Le diagnostic différentiel de la MAP peut être compliqué et ne s’entend qu’à l’échelle d’un élevage, puisqu’au plan individuel, un seul animal peut ne pas présenter tous les signes déterminants sur lesquels se fonde la définition de la maladie (voir ci-dessous).
Le diagnostic différentiel dépend du signe clinique dominant dans l’élevage, et, dans tous les cas, doit envisager toutes les maladies qui entraînent un amaigrissement.
Principales maladies de l'élevage porcin entraînant de l'amaigrissement en post-sevrage et / ou en engraissement |
SDRP (forme respiratoire) |
Maladie respiratoire enzootique |
Maladie de Glässer |
Colibacillose post-sevrage |
Adénomatose intestinale porcine (infection par Lawsonia intracellularis) |
Ulcère gastrique de la pars œsophagica |
Dysenterie porcine, infection par Brachyspira hyodysenteriae |
Spirochétose intestinale porcine, infection par Brachyspira pilosicoli |
Epérithrozoonose |
La forme respiratoire du SDRP est l’entité clinique à inclure au premier rang de la liste du diagnostic différentiel. C’est la source la plus fréquente de confusion avec la MAP car le SDRP est présent dans la plupart des pays où la MAP existe aussi, ce qui rend la distinction entre l’une et l’autre maladie délicate au plan clinique. À nouveau, une série de tests diagnostiques de laboratoire s’impose.
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Quelles lésions peuvent être attribuées au PCV2 ?
Amaigrissement : épine dorsale marquée
Conséquence habituelle de l'infection par le PCV2 sur des animaux qui développent cliniquement la MAP.
Absence d'atélectasie
Pneumonie interstitielle très probable. Conséquence habituelle de l'infection par le PCV2, même si elle peut être provoquée par d’autres virus, dont celui du SDRP ou par l’effet synergique de plusieurs virus.
Consolidation pulmonaire crânio-ventrale
Bronchopneumonie catarrhale purulente - bactérienne. Dans le cas de la MAP, il s’agit d’une co-infection bactérienne. Ce n'est pas une lésion provoquée par le PCV2, bien qu'elle puisse être facilitée par un état d'immunodépression, avéré lors de MAP.
Atteinte des ganglions lymphatiques
Conséquence caractéristique de l'infection par le PCV2 chez des animaux qui développent cliniquement la MAP. Cela est lié à une profonde atteinte et à une modification des populations de cellules lymphoïdes.
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Ulcère de l'estomac
Pathologie d'origine multifactorielle. Cette lésion est fréquente lors d'atteinte par le PCV2, à cause de l'état d'amaigrissement et donc d’un jeûne prolongé (ce qui favorise l'ulcère de type peptique). Ce n'est pas une lésion provoquée par le PCV2.
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Sérosite (mono ou polysérosite)
Infection bactérienne systémique touchant une ou plusieurs séreuses. Il peut s'agir de lésions de type fibrineux (aiguës), dans lesquelles il est logique d'essayer d'isoler l'agent responsable ou de lésions de type fibreux (chroniques), où l'agent est difficilement identifiable. Haemophilus parasuis ou Streptococcus suis sont fréquemment à l'origine de telles lésions. Ce n'est pas une lésion provoquée par le PCV2.
Reins avec des foyers blanchâtres multifocaux
Il s’agit très probablement de néphrite interstitielle. C'est une lésion banale qui est associée à l'infection par le PCV2, mais qui peut avoir d'autres origines.
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Atrophie séreuse de la graisse
Gélatinisation de la graisse due à la mobilisation des graisses de réserve par un animal qui perd du poids. C'est une observation courante sur des animaux atteints de la MAP qui ne meurent pas en phase aiguë ou subaiguë. Ils évoluent vers une maladie chronique.
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Excréments pâteux (colite catarrhale)
La liste d'agents infectieux qui peuvent potentiellement donner ce tableau est relativement vaste (sans oublier les origines alimentaires). Son diagnostic étiologique doit être confié au laboratoire d'analyses. Le PCV2 peut être la cause de telles diarrhées, alors accompagnées d'une entérocolite granulomateuse (rare).
Atrophie hépatique / hépatomégalie
Conséquence occasionnelle ou très occasionnelle de l'infection par le PCV2 sur des animaux qui développent cliniquement une MAP et qui présentent un ictère, et par conséquent une coloration orangée de la graisse. Cela correspond systématiquement à une inflammation (hépatite) grave du foie.
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Colite fibrino-nécrosante
Il s'agit de lésions provoquées par une infection bactérienne intestinale, probablement par Salmonella spp. ou Brachyspira hyodysenteriae. Ce n'est pas une lésion provoquée par le PCV2.
Nécrose des ganglions lymphatiques
C'est une conséquence occasionnelle ou très occasionnelle de l'infection par le PCV2 d'animaux développant la MAP.
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Pneumonie nécrosante
Infection bactérienne respiratoire, très probablement due à Actinobacillus pleuropneumoniae ou Pasteurella multocida.
Ce n'est pas une lésion provoquée par le PCV2.
Quel est l'intérêt d'une définition stricte de la MAP ?
La définition proposée d’un élevage atteint de MAP (voir le chapitre “diagnostic de troupeau”) n’a pas la prétention d’être unique, mais est consensuelle au moins en Europe, et prend en compte des critères aisés à mettre en application..
INTERET Nº 1 : établissement de critères de diagnostic objectifs
Il est très possible que, au vu de la polémique créée autour de la nature de l’agent étiologique de la MAP à la fin des années 90, la sémiologie qui s’est imposée soit plus exigeante que ce qui est généralement retenu pour diagnostiquer toute autre maladie. Cependant, cela a permis d’ordonner les connaissances sur la MAP, et d’établir de façon très précise une définition diagnostique.
INTERET Nº 2 : un élément de décision objective quant à l'utilisation ou non d'un vaccin ou d'autres stratégies possibles de contrôle.
Un vaccin contre le PCV2 est disponible sur le marché, dans l’objectif de contrôler la MAP. Comme cette maladie présente une symptomatologie clinique assez peu spécifique (beaucoup d’autres maladies provoquent un amaigrissement du porc), son diagnostic précis est fondamental pour établir les critères objectifs de prescription du vaccin.
Adaptée à la situation française et actualisée par les Drs JB Herin,N. Bridoux et F. Joisel