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La législation relative au bien-être animal : les truies gestantes

Quant à l'élevage des truies en groupe, il doit effectivement permettre aux truies d'exprimer mieux leurs besoins comportementaux.

Introduction

Il existe actuellement un thème clé en matière de législation relative au bien-être animal : les truies gestantes. En tant qu'unité de reproduction, les truies doivent passer le plus de temps possible en gestation. Durant cette période, elles sont placées en cage à compter de la saillie et jusqu'à une semaine avant la date prévue de mise-bas. À ce moment-là, elles sont transférées en salle de maternité où elles sont placées dans des cages adaptées pour la mise-bas et l'entretien des porcelets. Une fois le sevrage effectué, elles sont placées en case jusqu'à une nouvelle période de gestation ou à nouveau dans des loges.

Les loges de gestation, ainsi que celles de mise-bas, offrent suffisamment d'espace à la truie pour qu'elle demeure couchée ou debout, mais avec une marge étroite de mouvement. Autrement dit, les truies passent 90 % de leur vie dans un espace réduit, avec des mouvements restreints.

Du point de vue de la production, ce système se justifie, principalement pour deux raisons:

-D'une part, les loges réduisent la capacité de mouvement des animaux et par conséquent leur dépense énergétique. En d'autres termes, les coûts d'entretien sont réduits.
-D'autre part, le logement individuel permet de surveiller chaque animal en particulier et d'adapter son régime selon les besoins, de façon à ce que chaque animal présente des conditions corporelles adéquates lors de la mise-bas. La truie pourra ainsi mieux surmonter la période de lactation, étape très critique, et arriver à la gestation suivante dans de bonnes conditions.

Ce point de l'alimentation individuelle soulève un troisième aspect important de la vie des ces animaux. L'alimentation des truies gestantes se présente sous la forme de ration individuelle, ajustées en fonction de leur poids et de leur état corporel.

Le système que nous venons de décrire a été conçu en s'appuyant sur la physiologie de la truie. Son efficacité ne fait aucun doute si l'on tient compte de la manière dont a évolué le secteur au cours des trente dernières années, depuis sa conception. Toutefois, nous sommes arrivés à un point où l'efficacité sans réflexion sur les besoins des animaux ne se justifie plus. De la même façon dont il y a quelques dizaines d'années le système actuel fut conçu et amélioré, se pose actuellement la question des changements (qui sans doute devront être améliorés) nécessaires pour parvenir à un système qui permette d'obtenir la même efficacité en production avec un minimum de bien-être des animaux. Les améliorations sont peut-être peu courantes en Espagne et France mais la peur de l'inconnu ne doit pas pour autant nous les faire appréhender.

De nombreux consommateurs abondent également dans ce sens car, en définitive, ce sont eux qui font pression pour que le logement et l'entretien de ces animaux soient l'objet d'une réglementation. La directive 91/630, avec les modifications 2001/88 et 2001/93, propose trois modifications notables dans l'entretien des femelles :

  • l'espace minimum disponible par animal
  • le logement des truies gestantes en groupe
  • l'apport d'aliments plus riches en fibres.
Figure 1. Placer les animaux en groupe permet aux truies gestantes d'interagir avec leurs homologues.

La justification de ces trois points, que nous expliquerons dans le prochain chapitre, se fonde sur deux éléments essentiels : une plus grande sensibilité envers les animaux et une meilleure connaissance de leur physiologie et de leur comportement. Le terme " sensibilité envers les animaux " soulève une polémique importante au sein du secteur porcin, mais il ne fait aucun doute que la société s'implique davantage sur ces thèmes en fonction de son état de développement. Le second point aborde un aspect auquel on a accordé peu d'importance lors de la conception du système actuel de production : le comportement des animaux ou plus précisément leurs besoins comportementaux. Sans entrer dans les détails, il est important de souligner que, outre les besoins physiologiques (manger, boire, etc.), les animaux ont aussi des besoins comportementaux. Chez la truie, ces besoins se résument à l'expression de comportements exploratoires, alimentaires et sociaux.

Législation relative aux truies gestantes : trois points clés

Au vu des directives mentionnées dans le paragraphe précédent, à compter de l'année 2013 (et depuis 2003 pour toutes les exploitations nouvellement construites), les exploitations auront pour obligation de satisfaire aux points suivants :

1. Disponibilité d'espace :

Chaque truie gestante devra disposer de 2,25 m² (1,64 dans le cas de cochettes).
Cet élément a pour objectif d'assurer la mobilité des animaux et de satisfaire leurs besoins comportementaux ainsi que d'éviter des problèmes d'aplombs.

2. Logement en groupes :

Figure 2. Les groupes de truies gestantes permettent aux animaux de mener à bien des comportements typiques de l'espèce.

a) Les truies gestantes seront logées en groupe de 28 jours après la saillie et jusqu'à 7 jours avant la mise-bas. Cela permettra de maintenir les animaux en cage jusqu'au diagnostic de gestation et à partir d'une semaine avant la mise-bas.

b) Les enclos mesureront au minimum 2,8 m de côté (2,4 dans le cas de groupe de moins de six animaux). Cela limite les dimensions des cases.

3. Alimentation :

a) Utilisation de systèmes d'alimentation garantissant que tous les animaux ont accès à suffisamment de ressources. Le logement en groupe suppose l'utilisation de nouveaux systèmes d'alimentation. La seule réserve émise dans ce sens est que chaque truie puisse disposer de sa ration quotidienne. Dans deux chapitres à venir, nous commenterons en détail les possibilités existantes pour le logement des truies en groupe.

b) Garantie que les aliments, ou une partie, soient suffisamment riches en fibres. Ce point a une incidence directe sur les besoins comportementaux des truies. La mastication revêt une importance particulière dans le comportement alimentaire. Toutefois, les aliments destinés à ces animaux sont élaborés de façon à ce que le contenu en protéines et en énergie soit parfaitement ajusté.

Commentaires de l'ISPAIA

Il faut bien dissocier deux notions sous peine de prendre quelques risques en élevage : permettre à une truie d'exprimer ses besoins comportementaux et lui donner de la place!
En effet, si on ne retient que la notion de place, on peut aboutir à une situation paradoxale qu'a montré Cariolet en étudiant un élevage (1991). Les cochettes en stalle large de 67 cm étaient moins fréquemment en position couchée de confort, c'est à dire sur le côté, que celles en stalle de 60 cm. A la mise bas, les cochettes en grande stalle avaient significativement plus de problèmes. L'augmentation de la place semblait donc gêner ces cochettes ! L'explication est peut être à chercher dans l'observation des truies au repos et dans l'expression de leur comportement. En situation d'élevage sur caillebotis, elles se couchent sur le flanc, les unes à côté des autres et au contact les unes des autres. L'élargissement des cases ne permettait plus alors aux cochettes de se toucher en position couchée, les amenant ainsi à adopter une position plus de lutte contre le froid, une position plus sur le ventre. Pour les multipares, les stalles de 67 cm convenaient mieux bien entendu.
Quant à l'élevage des truies en groupe, il doit effectivement permettre aux truies d'exprimer mieux leurs besoins comportementaux et les performances des élevages pratiquant déjà ce genre de conduite sont correctes (ITP, 2000). Quand on réussit l'adaptation en maternité, des améliorations de la conduite des mises bas sont même rapportées. Néanmoins, la gestion de ce mode d'élevage ne va pas forcément de soi et des " dérapages " ont été constatés. N'oublions pas que les élevages pratiquant actuellement ce type de gestion l'ont choisi. Demain, il sera imposé à tout le monde et le résultat ne sera alors peut être pas le même. Il va donc nous falloir apprendre tous à gérer les truies en groupe, à en développer les avantages pour que cette directive permette aussi aux éleveurs de bien vivre.

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