En février, le commerce extérieur a été affecté par de nombreux problèmes logistiques. En un mois, les volumes exportés par l’Union européenne sur les marchés tiers ont reculé de 15 %, pour atteindre près de 747 000 tonnes. Les exportations des pays nord-européens se sont nettement affaiblies. Les envois danois, néerlandais et allemands ont reculé de 15 à 25 % en un mois. Seuls les exportateurs espagnols et français sont parvenus à faire progresser leurs ventes sur les marchés tiers, avec des hausses respectives de 8 et 6 % entre janvier et février.
Les conséquences de l’épidémie de Covid-19 en Chine peuvent d’ores et déjà être évaluées. En février, les achats chinois se sont repliés de 13 % en un mois. Malgré ce choc de demande, les besoins se maintiennent à un haut niveau (+ 110 % en février 2020/19). Parmi les fournisseurs de la Chine, les européens voient leurs ventes baisser de 20 % entre janvier et février, tandis que les exportations américaines et brésiliennes se maintiennent sur cette période. Par ailleurs, les envois brésiliens en Chine ont continué de progresser en mars (+ 15 % en un mois).
Malgré ce contexte de crise, le marché de l’export est animé par d’autres actualités. Fin avril, la Commission européenne a conclu un accord de libre-échange avec le Mexique. Cet accord, pas encore en vigueur, stipule, entres autres, la suppression des droits de douane sur les produits à base de viande de porc. Aujourd’hui, ces tarifs peuvent atteindre jusqu’à 45 % selon les produits. Le Mexique devrait aussi clarifier les règles pour l’obtention des agréments qui font actuellement obstacle aux exportateurs européens. Les produits européens devraient ainsi être plus compétitifs et l’accès au marché mexicain serait facilité. A ce jour, les ventes de l’UE vers le Mexique sont faibles. En 2019, elles ont atteint 5 200 tonnes, soit à peine 0,5 % du total des importations mexicaines. L’Espagne est l’exportateur européen majoritaire.
Focus sur la situation perturbée aux Etats-Unis suite au Covid-19En avril, l’épidémie de Covid-19 a entraîné la fermeture simultanée d’au moins 6 grands abattoirs américains. D’autres outils n’ont pu fonctionner à pleine capacité. A l’échelle nationale, les abattages ont diminué de 30 à 40%. Ainsi, 700 000 à 1 million de porcs par semaine n’ont pu être abattus fin avril, en comparaison à une activité normale de 2,5 millions par semaine. L’excédent d’offre serait supérieur à 2 millions de porcs au début du mois de mai. Ce déséquilibre a fait plonger le prix du porc. En raison du manque de main d’oeuvre, la situation des abatteurs devrait rester difficile dans les prochaines semaines. Face à la baisse de la demande des abatteurs, de nombreux éleveurs de porcs, en particulier ceux sans contrat avec un abattoir, doivent prendre des décisions difficiles : euthanasier des porcs charcutiers ou porcelets, provoquer l’avortement des truies. Dans la plupart des cas, les deux dernières options sont choisies, car elles permettent de réduire le volume d’équarrissage. Dans ce contexte, l’augmentation de la production américaine prévue précédemment par l’USDA en 2020 (+ 5% en un an) doit être revue à la baisse. Dans les semaines à venir, les volumes produits seront préférentiellement orientés sur le marché national. L’export, encore limité par les problématiques internationales de transports de marchandises, sera impacté par la baisse de l’offre américaine. Les importateurs chinois se tournent à nouveau vers les fournisseurs de l’UE et du Brésil. |
Impact du Covid-19 sur la capacité d’abattage hebdomadaire (1 000 porcs /semaine)
Avant 30 avril | Depuis 30 avril | |
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TOTAL USA | 2754 | 1950 |
Abbatoirs avec des baisses d'activité1 | 1755 | 805 |
- outils fermés | 500 | 0 |
- outils tournant de 20 à 50 %2 | 530 | 230 |
- outils tournant à + 50 %2 | 725 | 585 |
1Certains abbatoirs américans subissent des baisses d'activité en lien avec le Covid-19
2Par rapport à leur capacité maximale
Source: IFIP d'après National Hog Farmer
Elisa Husson et Jan Peter Van Ferneij,
IFIP