Le cycle de reproduction de la truie dure 20 semaines en sevrant à 21 jours : 16,5 de gestation + 3 de lactation + 1/2 de venue en chaleurs. En supposant que les truies sèvrent 10 porcelets, on peut tirer la conclusion suivante : produire un porcelet coûte 2 semaines de temps.
Je suis conscient qu'en réalité je commets une légère erreur : les truies de l'élevage n'ont pas toutes un cycle avec un intervalle de 20 semaines. S'il en était ainsi, on aurait dans les exploitations 2,6 mises-bas par an en moyenne. Cependant, il est aussi certain qu'aujourd'hui, il est possible que les truies sèvrent plus de 10 porcelets par mise-bas. Ainsi, on peut dire qu'une erreur compense l'autre et de cette façon on peut faire des chiffres "plus ronds".
À partir de cette affirmation, on peut faire des comparaisons des conséquences de pertes et des gains productifs déterminés. Si produire un porcelet coûte 2 semaines de temps ...
• Un retour en chaleurs à 21 jours équivaut à la perte d’1 porcelet et ½ sevré • Une truie vide à l'échographie qui perd 42 jours de gestation équivaut à perdre 3 porcelets sevrés • Augmenter en moyenne de 3,5 jours l'intervalle sevrage - insémination équivaut à perdre 0,25 porcelets sevrés • Etc. |
Cette formule peut aussi nous aider à décider quel âge au sevrage peut nous sembler plus intéressant, en répondant à la question : combien de porcelets en plus dois-je sevrer pour compenser la perte de production en augmentant l'âge au sevrage de 21 à 28 jours ?
Si produire un porcelet coûte 2 semaines de temps en sevrant à 21 jours, cela signifie que si l'on passe à un sevrage à 28 jours et on continue à sevrer 10 porcelets par mise-bas, on perd 5 % de productivité, car on augmente le temps du cycle de reproduction de 20 à 21 semaines.
Cela signifie qu’en se contentant de sevrer un demi porcelet de plus par truie, on compense déjà la perte due à la faible capacité potentielle de rotation des mises-bas. Parfois, ce n'est pas une tâche facile d'obtenir un demi-porcelet en plus, mais il est probable que, dans beaucoup de cas, l'allongement de la lactation et la meilleure involution utérine correspondante, entraînent une augmentation de nés-totaux. Ce qui manque est que cette augmentation de nés-totaux soit suffisante pour obtenir une augmentation de 0,5 porcelets sevrés.
Sevrer un demi porcelet par truie en plus équivaut à gagner 1 semaine par cycle de toutes les truies de l'exploitation
Ces équivalences nous permettraient aussi de pondérer d'autres paramètres qui affectent le rythme des mises-bas, comme le % de retours en chaleurs. Par exemple : à combien de porcelets sevrés équivaut 10 % de retours en chaleurs ?
Imaginons un élevage qui sèvre 10 porcelets par mise-bas. Si on réussissait à sevrer 1,5 porcelets de plus par mise-bas, on pourrait se permettre le luxe d'augmenter de 100 % les retours en chaleurs à 21 jours (que toutes les truies de l'élevage soient en retours de chaleurs une fois de plus) et on obtiendrait le même résultat. Si, au lieu d'augmenter de 100 % les retours, on augmentait de 10 %, cela équivaudrait à perdre 0,15 sevrés par mise-bas.
En augmentant de 0,15 sevrés par mise-bas, on compense 10 % de retours à 21 jours
La vérité est que la première fois j'ai réalisé ce calcul j’ai été très surpris. On s’arrache souvent les cheveux parce que l'on est passé de 10 à 20 % de retours en chaleurs à 21 jours dans un lot. Par contre, on ne donne pas tant d'importance à avoir sevré un autre lot à 9,8, quand habituellement on le fait à 10,1. Dans ce dernier cas on perd le double par rapport au précédent ! Cette donnée peut nous faire voir l'importance de la conduite en maternité.
Comme on le voit, le fait d'employer le porcelet sevré comme “monnaie d'échange”, nous permet d'être plus conscients de l’importance des changements productifs et nous aide à déterminer lesquels sont les plus cruciaux. On peut être très préoccupé en essayant de diminuer le % de retours mais il résulte que l'on est plus perdant à cause des pertes de porcelets en maternité.
Finalement, en donnant un coût au porcelet sevré, on pourra toujours traduire les changements productifs en euros. Selon le SIP Consultors, ce prix avoisine les 30 euros, ce qui peut rapidement donner les conclusions suivantes :
• Un retour à 21 jours équivaut à perdre 45 euros (1,5 porcelets sevrés). • Maintenir une truie pendant un jour coûte à peu près 2,15 euros. • Etc.. |
Carles Casanovas. Vétérinaire. Espagne