Comprendre les subtilités du marché mondial du porc exige avant tout d'avoir d'excellentes informations et la capacité de les traiter. En outre, il y a toujours des facteurs ignorés (maladies, crises politiques...) qui peuvent en un instant démonter n'importe quelle hypothèse, aussi bien fondée soit-elle.
Ce prologue est intéressant pour expliquer que l'ancien champion du monde d'échecs, Anatoly Karpov, estime qu'il est toujours essentiel pour émettre un avis d'avoir toutes les données possibles, de les analyser, de les mélanger, de les recouper et, surtout, de les digérer. Après être passé sur le trône des échecs du globe, il n'a pas besoin, et ni ne veut, opiner sur le porc. Eh bien, alors nous revenons à nos affaires.
Le prix du porc en Ibérie est à son maximum de l'année, 1,246 € / kg vif. Nous en sommes arrivés là après beaucoup de hausses effectuées petit à petit. Comme nous l'avons longuement commenté dans les commentaires précédents, la viande ne réagit pas, elle n'a admis aucune augmentation pendant au moins deux mois. Tout semble indiquer que le prix actuel du bétail sera le maximum de toute l'année 2018.
En juillet il y a eu quatre sessions de marché du porc. Lors des deux premiers on a réussi à augmenter (1 centime le 5 juillet, 6 millièmes le 12 juillet) et lors des deux derniers on a eu une répétition bien qu'à rebrousse-poil car l'Allemagne a baissé sur ces mêmes deux dernières semaines (après quatre répétitions), moins trois centimes et moins deux centimes respectivement.
En ce moment, la différence du prix en carcasse sur notre marché par rapport au marché allemand (qualités équivalentes) est de plus de 16 centimes le kg. Il est facile de comprendre que cette différence pénalise nos exportations et que, comme cela arrive toujours, elle aura tendance à diminuer rapidement dès la fin du mois d'août.
La marge d'exploitation des abattoirs est négative en ce moment même. C'est pourquoi il n'y a aucun intérêt à abattre les porcs au-delà du fait de maintenir les coûts fixes à un niveau raisonnable. L'abattage reprendra lorsque l'offre sera réactivée après les jours de canicule, mais certainement pas aux prix actuels.
Nous avons commenté il y a quelques mois la similarité des prix de cette année et de ceux de 2015. En 2015, nous avions en cette même semaine un prix moyen de 1,15 €/kg vif. Cette année nous en sommes à 1,13. La moyenne annuelle en 2015 a été de 1,13. Voyons voir si cette année nous serons à 1,11 €/kg en moyenne annuelle. De toute façon, ce ne sera pas facile.
L'automne s'annonce plein : beaucoup d'offre et beaucoup d'inconnues. Nous savons que notre marché primordial est le Monde et nous ne connaissons pas sa réceptivité. Ce que nous savons, c'est que dans le "monde mondial" les prix du bétail sont à une ou deux marches en dessous de notre niveau...
D'ici à la fin de l'année, il ne nous reste plus qu'à descendre et il reste à définir à quel rythme. Nous craignons bien qu'en décembre l'ambiance sera au pessimisme mais ce n'est qu'une impression. Nous connaîtrons la réalité lorsqu'elle arrivera.
Comme le disait Sénèque : "Les bras de la fortune ne sont pas très longs : ils ont tendance à s'appuyer sur ceux qui se rapprochent le plus d'elle."
Guillem Burset