Après la frénésie sur les achats de « panique » suite aux mesures de confinement, la demande sur les marchés intérieurs s’est peu à peu calmée et les achats pour la consommation à domicile ne compensent pas entièrement la perte des ventes des produits pour la consommation hors foyer. Même si les annonces anticipées d’éleveurs sont moins nombreuses et que la production porcine entre dans une période de baisse saisonnière des offres, la demande des abattoirs s’est elle-même réduite par manque de visibilité, par manque de commande ou par manque de personnel. En fonction des tendances de production actuelles ou des orientations commerciales, les positions de prix sur le marché européen sont entre stabilité et baisse de cours.
En Allemagne, où les offres ne sont pas pléthoriques, le rapport offre / demande est revenu à l’équilibre et une nouvelle reconduction de la référence officielle a été enregistrée. Les abattages sont en baisse de 5,5 % pour la semaine 13 et les poids moyens baissent également. La demande du secteur de la distribution est calme tandis que celle du secteur de la transformation est jugée satisfaisante. Malgré le contexte particulier, le démarrage des ventes des produits à griller est jugé optimiste pour les jours à venir et le commerce à destination de la Chine continue de s’améliorer. Un point noir se dessine cependant avec la proximité de Pâques et l’éventuel départ des employés originaires de l’Europe de l’Est qui pourraient, une fois rentrés chez eux, ne pas pouvoir franchir à nouveau la frontière.
Au Danemark, le prix d’acompte est resté stable, soutenu par des ventes à l’export toujours satisfaisantes et rémunératrices.
En Belgique, un changement d’atmosphère sur les marchés intérieurs et extérieurs a été perceptible la semaine passée avec la fin des achats de panique des consommateurs. La demande est modérée, les ventes de la longe sont particulièrement laborieuses. Dans ce contexte, le prix du kilo vif a baissé de 2 cents du kilo vif.
De la même manière, l’Autriche, qui a tendance à suivre habituellement l’orientation allemande, a baissé son cours de 2 cents. Ici aussi, la fermeture des restaurants et des collectivités n’a pas été complètement compensée par la consommation à domicile. Le marché accuse des retards d’autant plus que les exportations pays tiers ne sont pas à la hauteur des attentes, en particulier vers la Chine. Le recours à la congélation est de plus en plus pratiqué avec l’espoir que la saison des barbecues vienne dynamiser le commerce intérieur.
En Espagne, un relatif équilibre est revenu dans le commerce des porcs vivants. Cependant, les abattoirs doivent faire face, de plus en plus, à l’absence du personnel ce qui impacte fortement leur activité. Pour le moment, les poids baissent encore mais très lentement. Sur le marché de la viande, la demande intérieure est calme après l’euphorie de premiers jours de confinement. Les exportations vers la Chine progressent peu à peu mais la fluidité du trafic vers l’Asie ne sera réellement rétablie que vers la fin du mois d’avril avec le retour de la totalité des containers. La demande inhérente aux fêtes pascales sera très impactée par l’absence de touristes et par l’annulation des fêtes qui s’étirent tout au long de la semaine Sainte.
En Italie, la baisse maximum de 5 cents du cours du porc a été publiée. L’activité a été fortement réduite depuis la propagation de l’épidémie. Les entreprises de transformation sont au ralenti tandis que le commerce de la viande fraîche se porte mieux. La panique des producteurs de porcs a généré beaucoup d’anticipation d’annonces et déséquilibré les marchés.
Aux Etats-Unis, les prix sont repartis en légère baisse depuis le début de la semaine dernière. Au cours des quatre dernières semaines, l'abattage de porcs a été en moyenne de 8,5 % supérieur comparé à il y a un an. Le recensement du cheptel au 1er mars montre une augmentation de 4% du cheptel total (77,6 M) et de 0,4% du cheptel reproducteur. Les stocks de porcs seront abondants ce printemps et cet été, mais le taux de croissance ralentira vers la fin de l'année et le début de 2021. Le principal problème du marché du porc en ce moment reste la demande. Même si certains stocks sont un peu moins élevés que prévu, ils laissent présager une offre de porc record à un moment où la demande intérieure est très incertaine et où la demande à l'exportation continue de dépendre des achats de la Chine. La force du dollar américain a également eu un impact négatif sur les perspectives d'exportation vers des marchés tels que le Mexique, la Colombie, l'Australie, …
En Chine, le cours moyen est toujours à la baisse mais reste supérieur de 135,2% à la même référence 2019. Au cours des deux premiers mois de 2020, les importations chinoises de porc frais / congelé (à l'exclusion des sous-produits) ont augmenté de 158 % par rapport à la même période l'an dernier, a rapporté l'agence Reuters. Les chiffres du commerce chinois montrent que les importations de porc pour les deux premiers mois de 2020 totalisent 560 000 tonnes. Cela fait également suite à une importation record de 270 000 tonnes en décembre.
MPB : 1,513 euro (moins 1 cent lundi, moins 2,9 cents jeudi)
La période de stabilité du cours n’aura pas fait long feu. La baisse de 1 centime à l’issue de la vente du lundi avait laissé peu de doute sur le résultat de la vente de jeudi. Cela s’est confirmé avec une baisse plus prononcée de 2,9 cents jeudi pour un total de près de 4 centimes dans la semaine. Le cours s’établit ainsi à 1,513 euro. Le nombre d’invendus est faible, le contexte actuel exceptionnel qui plonge le commerce du porc dans une grande incertitude, ne permet pas aux groupements vendeurs de résister à la pression des abattoirs. La demande intérieure est calme et n’est pas autant compensée, comme c’est le cas dans d’autres pays européens, par un commerce à l’export plus dynamique. L’activité d’abattage sur la zone Uniporc Ouest s’est élevée à 365 775 porcs. C’est légèrement supérieur à l’activité précédente, mais d’un bas niveau comparé à l’an passé : 382 116 porcs, soit une baisse de 16 341 porcs (-4,3%). Les poids moyens augmentent de 74 g à 96,05 kilos. La production porcine française va entrer dans un cycle de baisse saisonnière, mais la proximité des fériés de Pâques et de mai va générer comme chaque année des retards d’enlèvement et pourraient fragiliser encore plus les marchés !