Le circovirus porcin type 2 (PCV2) est connu comme l'agent infectieux principal de la MAP, la maladie d'amaigrissement du porcelet (en anglais, postweaning multisystemic wasting syndrome, PMWS), maladie aussi appelée circovirose porcine (CP).
En tout état de cause, la CP est un processus multifactoriel où la participation de ce virus paraît absolument nécessaire mais n'est pas suffisante dans la majorité de cas.
Il existe encore beaucoup de questions non résolues sur la pathogénie de cette maladie, mais d'autres aspects, comme le diagnostic, paraissent relativement clairs actuellement. De fait, on considère internationalement que le diagnostic de la CP se base sur trois critères :
1) Existence d'un tableau clinique compatible avec la maladie (essentiellement retard dans la croissance, troubles respiratoires et mortalité accrue).
2) Existence de lésions microscopiques caractérisées par une déplétion lymphocytaire et une infiltration granulomateuse d'intensité modérée à marquée dans les organes lymphoïdes.
3) Présence modérée à importante du PCV2 dans les tissus lymphoïdes lésés.
Logiquement, et sur la base du troisième critère, on a développé de multiples techniques pour la détection du PCV2. Parmi celles-ci, il convient de souligner des techniques basées sur les tissus (immunofluorescence, immunohistochimie, hybridation in situ, PCR standard et PCR quantitative) ou sur le sérum ou les excrétions/sécrétions corporelles (isolement viral, PCR standard et PCR quantitative).
Parmi toutes ces techniques, la plus largement utilisée dans différents laboratoires est probablement la PCR standard, qui permet d'émettre un résultat positif (présence de génome du PCV2) ou négatif (absence de ce dernier).
Fig.
1: Moyennes du pourcentage de porcs de différents âges (w
= semaines de vie) positifs au PCV2 par PCR sur sérum. La barre
bleue représente la moyenne de 4 élevages avec CP et la
barre bordeaux de 5 élevages sans CP. Bien que dans les élevages
avec CP il y ait généralement un plus grand pourcentage
de porcs infectés par le PCV2 que dans ceux qui n'ont pas la maladie,
cela ne correspond en aucun cas avec le nombre d'animaux malades.
Graphique extrait de Sibila et coll (Am J Vet Res, 65:88-92, 2004). Les valeurs sérologiques (données non montrées) indiquent que 100% des animaux dans les deux types d'élevages se retrouvent infectants tout au long de leur vie. |
Actuellement il existe de multiples études de comparaison des différentes techniques de détection du PCV2 et leur corrélation avec la maladie clinique et la présence de lésions dans des organes lymphoïdes. La plupart de ces études indiquent de manière évidente, que l'utilisation de la PCR standard pour le diagnostic de la CP est très peu adaptée.
Cela est dû au fait que cette technique ne permet pas de faire la différence entre CP et infection subclinique par le PCV2 (événement qui arrive chez l'immense majorité des porcs à un certain moment de leur vie productive, qu'ils soient sains ou malades pour d'autres causes sans rapport avec le PCV2) (Fig. 1).
Pour cela, un résultat positif en PCR en l'absence d'autres analyses diagnostiques sur un porc avec retard de croissance peut correspondre aussi bien à un porc avec CP qu'à un porc dont le dépérissement est lié à une autre cause et pour lequel l'infection par le PCV2 est concomitante.
Cette situation montre que la PCR n'est pas une technique fiable pour le diagnostic de la CP. Cependant, il convient de souligner que la combinaison de la PCR standard avec d'autres techniques de laboratoire, comme l'histopathologie notamment, peut garantir dans une plus grande mesure un diagnostic plus probable de la CP.
Fig.
2: Hybridation in situ pour la détection du PCV2.Il s'agit d'une
technique semi-quantitative qui permet de de faire le lien entre le génome
viral et les lésions microscopiques dans des organes lymphoïdes.
La photo A qui montre une faible quantité de génome viral,
correspondrait à une infection subclinique par le PCV2 (bien qu'on
ne pourrait pas écarter une phase pré-clínique de
CP ou une phase de convalescence de la maladie), tandis que les photos
B et C, avec des quantités modérées à importantes
de virus, correspondraient à des porcs atteints de CP. Dans tous
les cas, la PCR standard PCV2 produirait le même résultat
(positif), puisqu'elle n'est pas une technique discriminatoire.
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Le peu d'utilité diagnostique de la PCR standard pour la CP est due au fait que celle-ci est une maladie dans laquelle la quantification de PCV2 est cruciale. Par conséquent, des techniques qui permettent de mesurer quantitativement ou semi quantitativement le virus, telles que l'immunohistochimie, l'hybridation in situ (Fig. 2) ou la PCR quantitative (Fig. 3), sont celles qui peuvent apporter la sécurité de diagnostic souhaitée. Peut-être le plus grand problème est que ces dernières techniques ne sont pas largement distribuées dans les Laboratoires de Diagnostic Vétérinaire; il est souhaitable que la mise en oeuvre de ces procédures se fassent rapidement dans les prochaines années.
Finalement, et en réponse à la question posée dans le titre, il faut dire que la PCR est un bon outil pour détecter une infection par PCV2 (et par conséquent intéressant pour des études de dynamique d'infection à travers des profils PCR), mais un mauvais outil pour le diagnostic de la CP
Fig.
3: Quantification du génome du PCV2 dans le sérum d'animaux
avec des lésions microscopiques légères, modérées
et importantes de CP. Les premières correspondraient avec des porcs
infectés subcliniquement avec PCV2. Les valeurs a, b et c correspondraient
à différents niveaux de signification statistique entre
les moyennes des différents groupes lésionnels. D'après
ces résultats on a proposé un seuil de 107 génomes
de PCV2/ml sérum pour discriminer des groupes d'animaux avec et
sans CP.
Dans les trois situations lésionnelles, la PCR standard de PCV2 produirait le même résultat (positif), puisqu'elle n'est pas une technique discriminatoire. Graphique extrait d'Olvera et col (J Virol Methods, 117:75-80, 2004). |
Joaquim Segalés. CreSA. Université Autonome de Barcelone (Espagne)