M. Collel insiste à juste titre sur la politique de réforme des truies. En France, 40 à 50% des truies sont réformées chaque année et les candidates doivent être sélectionnées en maternité.
Savoir réformer!
En fonction du taux de fertilité de l'élevage et de la saison, on choisira tout de même d'inséminer un nombre de truies suffisant afin d'avoir des bandes complètes même s'il faut en réformer certaines après les échographies.
Il est important de contrôler fréquemment la démographie de son troupeau afin de vérifier que l'on ne s'écarte pas trop de l'histogramme suivant :
Un vieillissement du troupeau peut engendrer une baisse de production (liée à des problèmes urinaires, baisse de la fertilité, de la prolificité, augmentation de la mortinatalité, …) et l'obligation un jour ou l'autre d'augmenter le renouvellement pour rajeunir le cheptel avec également des risques (recirculation virale comme le SDRP, augmentation des diarrhées néonatales, …)
Il est aussi important, toujours dans le but de réduire les jours improductifs, de réformer assez vite les truies en retours (il arrive parfois d'observer un taux de fertilité médiocre voire mauvais, à cause d'un taux de retours sur retours élevé alors que la fertilité sur les truies sevrées est correcte).
Une mauvaise politique de réforme est donc un facteur d'augmentation de l'ISSF.
L'intervalle sevrage-œstrus
La durée de l'intervalle sevrage-œstrus (ISO) dépend de plusieurs facteurs:
· Facteurs propres à l'animal: | ||
- La génétique (par exemple l'ISO est plus court chez la truie Landrace que chez la Large White) - Le rang de portée: (l'ISO diminue avec le nombre de cycles) |
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· Facteurs climatiques : | ||
- La saison : l'ISO est retardé en été et en début d'automne. Ceci est lié à la baisse de consommation d'aliment l'été et à la diminution de la durée du jour (d'où l'intérêt d'un programme lumineux de 14 à 16 h/jour pour les truies sevrées) - La température en maternité : une température trop élevée en maternité induit une baisse d'appétit des truies. |
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· Facteurs liés à la conduite : | ||
- La présence du verrat et sa bonne utilisation - L'alimentation: |
Il est vrai que les études réalisées sur l'augmentation de la ration alimentaire entre le sevrage et l'oestrus ont souvent donné des résultats inconstants et parfois même contradictoires (études effectuées dans les années 70-80 avec des niveaux de production bien inférieurs à aujourd'hui). Néanmoins, les nutriments (glucose, acides aminés, acides gras libres notamment) et certaines hormones impliquées dans la régulation du métabolisme (insuline, GH, cortisol) semblent jouer un rôle plus ou moins important dans la régulation de la sécrétion des hormones gonadotropes (FSH et LH) (Booth 1990, Barb et al. 1995 et 1998, Prunier et al. 1993, Cox et al. 1997 etc … ).
On peut donc penser que non seulement l'alimentation en gestation et en lactation (surtout l'apport protéique et énergétique) mais probablement aussi l'alimentation avant œstrus (surtout l'apport énergétique) jouent un rôle dans l'apparition de l'œstrus ainsi que sur le taux d'ovulation et peut-être même la survie embryonnaire.
Le rôle du flushing est probablement plus prononcé sur les jeunes truies et les truies maigres.
Avec la génétique et les niveaux de production obtenus en France, je pense donc qu'il est préférable, et l'expérience du terrain nous le confirme, de conserver la pratique du flushing alimentaire (4 kg d'aliment/jour) les 3 à 4 jours qui précèdent les venues en chaleurs.
Concernant la diète au sevrage, il est vrai que plus elle est courte, mieux c'est, mais peut-on réellement s'en passer dans tous les élevages?
Enfin pour les truies très maigres au sevrage, il faut laisser passer un cycle, toutefois il est encore préférable d'éviter d'en avoir trop ! Pour cela, on peut sevrer certaines cochettes à 21 jours et les placer sous altrenogest pendant une semaine (les porcelets peuvent rester dans les cases de maternité à condition d'ajouter des lampes). On peut aussi limiter le nombre de porcelets sous certaines truies peu en état à l'entrée en maternité. Attention toutefois de laisser suffisamment de porcelets sous les truies car il est possible, sinon, d'avoir des venues en chaleurs en maternité (le 2ème tableau de l'article de M. Collel montre que le sevrage partiel augmente le risque de venues en chaleurs précoces).