Lors de la visite de l’élevage
La symptomatologie clinique la plus caractéristique d'un élevage touché par la MAP correspond à une augmentation du pourcentage de porcs de post-sevrage et / ou d'engraissement ayant un retard de croissance (et donc une augmentation du nombre de traînards) et une augmentation de la mortalité, généralement associée à cet amaigrissement.
Exemple de l’évolution du taux de mortalité en post-sevrage dans un élevage où la MAP doit être suspectée.
Cet élevage a connu, à partir du lot 22, une augmentation marquée du taux de mortalité, surtout associée à la présence de porcs amaigris. |
Porcs de 2 (à gauche) et 3 mois (à droite) atteints de MAP. Notez l'épine dorsale marquée, signe de retard de croissance.
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Distribution par âge de 362 porcs pour lesquels le laboratoire d’analyse a confirmé le diagnostic de MAP.
90 % des cas sont répartis entre 2 et 3,5 mois d’âge. (Source : Service de Diagnostic Pathologique de la Faculté de Vétérinaire de Barcelone) |
Parallèlement, les porcs d'un élevage atteints de MAP peuvent présenter d'autres maladies qui entraînent, à leur tour, d'autres signes cliniques que la pâleur et l'émaciation. C'est pourquoi, le tableau clinique final sera un mélange de tout ce dont, à un moment donné, souffriront les animaux de cet élevage.
Une série de données épidémiologiques permet, parallèlement à la symptomatologie, de suspecter un cas de MAP.
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Aspects épidémiologiques à considérer comme importants pour suspecter une MAP à l’échelle d’un lot ou d’un élevage | |
Apparition | Maladie individuelle : peu d’animaux d’une même case présentent le tableau clinique classique. |
Age d'apparition | Entre 6 et 14 semaines d'âge (des cas extrêmes jusqu'à 18 - 20 semaines d'âge). |
Truie (“effet truie” ou “effet portée”) | Les porcelets issus de truies infectées par le PCV2 autour de la mise-bas ou avec un faible titre d'anticorps contre ce virus sont plus susceptibles d'être touchés par la maladie. |
Sexe | Mortalité plus importante chez les mâles que chez femelles. |
Morbidité | Variable, mais généralement entre 4 et 30 % (cas extrêmes jusqu'à 60 - 70 %). |
Taux de récupération | Environ 30 à 70 % des animaux survivent ; le reste restant des « traînards ». |
Génétique | Sur le terrain, il est considéré que des lignées génétiques ont une sensibilité plus importante que d’autres. Cela n’est pas démontré expérimentalement à ce jour. |
Réponse au traitement antibiotique | Pratiquement aucune réponse au traitement ; effet potentiellement visible dans quelques élevages où il existe une pression d’infection bactérienne élevée. |
Durée d’évolution clinique sur un lot d’animaux | Généralement 1 à 2 mois. |
Durée du processus clinique dans un élevage | Très variable, depuis l'affection seulement de 1 ou 2 lots jusqu'à des valeurs significativement augmentées de mortalité et d'amaigrissement pendant 2 à 3 ans. |
Quels critères retenir ?
Il est aujourd’hui reconnu que des cas individuels de MAP se rencontrent aussi bien dans les élevages subissant la forme épizootique de la maladie que dans des élevages aux très bons résultats de production, avec une faible mortalité en post-sevrage et en engraissement.
Par conséquent, bien que les critères de diagnostic individuels soient strictement nécessaires pour fonder le diagnostic de MAP, il est nécessaire de prendre en compte le contexte d’un élevage, celui-ci étant compris comme l’ensemble des animaux (et non une sous-population, comme les charcutiers ou les gestantes).
Le consortium européen de recherche sur le PCV2 et ses maladies associées a permis de proposer deux grands critères, pour le diagnostic à l’échelle de l’élevage :
1. le processus clinique global, caractérisé par une augmentation significative du pourcentage de mortalité et de porcs avec amaigrissement en post-sevrage / engraissement, par rapport aux niveaux historiques de l’élevage,
2. le diagnostic individuel de la MAP sur un lot de porcs de l’élevage (en appliquant préalablement les trois critères individuels précédemment détaillés).
Premier critère : quand considérer que l'augmentation de la mortalité et du pourcentage de porcs avec amaigrissement est significative ?
Les bases du calcul effectué pour ce premier élément se réfèrent aux bio-statistiques.
Critères statistiques : l'augmentation ou la baisse significative d'une variante qui suit une distribution normale est établie sur la base de la moyenne plus le double de l’écart-type (S), de façon à ce que 95 % des observations possibles soient prises en compte (95 % de confiance).
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Critères biologiques : en cas de maladie, comme dans la MAP, on pourra seulement s’intéresser à une augmentation des valeurs négatives (mortalité par exemple).
Par conséquent, si on veut inclure 95 % des observations (95 % de confiance), on y arrivera alors sur la base de la moyenne plus l’écart-type multiplié par 1,66. |
Dans une distribution normale, la moyenne plus / moins le double de l'écart-type (S) comprend 95 % des observations. Les 5 % restants se répartissent : 2.5 % à droite et 2.5 % à gauche de la courbe.
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Dans le contexte d'une maladie qui peut seulement entraîner une augmentation de la mortalité ou d'animaux malades, la moyenne plus l'écart-type (S) multiplié par 1,66 inclut 95 % des observations. Les 5 % restants sont exclusivement réparties à droite de la courbe.
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Par conséquent, le premier critère de diagnostic d’élevage de la MAP, impose de reprendre les données historiques de l'élevage. | |||
En pratique, le vétérinaire qui suspecte la présence de MAP fondera son diagnostic sur l'évolution du taux de pertes selon la formule :
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Ce premier critère correspondrait à la définition d'un épisode aigu de maladie, or il est nécessaire de l'adapter aux élevages, aujourd'hui nombreux, qui se trouvent en phase enzootique de la MAP. Dans ce cas, la définition proposée pour le diagnostic d'élevage serait : |
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Processus clinique caractérisé par un pourcentage élevé de mortalité et de porcs avec amaigrissement en post-sevrage / engraissement observé en continu dans l'élevage.
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Second critère : combien d'animaux doivent être envoyés au laboratoire pour confirmer la présence de MAP dans l'élevage ?
Une maladie est considérée comme dominante dans un élevage quand au moins 50 % des animaux qui meurent ou qui sont malades sont touchés par cette maladie. Aussi, n’envoyer qu’un porc au laboratoire d’analyses comporte un très grand risque (au moins 50 % dans le pire des cas) de passer à côté du diagnostic. Pour éviter d’aller dans l’autre extrême, qui serait d’envoyer un nombre immodéré d’animaux, il est à nouveau possible d’avoir recours à des critères statistiques. La question devient alors :
Combien d’animaux doit-on analyser pour détecter au moins un animal souffrant de la maladie dominante (incidence d’au moins 50 %) avec un niveau de confiance de 95 % ?
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Les abaques statistiques indiquent que, dans cette situation, et indépendamment du nombre total d’animaux malades, 5 porcs devraient être analysés.
Toutefois, l’expérience montre qu’en présence de MAP, au moins 60-70 % des animaux qui meurent en post-sevrage ont des signes révélateurs de cette maladie. Pour cela, et en appliquant encore une fois les abaques statistiques, il apparaît que l’autopsie et l’analyse de laboratoire de 3 ou 4 porcs seraient suffisantes pour confirmer l’existence de la maladie.
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C’est pourquoi, le deuxième critère du diagnostic d’élevage de la MAP se définit ainsi : diagnostic individuel de MAP sur 3 à 5 porcs malades (en appliquant à chacun les trois critères individuels présentés dans la rubrique “diagnostic individuel de la MAP”).
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Diagnostic global du problème d'élevage
Ce diagnostic global est le résumé des diagnostics cliniques et de laboratoire, qui permettent de détailler les différents composants associés à l’apparition de la maladie, avec l’objectif de les éliminer, de les combattre ou de les minimiser.
Il est ainsi possible de résumer cette approche globale du diagnostic de l’élevage à suspicion de MAP de la façon suivante :
Le diagnostic global permet :
- de savoir si le problème clinique détecté est réellement la MAP,
- de connaître quels autres processus pathologiques sont présents avec la MAP, - d'appliquer une stratégie de traitement ou de prévention spécifique face à ces pathologies, - au cas où le processus clinique ne serait pas la MAP, de connaître la cause ou les causes de la maladie clinique et, donc, d’appliquer le traitement ou la prévention spécifique contre celles-ci. |
Adaptée à la situation française et actualisée par les Drs JB Herin,N. Bridoux et F. Joisel