Les baisses de cours ont été exceptionnellement fortes la semaine passée en Europe du Nord, conséquence de 3 semaines de fermeture de l’abattoir Tönnies à Rheda et de la suspension du droit d’exporter vers la Chine pour plusieurs abattoirs européens. L’onde de choc s’est plus ou moins propagée sur d’autres bassins de production environnants car la pression sur le marché de la viande est considérable avec des quantités de marchandises qui se retrouvent à présent sur le marché intracommunautaire alors que la demande ne décolle pas, impactée également par la crise sanitaire.
En 2 semaines, la référence officielle allemande a dévissé de 19 cents. En raison de la fermeture de l’abattoir Tönnies à Rheda‐Wiedenbrück, c’est en moyenne, chaque semaine, 70 000 porcs qui ne peuvent être abattus. La réouverture partielle de l’abattoir devrait intervenir en fin de semaine mais il faudra du temps pour retrouver une pleine capacité d’abattage et encore plus pour résorber les retards accumulés. D’autre part, il semblerait que le battage médiatique autour de cette affaire ait une incidence négative sur la consommation de viande de porc en Allemagne, déjà en repli.
Aux Pays‐Bas où 4 abattoirs ont vu leurs autorisations d’exporter vers la Chine suspendues, les cours se sont également effondrés de 19 cents. D’autres abattoirs européens se retrouvent dans l’incapacité d’exporter vers la Chine et de grands volumes de viande entrent en concurrence sur le marché européen.
Au Danemark, le prix d’acompte a été reconduit pour cette nouvelle semaine alors qu’en Belgique, le prix du kilo vif a perdu 3 cents pour un total de 17 cents en 3 semaines. En effet, le marché du porc belge dépend étroitement de l’abattage allemand qui actuellement n’importe que très peu de porcs étrangers. La situation s’empire donc de semaine en semaine. Les abattoirs tentent de réduire leurs activités car le marché intérieur est saturé de viande. Après être parvenue à maintenir la stabilité du cours la semaine passée, l’Autriche est entraînée à son tour vers la baisse en concédant 13 cents sur le prix du porc.
Comme la semaine précédente, les pays du sud de l’Europe résiste mieux à cette vague baissière. En Espagne, les fortes chaleurs ralentissent la croissance des porcs dont les poids moyens ont encore baissé sensiblement. Pour le moment, aucun abattoir ne s’est vu retirer sa licence d’exportation vers la Chine mais l’inquiétude est grande et la prudence reste de mise. Malgré une offre inférieure à la demande, le marché espagnol est affecté par la situation dans le nord de l’Europe. Les viandes espagnoles doivent rivaliser avec des volumes supplémentaires sur le marché intracommunautaire avec baisse des tarifs à la clé. Face à cette débâcle européenne, les acheteurs chinois en profitent pour mettre la pression sur les tarifs.
L’Italie semble le seul pays à connaître une tendance positive. Il est vrai que les prix avaient plongé très bas durant la période de confinement avec des baisses successives maximum de 5 cents. Actuellement, l’offre n’est pas pléthorique, la demande est bonne, les poids baissent, conséquence aussi des hautes températures. Sur le marché de la viande, les ventes de jambons sont plus fluides.
Aux Etats‐Unis, la tendance des prix reste stable à légèrement haussière mais toujours à des niveaux très bas. En raison de la fête nationale le 4 juillet, les abattages de la semaine 27 se sont élevés à 2,043 millions de têtes, 22,2% inférieurs à l’activité de la semaine précédente et 1,4 % inférieurs à l’activité de l’an passé. Les exportations totales de viande et produits porcins du mois de mai se sont élevées à 243 823 T, en hausse de 12% comparé à mai 2019, mais en baisse de 13% par rapport à la moyenne mensuelle du premier trimestre 2020. Les volumes exportés vers la Chine sont en hausse de 216% avec 108 870 T, ce qui représente 45% des exportations totales. Par contre, les autres grandes destinations sont en recul : Mexique (‐28%), Japon (‐25%), Canada (‐13%).
La hausse du cours moyen du porc se poursuit en Chine : 33,35 CNY (+ 4,1 %), en équivalent euro : 4,21 € le kilo vif. Le prix se situe 99,5% au‐dessus de la référence 2019. La tendance haussière actuelle du prix du porc provoque de la rétention de la part des éleveurs conduisant à une baisse de l’offre. La Chine vient de suspendre l’autorisation d’exporter à 5 entreprises brésiliennes de viande dont 2 de porcs. Les raisons n’ont pas été officiellement présentées mais entrent dans le cadre des mesures prises pour contrer l’épidémie du coronavirus.
MPB : lundi ‐ 0,009 euro, jeudi ‐ 0,033 euro
Le marché français aura difficilement résisté à la pression baissière du marché nord‐européen. La baisse totale du prix sur la semaine est de 4,2 cents pour un prix moyen à 1,304 euro. En outre, les besoins des abattoirs sont moindres avec une activité amputée d’une journée d’abattage en raison du 14 juillet. Les séances de vente ont vu des positions extrêmes selon les outils et un nombre élevé de lots sans enchères qui ont été affectés à la plupart des abattoirs, ces lots bénéficiant d’une journée supplémentaire pour être enlevés et abattus sans pénalité. L’activité sur la zone Uniporc Ouest est en retrait d’un peu moins de 4 900 porcs par rapport à la semaine précédente et s’élève à 369 053 porcs abattus, mais les poids poursuivent leur décrue à 95,01 kilos (‐ 329 g)