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Expérience de mise en place d'un aliment de péripartum

Les inconvénients de conduite qu’implique le fait d’ajouter un aliment de plus sont compensés par l'amélioration des résultats de production et par la diminution des problèmes en salles de mise-bas.

10 Février 2017
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Pourquoi utiliser un aliment spécifique pour le peripartum

L’un des principaux problèmes auquel fait face la production de truies hyper prolifiques est la mortalité élevée des porcelets et le poids des porcelets au sevrage en raison de la production limitée de lait

Figure 1. Truie récemment entrée en maternité (photo Granja Escoda).
Figure 1. Truie récemment entrée en maternité (photo Granja Escoda).

Il y a toujours plus de publications dans la bibliographie récente qui montrent que des nutriments spécifiques et que des habitudes de consommation d’aliment en peripartum aident à améliorer la survie et la croissance des porcelets pendant la lactation. Quelques exemples sont :

  • Un apport élevé en fibre sur la dernière semaine de gestation augmente le pourcentage de graisse dans le colostrum, l’ingestion du colostrum des porcelets plus petits et diminue la mortalité pré-sevrage (F. Loisel 2013).
  • Quand l’apport de nutriments par la ration est faible ou si on rationne excessivement avant la mise-bas, la truie entre en catabolisme. Cela augmente la production de corps cétoniques qui peuvent entraîner de la cétose qui, bien que ne produisant généralement pas de symptômes cliniques, peut conduire à une production non optimale (Theil et al 2013).
  • Les truies qui sont cataboliques dans les dernières semaines de gestation ont une plus faible production de colostrum (Decalowe 2013).
  • Plus la balance électrolytique de l’aliment est faible (Na + K – Cl), plus le pH de l’urine et la contamination bactérienne seront faibles (DeRouchez 2003).
  • Les grosses truies à la mise-bas (> 23 mm P2) produisent moins de colostrum, c’est pourquoi on doit éviter un engraissement excessif pendant la gestation (Decalowe 2014).
  • Les truies avec une ingestion élevée d’aliment (> 4 kg contre 1,5 kg) sur la dernière semaine de gestation produisent plus de colostrum (3,999 kg contre 3,503 kg) (Decalowe 2014).
  • Plus l’ingestion de colostrum par kg de PV de porcelet est importante, meilleurs sont le gain de poids journalier et la survie des porcelets (Decalowe 2014).

Pour cela, les usines d’aliment et les entreprises génétiques sont de plus en plus nombreuses à recommander de maintenir la consommation de fin de gestation jusqu’au jour de la mise-bas ou d’augmenter l’ingestion de nutriments en péripartum, par une augmentation de la consommation ou de la concentration de l’aliment sur cette période.

Le péripartum comprend la période qui va de 5 à 7 jours avant la mise-bas jusqu’à 2 jours après la mise-bas. Sur cette période des changements substantiels et assez brusques arriveront chez la truie.

En fin de gestation, il y a des changements hormonaux drastiques. Les fœtus commencent à sécréter du cortisol dû au stress dont ils souffrent, entraînant la mise-bas ce qui affecte la synthèse des stéroïdes de la truie. Les niveaux d’œstrogènes augmentent, en indusant la sécrétion de prostaglandines, qui provoqueront la lutéolyse et la diminution conséquente de la progestérone. Cela arrive environ deux jours avant la mise-bas.

Un autre aspect auquel on doit prêter attention, c’est le stress de la truie qui peut augmenter ses niveaux de cortisol et provoquer des problèmes tels que des mises-bas lentes ou une diminution de la sécrétion laitière.

Pour essayer de minimiser les risques en péripartum et aider sur la transition gestation-lactation, on utilise une ration spécifique avec une faible balance électrolytique et qui incorpore des acides organiques avec l’objectif d’améliorer l’état sanitaire de la truie et de diminuer le risque d’infections urinaires. On a aussi des niveaux élevés de fibre pour diminuer le risque de constipation et d’oméga 3 qui augmentent la vitalité des porcelets.

Figure 2. Truie ayant mis bas récemment (photo Granja Escoda).
Figure 2. Truie ayant mis bas récemment (photo Granja Escoda).

 

Voyons comment on a réalisé la mise en place de l’utilisation d’un aliment pour le peripartum et les résultats obtenus dans un élevage commercial de production de porcelets de 48 mises-bas hebdomadaires.

Les truies entrent en salle de mise-bas les mercredis selon les jours moyens de gestation qui sont de 116 jours.

Le mercredi, elles mangent en gestation. Les jeudis on commence avec le pré mise-bas sur 2,8 kg en deux prises. Ceci est maintenu jusqu’au lundi.

A la première heure le lundi matin, on injecte de la prostaglandine dans la vulve des truies qui n’ont pas mis-bas. A 24 heures on administre de l’ocytocine pour déclencher la mise-bas. Le jour de la mise-bas on les laisse à jeun, sauf si la truie se lève et montre de l’inquiétude et de l’appétit : dans ce cas, on lui donnera une prise d’aliment (un peu plus d’1 kg).

Le jour suivant, on donne 3 kg de pré mise-bas en deux fois, toujours pour le terminer . Le jour suivant on donne 5 kg de pré mise-bas en deux fois et le troisième jour 5 kg d’aliment allaitante.

Depuis l’utilisation d’une alimentation spécifique en péripartum, le nombre de mises-bas assistées 

  • Moins de truies constipées,
  • Meilleure rapidité dans l’augmentation de l’ingestion de l’aliment de lactation,
  • Meilleur production laitière pendant la lactation,
  • Diminution des pertes de truies dans la salle de mise-bas de 30%,
  • Utilisation plus faible d’antibiotiques en raison de la moindre présence de pathologie,

Résultats qui ont été obtenus après 6 mois depuis la mise en place de la ration spécifique pour le péripartum par rapport à deux semestres antérieurs (tableau 1, graphiques 1 et 2).

Tableau 1. Résultats moyens des paramètres de production obtenus au dernier semestre où on a utilisé un aliment péripartum par rapport au semestre précédent et à la même période de l'année précédente (période où on n'utilsait pas d'aliemnt spécifique péripartum)

  Nb nés totaux Nb nés vivants Nb morts-nés % morts-nés Nb sevrés % de pertes en lactation Nombre de portées
Dernier semestre (usage aliment péripartum) 15.52 13.75 1.77 11.40 12.23 11.05 1276
Semestre précédent 14.83 13.33 1.50 10.11 11.66 12.52 1189
Même semestre année précedente 14.72 13.31 1.41 9.57 11.41 14.27 1124
Graphique 1 : Survie des porcelets sevrés par rapport aux nés-totaux pendant le dernier semestre (utilisation de l’aliment péripartum) par rapport au semestre précédent et à la même période de l’année précédente (périodes pendant lesquelles on n’utilisait pas d’aliment spécifique de péripartum).
Graphique 1 : Survie des porcelets sevrés par rapport aux nés-totaux pendant le dernier semestre (utilisation de l’aliment péripartum) par rapport au semestre précédent et à la même période de l’année précédente (périodes pendant lesquelles on n’utilisait pas d’aliment spécifique de péripartum).

 

Graphique 2 : nombre de porcelets nés-vivants, totaux et sevré par portée pendant le dernier semestre (utilisation de l’aliment péripartum) par rapport au semestre précédent et à la même période de l’année précédente (périodes pendant lesquelles on n’utilisait pas d’aliment spécifique de péripartum).
Graphique 2 : nombre de porcelets nés-vivants, totaux et sevré par portée pendant le dernier semestre (utilisation de l’aliment péripartum) par rapport au semestre précédent et à la même période de l’année précédente (périodes pendant lesquelles on n’utilisait pas d’aliment spécifique de péripartum).

 

Conclusions

Le péripartum est une période critique, de laquelle peut dépendre ce qui va arriver tant à la mise-bas qu’en lactation. A partir de l’alimentation, on peut apporter des petites avancées qui peuvent présenter des améliorations significatives dans la production porcine.

Dans ce cas, on a augmenté plus les nés-totaux que les nés-vivants, ceux-ci ont présenté une meilleure vitalité et survie qu’auparavant.

Les inconvénients de conduite qu’implique le fait d’ajouter un aliment de plus au programme d’alimentation des truies, et d’avoir à le donner manuellement, avec le handicap de devoir entrer à l’intérieur de la maternité, puisqu’elles sont disposées face au mur, se voient compenser par l’amélioration des résultats de production et par la diminution des problèmes en salles de mises-bas avec donc une diminution de l’utilisation d’antibiotiques et du travail, ayant moins de portées à traiter.

On a vu aussi une augmentation dans l’ingestion totale d’aliment allaitante dont le résultat est une meilleure homogénéité et un meilleur poids des portées. On a aussi diminué les pertes et les porcelets chétifs en post-sevrage.

Figure 3. Truie allaitante (photo Granja Escoda).
Figure 3. Truie allaitante (photo Granja Escoda).

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