Introduction
La nouvelle législation relative au bien-être animal chez l'espèce porcine propose des changements importants en matière de logement et de management des truies, comme nous l'avons vu au chapitre précédent. Cependant, il existe d'autres propositions majeures qui ont des conséquences sur d'autres animaux, mais également sur le personnel de l'exploitation.
Dans le cadre de cette législation, trois aspects sont fondamentaux : la densité des animaux, les caractéristiques du sol et la formation du personnel.
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La densité des animaux
Le tableau 1 indique l'espace disponible par animal selon son poids.
Nous avons évoqué dans le chapitre précédent le cas précis des femelles gestantes. Il est possible que les densités communément appliquées dans la pratique soient inférieures à celles établies par la législation. Un rapport est en cours de préparation sur ce sujet qui pourrait entraîner une modification de la directive actuelle qui concerne la densité des animaux à l'engrais.
Caractéristiques du sol
Les nouvelles directives obligeront à disposer d'au moins 1,3 m² par femelle gestante logée en groupe sur sol continu compact avec un maximum de 15 % de cette superficie réservée aux sorties d'évacuation.
En outre, des mesures concrètes sont proposées pour les caillebotis, la largeur des lattes ainsi que l'espace entre elles étant définis. La figure 1 présente ces mesures selon le type d'animal.
La définition de la largeur des lattes et de l'espace entre elles s'appuie clairement sur le rapport entre les mensurations de l'animal et le risque de blessures. Certes, cette mesure est susceptible d'avoir des conséquences financières pour l'éleveur mais il ne fait aucun doute que l'amélioration tant au niveau de la productivité que du bien-être sera suffisamment notable.
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Figure 1. Normes concernant les caillebotis |
Matériaux manipulables
Il est important d'éclaircir un nouvel aspect de la législation dans ce domaine : il n'est pas obligatoire de loger tous les porcs sur une litière de paille. Cette idée découle d'un autre thème auquel fait référence la nouvelle réglementation, celle d'offrir aux animaux des " matériaux manipulables ".
Il est certain que le meilleur moyen pour cela est de proposer aux porcs de la paille, mais cela ne signifie pas pour autant de les loger sur une litière de paille. L'idée est que les animaux puissent satisfaire leurs besoins de comportement exploratoire en jouant avec ces matériaux ce qui contribuera à réduire la probabilité qu'apparaissent des problèmes comportementaux tels que les stéréotypies chez les truies ou la caudophagie chez les porcs d'engraissement.
Formation du personnel
La nouvelle législation obligera, d'une part, à ce que le personnel que l'on engage pour travailler avec des animaux soit suffisamment qualifié et, d'autre part, que le personnel employé suive des cours de formation. Ainsi, les gouvernements de tous les pays membres de l'UE ont l'obligation de s'assurer qu'il existe des cours de formation, notamment en ce qui concerne " les aspects liés au bien-être animal ".
Autres aspects
L'organisme européen qui approuve les directives est la Commission Européenne (CE). Elle sollicite des rapports techniques auprès d'experts de chaque domaine. Dans notre cas, il existe un Comité Scientifique de la Santé et du Bien-être Animal qui relève de l'Autorité Européenne de Sécurité Alimentaire (AESA), chargé de réaliser des rapports sur des thèmes relatifs au bien-être animal. Pour l'heure, ce comité travaille sur divers aspects du bien-être et de la santé chez le porc.
Commentaires de l'ISPAIA
L'ISPAIA étant un centre de formation dont un des sujets phare concerne justement le dossier bien être (Etre animalier, comportements et productivité), nous ne pouvons que revenir sur les aspects formation. Nous avons traité ce sujet de manière opérationnelle au travers de la compréhension du comportement des porcs, mais aussi de l'homme envers eux. Et notre comportement peut avoir un impact énorme. Techniquement, mais aussi en terme de pénibilité de travail.
Ainsi, en comprenant mieux le fonctionnement des porcs, on exploite mieux leur potentiel (reproduction, croissance), on limite voire on évite leurs craintes, sources de blocage lors des déplacements. Bref, on travaille mieux et plus sereinement. Nous avons montré par exemple que les éleveurs qui trouvaient facile leur vaccination des cochettes en quarantaine obtenaient ce résultat parce qu'ils avaient réussi leur domestication. Dans ce contexte, le bien être des animaux comme celui des éleveurs est alors amélioré.
La formation évoquée dans la directive peut certes être perçue comme une contrainte. Elle peut être aussi transformée en atout, en véritable outil. Pour notre part, nous ne comptons plus les centaines de personnes que nous avons formées sur cette thématique alors qu'ils n'en avaient aucune obligation. Si on ajoute les modules d'animation de réunion que nous avons diffusé et les CDrom d'auto-formation, nous pouvons considérer qu'une partie non négligeable de la filière s'est spontanément impliquée, preuve si besoin était de l'intérêt des intervenants comme celui des éleveurs français.
La prise en compte du comportement animal et du bien être au sens large n'est donc pas du seul fait des scandinaves et des associations de protection animales.