Le sevrage est l’un des étapes les plus critiques dans la vie du porcelet, pendant laquelle il sera confronté à une série de difficultés qu’il devra surmonter : séparation de la mère, mélange des portées, changements d’environnement, luttes pour la création de nouvelles hiérarchies, exposition à de nouveaux pathogènes … et aussi un changement brusque dans l’alimentation qui passe de liquide à solide et avec un contenu en protéines très supérieur au lait maternel. Ce changement dans l’alimentation va représenter un défi important pour le système digestif encore immature du porcelet, particulièrement si l’aliment qu’il reçoit a un contenu élevé de protéine. Quand cela arrive, l’excès de protéine fermente dans le gros intestin et provoque une dysbiose et une prolifération de bactéries pathogènes, particulièrement E. coli, responsables de diarrhées chez le porcelet et de retards de croissance. C’est pourquoi, formuler avec des matières premières hautement digestibles, minimiser le contenu en protéines de l’aliment et supplémenter avec des acides aminés nous aidera à éviter que les pathogènes colonisent l’intestin, à diminuer le risque de diarrhées et facilitera le développement et la croissance du porcelet.
Mais en diminuant le niveau de protéines des aliments, il fut s’assurer que l’animal reçoit tous les acides aminés dont il a besoin et que ceux-ci gardent un certain équilibre entre eux, de façon que ni la croissance, ni les niveaux productifs ne se voient affectés. Ainsi, en formulant les rations, on applique donc le concept de protéine idéale qui se définit comme le profil d’acides aminés qui maximise la rétention d’azote (c’est-à-dire, de muscle) et qui couvre les besoins physiologiques et de croissance de l’animal de manière à ce qu’il reçoive exactement ce dont il a besoin. Le profil de protéine idéal reste constant dans la même phase de croissance de manière qu’une fois connu le besoin de lysine de l’animal, lequel variera en fonction de la génétique notamment, on devra appliquer les bons ratios pour le reste des acides aminés.
Les acides aminés se classent de la façon suivante : les non essentiels sont ceux que l’animal peut synthétiser, les semi-essentiels sont ceux que l’animal peut synthétiser mais pas en quantité suffisante dans certaines circonstances et les essentiels sont ceux que l’animal ne peut pas synthétiser (ou qui le fait en quantité insuffisante) et que l’on doit apporter par l’alimentation. Dans le cas de ces derniers, il est important de contrôler leur apport, particulièrement en diminuant le niveau de protéine.
On sait que la lysine est le premier acide aminé limitant pour la croissance dans l’aliment pour porc alors que le reste des acides aminés essentiels sont toujours exprimés en pourcentage en relation avec la lysine.
La thréonine, second acide aminé limitant, fait partie des mucines qui recouvrent l’intestin ce qui fait qu’il joue un rôle essentiel dans l’intégrité de la muqueuse intestinale. Elle est aussi importante pour le système immunitaire puisqu’elle est en relation avec la synthèse d’immunoglobulines. Troisièmement, les acides aminés soufrés (méthionine et cystine) sont limitants et en quatrième position on trouve le tryptophane. Ce dernier est en relation avec plusieurs fonctions biologiques comme la réponse immunitaire (il fait partie des protéines de phase aigüe), il régule le comportement de l’animal, facilite la synthèse de protéines et régule l’ingestion volontaire de l’aliment. La valine, cinquième acide aminé limitant, est indispensable pour le dépôt de protéine et la croissance optimale de l’animal. Elle est considérée comme un acide aminé ramifié avec l’isoleucine et la leucine et il existe certaines interactions entre ces trois acides aminés en raison des voies métaboliques qu’ils partagent. Il est donc important de bien connaître les besoins en chacun d’entre eux. Sur les figures 1, 2 et 3, on montre des courbes de régression de croissance et d’indice de consommation des porcelets en fonction de différentes valeurs des ratios de tryptophane/ lysine et / lysine dans la ration, selon des travaux scientifiques publiés par plusieurs auteurs. Ainsi, il y a de plus en plus de travaux et de recherches sur les besoins et les fonctions du reste des acides aminés essentiels (isoleucine, leucine, histidine et phénylalanine).
Conclusions
Il existe une tendance générale dans toute l’Europe à diminuer le niveau de protéine des aliments, accompagnée d’une supplémentation adaptée en acides aminés industriels qui garantit que les besoins des animaux sont couverts et que le niveau idéal de protéines est respecté. Ainsi, la croissance du porcelet est conservée et on préserve sa santé intestinale.
Aujourd’hui, la disponibilité des acides aminés industriels (L-Lys, L-Thr, DL-Met, L-Trp y L-Val) et la meilleure connaissance des besoins en acides aminés permettent d’aller plus loin et de formuler en fonction des acides aminés essentiels en respectant le profil de protéine idéal et sans tenir compte du niveau de protéine de la ration.