Les expériences de traitement collectif des effluents sont peu nombreuses en France. C’est pourquoi un inventaire des unités ou méthodes de traitements collectifs a été réalisé à l’échelle européenne.
Les unités collectives en fonctionnement et les modes de traitement à l’échelle européenne ont été inventoriés par pays et par process (séparation de phases, traitement des liquides et des solides…) selon la quantité d’effluents traités : à la ferme, en unités de taille moyenne (< 50 000 t/an) ou de grandes tailles (> 50 000 t/an).
A plus de 50 000 t/an, il s’agit d’unités centralisées voire industrielles…
En France, le traitement annuel de quelques dizaines de milliers de tonnes d’effluents est considéré de grande taille. Compte tenu de ces volumes et de la taille moyenne des élevages français, sachant que seuls les excédents d’effluents sont traités, les unités de traitement de + de 50 000 t/an sont collectives par opposition aux unités à la ferme de nature individuelle.
La plupart des procédés s’adaptent au traitement collectif mais l’inverse n’est pas possible pour des raisons d’économie d’échelle et de complexité. Les unités collectives sont souvent peu nombreuses mais parfois dominantes en volume traité dans certains pays, comme par exemple de la séparation de phases, de la méthanisation et du traitement des liquides aux Pays-Bas.
La mise en œuvre des unités de grande taille est très contrastée entre pays européens…
Des pays se caractérisent par une part élevée d’unités centralisées relativement au volume d’effluent traité : c’est le cas des Pays-Bas pour la séparation de phases et le traitement des liquides par filtration membranaire et nitrification/dénitrification. C’est le cas également de la Belgique pour le traitement des liquides par nitrification/dénitrification et la déshydratation des solides et de l’Espagne pour la séparation de phases, technique surtout individuelle à l’échelle européenne.
Pour ces 3 pays, Pays-Bas, Espagne et Belgique, la proportion de méthaniseurs de grandes dimensions est plus élevée que dans les autres pays européens. Le développement à grande échelle de la déshydratation des solides en Belgique et de la séparation de phases aux Pays-Bas est à mettre en lien avec leurs besoins d’exportation de solides, notamment de phosphore, vers des pays tiers.
L’Espagne se caractérise par une grande diversité des procédés de traitement centralisé : utilisation d’additifs et de pré-traitements (forte pression, T° élevée), utilisation de coagulant-floculant pour améliorer les performances de la séparation de phases essentiellement effectuée par décanteuse-centrifuge pour ces installations de grande dimension, séchage thermique, pelletisation et combustion pour le traitement des solides, filtration membranaire et évapo-concentration pour le traitement des liquides.
L’Italie se caractérise par un fort développement de la séparation de phases quasi exclusivement basé sur un modèle individuel. Il en est de même de la méthanisation pour l’Allemagne, excluant les techniques de résorption.
D’autres situations se caractérisent par une grande mixité : c’est le cas du compostage en Espagne où co-existent des unités individuelles et centralisées. De même pour la méthanisation au Danemark où il y a eu successivement des phases d’incitations publiques pour les modèles individuels et centralisés.
En Italie, la méthanisation est aussi bien développée avec une mixité pour ce procédé.
Les différences de développement des unités centralisées et des procédés de traitement choisis s’expliquent par de multiples facteurs : transpositions nationales des Directives européennes, nature des Réglementations locales, densité des productions animales, état des voies de communication, acceptabilité sociale …
Etude réalisée par IFIP, Itavi, Chambre d’agriculture de Bretagne, FR Cuma Ouest, Idele dans le cadre du projet GESTE financé par l’ADEME.
Extrait de la brochure : Filières collectives de gestion et de traitement des déjections animales et des digestats (à paraitre fin 2024).