inverser la tendance les semaines suivantes. Les cours du porc n’ayant pas bougé dans le nord de l’Europe, la baisse devenait inévitable pour éviter de pénaliser les opérateurs sur les marchés extérieurs.
A la mi-mars, le prix perçu français (estimation Ifip) est revenu au niveau de son homologue espagnol, à 1,59 €/kg, trois centimes au-delà de la valeur allemande. Au Danemark, le prix perçu est légèrement supérieur à 1,50 €/kg, alors qu’il est nettement inférieur aux Pays-Bas, donnant à ces deux pays un avantage appréciable à l’export.
Un marché globalement à l’équilibre dans le reste de l’Europe
La forte hausse du prix espagnol jusqu’au début du mois de mars trouve son origine dans la faiblesse de l’offre mais aussi dans le dynamisme des territoires du nord (Catalogne…) où les exportations stimulent les demandes des abatteurs. Dans le centre et le sud, les opérateurs, tournés vers le marché intérieur, sont plus prudents, face à une consommation morose. Ce mouvement a été dopé par la flambée du Cadran en France et sa baisse marque la stabilisation de la cotation espagnole.
Le marché du nord de l’Europe est globalement à l’équilibre. En Allemagne tout particulièrement, la baisse de l’offre est confrontée à une consommation peu dynamique et aux difficultés des abatteurs à répercuter d’éventuelles hausses du prix du porc sur le marché des viandes. La situation est cependant variable selon les Länder. Danois et Néerlandais semblent se calquer sur le marché allemand.
Perspectives 2012 : les échanges mondiaux seront vitaux
En 2012, la production de porcs devrait augmenter dans les principaux pays producteurs : Etats-Unis (+2%), Chine, Brésil (+3%) et même en Corée du Sud. En Europe, les récentes prévisions font état d’une production de l’UE à 27 stable pour 2012, mais les résultats sont encore sujets à caution.
De nouveaux records dans les échanges mondiaux sont à prévoir en 2012, notamment aux Etats-Unis, où l’USDA table sur une légère progression des volumes exportés. Le Brésil, qui a vu ses exportations vers la Russie chuter sévèrement depuis juillet 2011, vient de mettre en place ses 1ers envois vers la Chine. Les opérateurs tablent sur une augmentation de 5% des volumes exportés. Selon un opérateur chinois, la hausse de la consommation nécessitera de maintenir le recours aux exportations. En Corée du Sud, le rétablissement de la production devrait limiter les importations à 500 000 t en 2012, un niveau qui reste toutefois élevé.
La plupart des marchés européens semblent attendre le mois d’avril pour voir décoller, après les fêtes pascales, des marchés intérieurs plutôt déprimés. En France, quelle sera l’évolution ? Le prix doit atteindre un équilibre de marché, difficile encore à déterminer en raison des différents paramètres, nationaux et internationaux, qui entrent en jeu.
Notre analyse complète dans Baromètre Porc, la revue économique de l'IFIP.
Pôle Économie de l’IFIP