Le SDRP est apparu en France au début des années 90; depuis, la prévalence de l’infection est forte en Bretagne (autour de 60%) et moyenne à nulle dans les autres régions. Sous sa forme endémique actuelle et selon les sources disponibles, le coût de la maladie est estimé de 10 à 20 € par porc.
En France, il apparaît clairement que l’éradication du virus dans un élevage est un objectif tout à fait accessible. Dans certaines régions, un programme régional d’éradication a été mis en place comme en Pays de Loire. Dans le bassin de production breton, les expériences d’éradication restent des démarches individuelles d’éleveurs motivés.
Les différentes méthodes d’éradication :
Tableau 1 : Les différentes alternatives pour l’éradication du SDRP (la combinaison de deux méthodes est possible en fonction de » la typologie » du cas)
Technique | Avantages | Inconvénients |
Dépeuplement-Repeuplement (vide total de l’élevage pendant 4 à 8 semaines puis repeuplement accéléré) |
Très efficace sur la majorité des pathogènesApplicable en toute situation | Méthode lourde psychologiquement Charge de travail importante Arrêt de production et coût important |
Dépopulation partielle (vide complet du PS et/ou de l’engraissement et élimination progressive des truies positives) |
Préservation de la valeur génétique | Recherche d’engraissement hors site Applicable en élevage de naissage stabilisé uniquement et en fonction de la typologie des PS-E |
Test et élimination (sérologie et PCR sur le sang de toutes les truies le même jour et élimination en même temps de toutes les truies positives à l’un ou l’autre des tests) |
Assez simple Peu de maintenance Efficace sur le germe cible |
Applicable en élevage de naissage stabilisé uniquement Potentiellement coûteux (fonction du nombre de truies à éliminer et leur stade) |
Renouvellement complet et progressif du cheptel truies (renouvellement du cheptel bande à bande en présence de l’ancien cheptel) |
Simple Pas d’arrêt de production Peu coûteux (risque de baisse de production limité) Possibilité d’application à d’autres pathogènes (actinobacillose) |
Risque de déstabilisation de l’élevage (introduction d’un grand nombre de cochettes) Stabilisation au préalable indispensable |
Vaccination de masse et marche en avant (vaccination de tous les animaux sur site et marche en avant stricte et séparation physique des animaux anciens vaccinés et des animaux « naïfs » nouvellement entrés ou sévrés et non vaccinés) |
Pas d’arrêt de production Applicable en élevage instable |
Investissement vaccinal Charge de travail importante |
Fermeture de l’élevage | Faible coût d’analyse ou de médicalisation Peu de maintenance |
Arrêt d’incorporation de cochettes sur une très longue période Stratégie de long terme |
Les éléments à prendre en compte dans la décision d’éradiquer :
La nécessité de reçevoir des cochettes provenant d'un élevage indemne de SDRP devrait être une règle admise par tous |
La localisation de l’exploitation : situation en zone de forte ou de faible densité porcine, orientation par rapport aux vents dominants, aux routes passagères…
La typologie de l’élevage : type de production (cochettes, porcelets…), taille de l’élevage et organisation des bâtiments.
Le niveau de biosécurité: c’est le gage le plus important pour pérenniser le statut obtenu.
Les résultats technico économiques: ils permettent de calculer la durée du retour sur investissement de la méthode choisie et de définir un seuil critique pour la décision. Le niveau de circulation virale avant application de la méthode d’éradication va conditionner le choix de la méthode.
Les chances et les difficultés du « modèle » français par rapport au modèle nord américain pour une démarche d’éradication :
Nous disposons de méthodes diagnostiques très viable pour évaluer le niveau de circulation virale des troupeaux |
Les chances:
- Nous disposons de méthodes diagnostiques très fiables pour détecter le niveau de circulation virale en élevage (PCR sur sang et organes, sérologies)
- Les souches européennes et de surcroît françaises du virus sont moins virulentes que les isolats américains, elles semblent plus stables et l’immunité croisée (vaccinale ou sauvage) plus évidente à établir.
- Le éleveurs et leurs salariés ont un bon niveau de formation et sont en général faciles à impliquer dans une démarche d’éradication.
- La taille des élevages est de dimension plus familiale ce qui augmente les chances de succés.
- Nous disposons d’outils vaccinaux (vaccins inactivés ou vivants) performants.
- Nous disposons d’un recul suffisant sur les différentes techniques à disposition pour proposer un plan viable adapté à chaque situation.
Les difficultés:
- Il est parfois difficile pour un éleveur d’obtenir de son fournisseur de génétique femelle une garantie sanitaire vis à vis du SDRP. Malheureusement, il n’y a pas de réel consensus actuellement sur ce sujet quant à la nécessité de recevoir des cochettes indemnes ce qui pourtant devrait être une règle absolue.
- On entend encore trop souvent sur le terrain que les éleveurs doivent vivre avec le virus ce qui d’une part ne veut pas dire grand chose et d’autre part est un réel danger de laisser perdurer une situation que d’autres ont déjà choisi d’affronter directement.
- Il est également difficile pour un éleveur de prévoir ce qui peut se passer quant aux circuits de livraison de ces cochettes tant au niveau d’éventuels mélanges d’origine dans les camions, de procédures de désinfection de ces camions, de circuits de livraison. Pour toutes ces raisons, une connaissance fine des enjeux lui est nécessaire et un niveau de vigilance élevé est l’unique gage de sécurité.
- Le niveau de biosécurité moyen des éleveurs n’est pas suffisant et ils doivent acquérir cette culture.
- Le système de production sur un site naisseur engraisseur peut compliquer la technique à mettre en œuvre.