Pendant la lactation, les besoins en énergie de la truie sont particulièrement élevés. |
Le comportement alimentaire est un aspect qui occupe une place fondamentale au cours du cycle de production du porc, mais qui revêt une importance particulière dans le cas de la truie en lactation.
Chez la truie, l'ingestion d'aliments a une incidence sur la quantité et la qualité du lait (et par conséquent sur la croissance des porcelets) ainsi que sur l'intervalle sevrage-saillie. Cet ensemble d'effets est notamment important chez les truies qui sont à leur première et deuxième mise-bas et qui se trouvent toujours en période de croissance.
Un premier facteur qui affecte l'ingestion alimentaire lors de la lactation est le niveau d'alimentation pendant la gestation. En effet, un excès au cours de cette phase peut provoquer une diminution de l'ingestion durant la lactation.
Une fois en phase de lactation, divers facteurs influent sur l'ingestion d'aliments. La qualité de la ration et sa présentation sont des aspects primordiaux, mais que nous laissons entre les mains des spécialistes de la nutrition.
Du point de vue du bien-être animal, deux facteurs importants sont à prendre en compte : la température effective et la disponibilité en eau.
Incidence de la température sur l'ingestion
La température qui a réellement un effet sur les animaux est la température dite effective (TE) qui dépend de la température ambiante, du type de sol ainsi que de l'isolation et de la ventilation. Donc, les sols isolés ou disposant d'une litière de paille ou autre augmentent la température effective alors que les courants d'air la réduisent.
Le tableau 1 nous présente les variations de la température effective en fonction de différents paramètres. La température effective peut se définir comme étant la sensation réelle de chaleur (ou de froid) perçue par un animal.
Tableau 1. Températures effectives selon la température ambiante et le type de sol ainsi que l'isolation thermique (la variation entre la température ambiante et effective est indiquée entre parenthèse). |
Il est essentiel de ne pas oublier qu'un excès de température provoque une diminution de l'ingestion volontaire d'aliments, d'une forme assez linéaire (voir le Tabelau 2), avec les conséquences négatives que l'on peut déduire à partir des explications susmentionnées. Aussi, un élément décisif pour maintenir l'ingestion à un niveau optimal est de veiller à ce que la température effective soit comprise dans la plage de température adéquate. En période de chaleurs, telles que celles de l'été 2003, il serait pertinent d'envisager la modification des infrastructures ou l'installation de systèmes de réfrigération, tels que des panneaux humidificateurs.
Tableau 2. Températures de confort et diminution de la consommation selon la température effective |
Pendant les deux jours précédents et postérieurs à la mise-bas, il est tout à fait approprié de maintenir la salle de maternité à une température relativement haute, car l'hypothermie est une des principales causes de mortalité néonatale. Toutefois, à compter du troisième jour post-partum, il convient de maintenir la température de la salle entre 18 et 20°C et de fournir aux porcelets une source de chaleur (plaques ou foyers de chaleur).
Un principe essentiel est de garantir l'apport en eau et en aliments. La mauvaise qualité de l'un des deux éléments limite sa disponibilité. |
Incidences de l'eau sur l'ingestion
Chez l'espèce porcine, l'ingestion d'aliments est toujours liée à l'ingestion d'eau : le manque d'eau réduira par conséquent l'ingestion d'aliments. Aussi, les besoins en eau (en litres) peuvent être calculés de manière approximative, en multipliant par 3,7 l'ingestion d'aliments (en kg).
Ainsi, il est indispensable que les animaux disposent d'une quantité en eau suffisante et de bonne qualité. En ce sens, la quantité serait indiquée par le flux d'eau dans les abreuvoirs à tétine (qui devrait être de 2 à 4 litres/minutes) et par la profondeur (qui devrait être de 4 cm environ) pour les bols. En terme de qualité, et en laissant de côté les niveaux de polluants (chimiques et/ou biologiques), un aspect fondamental est la température de l'eau. Peu d'études ont été menées pour analyser l'effet de la température de l'eau sur la consommation d'aliments. Dans une de ces études, qui comparait une eau à 28°C et une autre à 18°C, les auteurs ont observé une croissance moindre chez les animaux qui avaient seulement de l'eau chaude à leur disposition. Nous ne sommes pas en mesure de proposer des plages de températures concrètes pour l'eau, mais il semble toutefois recommandé d'éviter que la température de l'eau soit trop chaude en été ou trop froide en hiver.
L'apport en eau revêt une importance majeure en période de chaleur. Il semble intéressant de proposer les aliments déjà mélangés à l'eau, mais il ne faut pas oublier que ce système exigera une plus grande surveillance afin d'éviter que tout résidu de nourriture ne fermente et de garantir que l'eau disponible soit toujours de bonne qualité.
Commentaires de l'ISPAIA
L'abreuvement est effectivement un élément important de la lactation. A ce sujet, revenons sur le comportement d'abreuvement spontané de la truie évoqué dans le premier chapitre.
Comme l'a montré l'équipe de Klopfenstein de l'université de Montréal, les truies ont tendance à augmenter leur consommation d'eau de manière très importante la veille de la mise bas (20-40 litres). Ce comportement est mal expliqué et contraste avec le sous abreuvement constaté dans les 48 heures qui suivent la mise bas (beaucoup de truies à moins de 10 litres). Il peut-être une conséquence de l'agitation pré-mise bas ou correspondre à un besoin physiologique, en prévision en quelque sorte de " l'état de déshydratation à venir ". Si la première hypothèse est juste, permettre à une truie de s'abreuver avant mise bas contribuerai à limiter son stress. Si c'est la deuxième, cela aurait vraisemblablement un rôle dans l'initiation de la lactation…
Une température ambiante élevée est, on l'aura bien compris, un handicap redoutable. Son impact ne se fait pas seulement au travers d'une réduction de la consommation des truies. Elle induit des perturbations métaboliques que l'équipe de l'INRA de St Gilles a pu mettre en évidence.
La production laitière de truies conduites dans une maternité à 30°C et alimentées à volonté a été significativement inférieure à celle de truies alimentées sur le même niveau de rationnement, mais dans une ambiance 20°C (JRP 97). Au sevrage à 3 semaines, la croissance des portées à 30°C était inférieure de 20%!