Dans toute l’Europe souffle un air d’exceptionnalité, les prix ont battu tous les records et la situation s’est pleinement consolidée. L’Allemagne est toujours leader (+ 3 centimes sur son avant-dernier marché), une situation dont personne n’avait su prognostiquer la magnitude.
Prix des 10 dernières années en Allemagne
Prix des 10 dernières années en France
Prix des 10 dernières années aux Pays-Bas
Prix des 10 dernières années en Espagne
La cause ultime de ce qui est en train de se passer doit être cherchée dans la rétraction de l’offre pour les facteurs énumérés à d’autres occasions : imminence de l’application de la loi sur le bien-être animal, découragement des éleveurs qui ont abandonné l’activité et le recul du remplacement des mères attribuable à la faible ou nulle rentabilité des dernières années. Rien n’est gratuit et dans ce cas l’addition de facteurs plus ou moins apparents a débouché sur une situation totalement nouvelle, le “scénario inconnu”, titre de notre commentaire d’il y a trois mois. Le caractère formidable de la situation est qu’il concerne toute l’Union Européenne, avec un mimétisme difficile à expliquer.
La virulence et l’amplitude du changement ont surpris. Nous commençons à présent le mois d’octobre avec la nette impression d’avoir consolidé une nouvelle position pas encore transmise pleinement à la grande distribution, qui n’aura pas d’autre choix que de prendre le train en marche. Il n’existe aucune autre alternative satisfaisante et on ne peut pas improviser.
Nous constatons ce qui peut sembler un paradoxe mais le fait est qu’en Amérique du Nord (USA et Canada) les cours se sont effondrés entre les semaines 26 (fin juin) et 38. La chute a été brutale, de plus de 35% bien que la baisse se soit arrêtée maintenant et qu’aux USA les prix ont fait un bond de 17% en seulement deux semaines… La globalisation a ses lacunes et les vases communicants ne semblent pas fonctionner de manière fluide au niveau mondial.
Prix des 10 dernières années aux Etats-Unis
Il est vrai qu’en Espagne le compte d’exploitation des élevages porcins s’est renversé. La marge est plus que correcte et devrait suffire –étant donnée sa persistance- pour renflouer les dettes, combler les trous et envisager le futur avec optimisme, ce dont on avait bien besoin.
Octobre se présente avec une plus grande fluidité de l’offre, le marché a déjà atteint le maximum annuel et il nous semble que la baisse sera lente et graduelle mais inévitable. Il faudra attendre deux, trois ou quatre semaines mais le prix cèdera. Quoi qu’il arrive, personne ne pourra nier que “cet automne ne sera pas comme celui d’autres années” comme nous l’avions manifesté littéralement il y a deux mois.
Quelquefois la persistance se voit récompensée.
Le créateur de Sherlock Holmes, Sir Arthur Conan Doyle, dit: “lorsque vous avez éliminé l’impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité.”
Guillem Burset