Après Noël, notre marché a mieux résisté que d’autres années. Les porcs ont battu des records de poids moyen en carcasse et, néanmoins, le cours n'a pas fléchi comme il était habituel après les fêtes.
Le mois de janvier s'est terminé sur une légère hausse de 0,40 centimes le kilo en poids vif, variation légère mais très significative. L'Allemagne est en situation de répétition depuis des semaines et le cours ne bouge pas là-bas, les opérateurs constatant que le marché de la viande est un marasme avec une offre excédentaire venant de partout. La hausse espagnole au cours du dernier marché du mois peut être interprétée davantage comme une déclaration d'intention qu'autre chose. Il est significatif que notre criée soit la première en Europe à évoluer à la hausse (cette fois sans attendre l'Allemagne).
Il y a beaucoup de porcs, on les abat tous et on essaie de vendre (ou de placer) la viande. La menace de la PPA ne disparaît pas et pend comme une épée de Damoclès sur toute la filière européenne.
En République populaire de Chine, la PPA s’étend à son aise, complètement incontrôlable. Ce fait aura sans aucun doute des répercussions palpables dans le monde entier, y compris sur nos marchés (UE, Espagne). Nous pensons que le consommateur chinois persistera à consommer de la viande de porc mais en donnant la priorité à la consommation d'import. Quelque chose de similaire avait eu lieu il y a quelques années à l'occasion du scandale du lait infantile frelaté. Si cette hypothèse se concrétise, on peut s'attendre à une forte demande de viande de porc en provenance de Chine à moyen terme.
Nous commençons l'année au-dessus de l'euro. Nous prévoyons une forte demande de viande de porc en provenance de Chine. L'inauguration d'un méga-abattoir en Aragon est annoncée... Toutes les cartes indiquent que 2019 sera positif (ou extrêmement positif) pour l’éleveur.
La relation entre l'éleveur et l'abattoir, quotidienne et passionnée la plupart du temps, finit par créer un lien. L’apparition d’un nouvel opérateur qui vise soudainement à devenir le plus important de l’Etat menace de perturber nombre de ces liens. Leur qualité sera mise à l'épreuve sans aucun doute.
Étant donné que, dans certains cas, même le lien entre parents et enfants finit par être rompu, il n’est pas difficile de deviner que nombre des relations actuelles entre éleveur et abattoir vont en souffrir et, dans certains cas, se rompre. La tension provoquée par la hausse soudaine de la demande aura des conséquences no désirées.
Nous venons de terminer une année avec 6% d’abattages de plus que l’année d’avant. En 2019, il y aura également croissance (reste à déterminer de combien). Nous sentons que ce ne sera pas une bonne année pour l’abattoir et que, en revanche, l’éleveur obtiendra probablement de très bonnes balances.
Tous les exercices sont différents. Celui qui commence maintenant sera marqué par le démarrage du nouveau complexe aragonais et probablement par d’autres choses.
Omar Jayam, mathématicien et poète persan du 11ème siècle, a écrit : "Puisque tu ignores ce que demain te réserve, te peux te donner la permission d'être heureux aujourd'hui."
Guillem Burset