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Diagnostic de laboratoire : dysenterie porcine (Brachyspira hyodysenteriae)

Quelles méthodes de diagnostic de laboratoire utiliser pour diagnostiquer la dysenterie porcine ? Laquelle choisir en fonction de la situation ? Comment interpréter les résultats ?

Tests disponibles:

Culture bactérienne

  • Isolement d'organismes vivants.
  • Type d'échantillon : fèces.
  • Avantages :
    • Relativement peu coûteux.
    • La présence de Brachyspira spp. fortement bêta-hémolytiques est associée à la virulence.
Figure 1 : Cultures en boîtes de Petri sur gélose au sang montrant des hémolyses alpha, bêta et gamma. Source : Mibilehr :  https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/deed.ene

Figure 1 : Cultures en boîtes de Petri sur gélose au sang montrant des hémolyses alpha, bêta et gamma. Source : Mibilehr :  https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/deed.ene

Tableau 1 : Relation entre la bêta-hémolyse chez Brachyspira spp. et la maladie.

Brachyspira spp. Béta-hémolyse Maladie
B. hyodysenteriae Forte Lésions de dysenterie porcine
B. hampsonii Forte Lésions de dysenterie porcine
B. suanatina Forte Lésions de dysenterie porcine
B. pilosicoli Faible Colite à spirochètes
B. murdochii Faible Colite à spirochètes
B. intermedia Faible Colite à spirochètes
B. innocens Faible Non pathogène
  • Inconvénients :
    • Moins sensible que le test PCR.
    • Croissance lente (jusqu'à 10 jours).
    • Nécessite une culture anaérobie.
    • Certaines souches moins virulentes peuvent être trouvées dans des élevages ne présentant pas de signes cliniques ou de lésions.

Sensibilité aux antimicrobiens

  • Test in vitro : capacité d'un organisme vivant à se développer sous des concentrations spécifiques de différents antimicrobiens.
  • Type d'échantillon : fèces.
  • Avantages :
    • Identification de la sensibilité ou de la résistance de souches spécifiques à des antimicrobiens courants.
  • Inconvénients :
    • Nécessite un isolat bactérien.
    • Les tests in vitro peuvent différer légèrement des résultats in vivo.
    • Certains antimicrobiens spécifiques peuvent ne pas être inclus ou nécessiter des tests spéciaux distincts.
    • Coût modéré.
    • Les résultats prennent 7 jours.

Histopathologie

  • Évalue la présence de lésions dans les tissus qui peuvent confirmer la présence d'une maladie.
  • Type d'échantillon : tissus.
  • Avantages :
    • Les lésions histopathologiques peuvent être très suggestives si de nombreux spirochètes sont trouvés près des lésions intestinales.
    • Peut détecter des formes légères de la maladie.
  • Inconvénients :
    • La fixation au formol des tissus intestinaux d'un animal récemment mort est nécessaire.
    • Les lésions sont similaires à celles d'autres maladies.

Frottis d'empreinte

  • Détecte la présence de bactéries.
  • Types d'échantillons : tissu du gros intestin, matières fécales.
  • Avantages :
    • Facile à réaliser.
      • Coloration non spécifique.
      • Microscopie à fond noir.
    • La détection d'un grand nombre de spirochètes permet d'établir un diagnostic présomptif.
Figure 2 : Graphique montrant la forme spirochète de Brachyspira spp. Source : Y_tambe. https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.en

Figure 2 : Graphique montrant la forme spirochète de Brachyspira spp. Source : Y_tambe. https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.en

  • Peut identifier des quantités faibles, modérées ou élevées de bactéries présentes.
  • Inconvénients :
    • Nécessite un nombre nettement plus élevé de bactéries présentes par rapport à la culture ou la PCR.
    • N'évalue pas la capacité hémolytique des isolats et ne permet donc pas de différencier les souches non pathogènes, la colite à spirochètes et la dysenterie porcine.

Polymerase Chain Reaction (PCR)

  • Détecte la présence d'une séquence d'acide nucléique (ADN) bactérien spécifique.
  • Types d'échantillons : tissu intestinal, écouvillons fécaux, matières fécales.
  • Avantages :
    • Sensibilité élevée.
    • La quantification par PCR est associée à la présence de lésions.
    • Coût modéré.
      • Les échantillons de matières fécales ou de tissus peuvent souvent être regroupés pour réduire les coûts et minimiser la perte de sensibilité (en particulier pour la pertinence clinique).
  • Inconvénients
    • Sensibilité élevée - confirme la présence de bactéries mais pas la maladie.
    • Des amorces appropriées sont nécessaires pour détecter et faire la différence entre Brachyspira spp.

Test d'immuno-absorption enzymatique (ELISA)

  • Détecte la présence d'anticorps.
  • Type d'échantillon : sérum.
  • Avantages :
    • Permet de détecter l'infection au niveau de l'exploitation.
    • Les anticorps peuvent durer plusieurs mois.
    • Les niveaux d'IgG sériques sont en corrélation avec la durée des signes cliniques.
  • Inconvénients :
    • Les tests ne sont pas facilement disponibles.
    • Faibles sensibilité et spécificité.
      • Utilisés pour la détection au niveau de l'élevage et non pour le diagnostic individuel de l'animal.
    • Les anticorps spécifiques et le moment de la détection peuvent varier légèrement d'un kit commercial à l'autre.
    • Souvent, les antigènes utilisés peuvent être spécifiques à certaines espèces de Brachyspira.
    • Il n'existe aucune corrélation entre les niveaux d'anticorps et la protection.
    • La protection croisée entre les espèces de Brachyspira n'est pas connue.

Interprétation des résultats :

Culture bactérienne

  • Positif : présence de bactéries.
    • Forte bêta-hémolyse - dysenterie porcine.
    • Faible bêta-hémolyse - colite à spirochètes ou non pathogène.
  • Négatif : négatif, l'animal a peut-être déjà été traité avec des antibiotiques ou l'infection est trop avancée.

Sensibilité aux antimicrobiens

  • Sensible : bon choix de traitement possible si l'antimicrobien peut atteindre le tissu cible.
  • Résistant : un autre antimicrobien doit être choisi.
  • CMI : si la CMI (concentration minimale inhibitrice) est réalisée, s'assurer que l'antimicrobien sélectionné atteint la valeur de CMI indiquée dans l'organe cible.

Histopathologie

  • Positif : la présence de spirochètes à proximité des lésions constitue un diagnostic de présomption.
  • Négatif : pas de lésions intestinales.

Frottis d'empreinte

  • Nombre de spirochètes présents :
    • Élevé : très évocateur de la maladie.
    • Modéré : interprétation variable.
    • Faible : valeur douteuse (il peut s'agir d'une affection non pathogène ou chronique).
    • Absent : l'animal a peut-être déjà été traité avec des antibiotiques ou le résultat n'est pas significatif.

PCR

  • Positive : confirme la présence de bactéries.
  • Négatif : négatif ou infection trop ancienne pour détecter les bactéries ou animal précédemment traité aux antibiotiques.

ELISA

  • Positif : exposition antérieure (>2-4 semaines) au vaccin ou aux bactéries présentes sur le terrain.
  • Négatif :
    • Négatif au vaccin ou aux bactéries présentes sur le terrain.
    • Infection trop ancienne pour être détectée.
    • L'utilisation d'antibiotiques peut inhiber la croissance bactérienne et diminuer la réponse immunitaire.

Scénarios:

Porcs charcutiers souffrant de diarrhée (aiguë)

  • Prélever des échantillons de matières fécales sur au moins 10 porcs atteints de diarrhée et non traités aux antibiotiques et les soumettre à une culture bactérienne et à une PCR par pools de 5.
  • Procéder à l'autopsie de 1 à 3 porcs morts récemment ou euthanasier des porcs atteints de diarrhée. Évaluer macroscopiquement le gros intestin (en particulier le cæcum et le côlon spiral) et le fixer dans du formol pour l'histopathologie.

Diagnostic d'antécédents chroniques de dysenterie porcine, mais aucun signe clinique n'est observé.

  • Prélever des échantillons fécaux dans 4 à 6 cases et les envoyer pour PCR.
  • Prélever des échantillons sur 15 à 20 porcs à l'âge de 14 et 18 semaines.
    • Deux approches pour les prélèvements :
      • Transversale - prélever des échantillons dans différents groupes d'âge en même temps (permet d'obtenir des résultats plus rapidement).
      • Longitudinale - prélever des échantillons sur les mêmes porcs au fil du temps (résultats plus précis).
    • Analyse des échantillons de sérum par ELISA.

Consultez le ”guide des maladies” pour plus d’informations

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