Depuis le début de l’apparition de la MAP, les interactions entre cellules du système immunitaire et pathogénie du PCV2 sont évidentes, pour autant, les mécanismes précis de ces effets pathogènes ne sont pas totalement élucidés.
Ainsi, la destruction des cellules lymphoïdes dans les ganglions lymphatiques (lymphodéplétion), identifiée dès l’apparition de la MAP comme l’une de ses lésions majeures, n’a toujours pas d’origine explicite. En revanche, plusieurs observations ont permis de localiser le PCV2 à l’intérieur de cellules importantes pour le système immunitaire.
Technique d’immunohistochimie (IHC) pour la détection de lymphocytes T dans les ganglions de porcs sains (à gauche) et atteints de MAP (à droite). Chez ce dernier, il y a une nette diminution des lymphocytes T (colorés en marron), ainsi que la perte de l’architecture du tissu lymphoïde.
|
Accumulation (et réplication ?) dans les macrophages
Les macrophages (“gros mangeur” en grec) sont des cellules mobiles circulant dans le sang. En cas d’intrusion (blessure, infection, etc.), ils infiltrent les tissus et sont capables de phagocyter (“avaler et digérer”) les organismes étrangers. Ils participent ainsi à l’immunité innée, mais sont aussi capables de participer à l’immunité spécifique (voir chapitre 15), en particulier en reconnaissant les anticorps fixés sur les organismes agresseurs. Ils sont aussi capables de se comporter comme cellule présentatrice d'antigène, mais moins souvent que les cellules dendritiques (voir ci-dessous). Le PCV2 s’accumule dans les macrophages, mais le débat est encore vif quant à la réplication du virus au sein de ces cellules.
Il est probable que la forte présence du PCV2 dans les macrophages résulte du travail de phagocytose de ces cellules.
Accumulation (sans réplication) dans les cellules dendritiques
Les cellules dendritiques sont une catégorie de cellules libres de circuler dans le sang et la lymphe, ainsi que dans les organes (rate, peau, etc.). Elles sont le pilier des défenses immunitaires car elles font le lien entre la réponse innée et la réponse spécifique : ce sont des cellules professionnelles de la présentation des antigènes. Or plusieurs équipes ont démontré, depuis 2005, que les cellules dendritiques sont un site d’accumulation du PCV2, sans que le virus ne s’y réplique. L’accumulation progressive du PCV2 finit par modifier le fonctionnement de la cellule dendritique qu’il infecte : elle n'est plus capable de répondre correctement en cas d’infection virale. Ainsi, le PCV2 a clairement un effet pathogène pour le système immunitaire, et ce en fonction de la quantité de PCV2 infectant l’organisme. Ce qui est cohérent avec les résultats de plusieurs équipes – dont françaises – qui ont montré que, chez les porcs d’élevages à MAP clinique, la charge en PCV2 est 100 à 1000 fois supérieure à celle de porcs d'élevages PCV2 positifs mais MAP négatifs.
Technique d’IHC pour la détection de cellules présentatrices d’antigène (CPA) au sein des ganglions lymphatiques de porc sain (à gauche) et atteint de MAP (à droite).
Chez ce dernier, il y a une nette diminution de CPA (colorés en marron), ainsi que la perte de l’architecture du tissu lymphoïde. |
Dérégulation des lymphocytes B
Le fait que les porcelets atteints de MAP ne soient pas capables de développer une sécrétion d’anticorps neutralisants indique que la sous-population de lymphocytes B en charge de cette production est affectée par le PCV2. Ces changements des sous-populations de cellules du système immunitaire se rapportent à des déséquilibres de sécrétions des médiateurs et signaux chimiques régulant le fonctionnement de ces cellules, les cytokines. Chez les porcs atteints de MAP, il y a une atrophie du thymus. Or c’est l’organe où les lymphocytes sont “entraînés” à leur fonction future.
La réduction du thymus a donc des répercussions sur l’ensemble du fonctionnement de la réponse immunitaire du porcelet (voir le schéma ci-dessous), pouvant expliquer une sensibilité accrue à l’expression clinique de la MAP.
Adaptée à la situation française et actualisée par les Drs JB Herin,N. Bridoux et F. Joisel