Le taux de mortalité dépend de facteurs environnants (installations), maternels et des porcelets eux-mêmes. |
On appelle mortalité néonatale la mortalité se produisant au cours des sept premiers jours suivant la naissance. Ce paramètre est l'un de ceux ayant le plus d'influence sur la rentabilité totale de l'exploitation, puisqu'il peut représenter de 10 à 20% du total des frais de l'exploitation.
Du point de vue du bien-être animal, les questions relatives à la mortalité en général présentent un argument clair et direct : les améliorations du bien-être entraînent une diminution des taux de mortalité à toutes les phases de production. En Europe, environ 50 millions de porcelets sont morts-nés ou meurent avant le sevrage. Ces taux de mortalité élevés ont suscité une sensibilité toute particulière de l'opinion publique à ce sujet. Nous diviserons ce chapitre en deux parties, en décrivant tout d'abord les facteurs impliqués dans la mortalité des porcelets pour ensuite apporter quelques pistes visant à faire diminuer la mortalité dans les exploitations.
Avant tout, néanmoins, il faut insister sur un point : oui, c'est vrai, la mortalité néonatale chez les porcins est élevée et, qui plus est, l'anatomie et la physiologie de cette espèce ne facilitent pas l'amélioration des résultats. Mais cet argument ne doit pas nous servir d'excuse pour ne pas envisager cette amélioration qui, de plus, aura des répercussions économiques importantes..
Le moment crucial après la naissance est l'arrivée aux mamelles, d'où les porcelets tireront aliment et défenses.. |
Dans les exploitations, il est fréquent de rencontrer des porcelets morts-nés, d'autres qui semblent être morts écrasés, de soi-disant malnutrition ou de froid (hypothermie). Cependant, certaines études montrent qu'il est possible que la majorité des morts ait un facteur commun sous-jacent. C'est ce que l'on appelle la vitalité du porcelet.
Au moment de la séparation physique de la mère et du porcelet (rupture du cordon ombilical), l'animal dispose d'une période de temps déterminée pour " s'activer ", se diriger vers les mamelles de sa mère et " lutter " pour obtenir le colostrum qui lui permettra d'acquérir l'énergie et les défenses nécessaires pour continuer à vivre.
D'autre part, l'animal naît enveloppé des liquides de gestation, ce qui provoque une importante perte de chaleur et, par conséquent, de plus grands besoins d'énergie. Il est intéressant de souligner que la mère prête à peine attention à ses petits, contrairement à ce qui se produit chez d'autres espèces comme les ovins ou les bovins. .
En résumé, le temps entre la sortie de l'utérus (naissance) et l'arrivée aux mamelles est crucial pour la survie du porcelet. Si cette durée se prolonge, le porcelet commencera à perdre progressivement de la vitalité, tout en perdant sa capacité à se déplacer vers l'aliment. De plus, il recherchera la chaleur et restera donc près de la mère. Dans ce cas, le risque d'être écrasé par la mère augmente énormément.
Caractéristiques du milieu
Les cages de mise-bas ont été conçues dans le but de limiter la mortalité des porcelets, notamment par écrasement. |
Dans les années 70, les changements apportés aux installations ont imposé l'actuel système de cages de mise-bas dans les exploitations intensives. Ce système a permis de réduire la mortalité car il restreignait les mouvements de la mère (réduisant ainsi la mortalité par écrasement) et a permis d'installer des systèmes de chauffage (réduisant ainsi la mortalité par hypothermie).
De plus, ce système facilitait la manipulation et le soin des porcelets par les éleveurs. Cependant, les taux actuels de mortalité de 10-15 % (et parfois au-delà) nous montrent que les améliorations ne furent pas toujours suffisantes et/ou appropriées. Le taux de pertes sur nés vivants en plein air était de 16,5% en 2002, soit 25 % de plus qu'en bâtiment.
Caractéristiques du porcelet
Les études sur ce thème semblent indiquer que tout facteur retardant l'arrivée du porcelet au colostrum réduira ses chances de survie. La principale caractéristique déterminant la survie du porcelet est sa vitalité. Comme nous l'avons vu précédemment, celle-ci comprend tous les facteurs faisant que l'animal "réagit " à la naissance (processus très stressant, surtout du point de vue physiologique) et arrive aux mamelles pour ingérer le colostrum le plus rapidement possible.
Certaines données scientifiques indiquent que la vitalité des porcelets dépend en grande partie des facteurs physiologiques maternels, que nous examinerons dans la partie suivante. Il est facile de comprendre, de façon intuitive, que les caractéristiques d'un animal nouveau-né dépendent en grande partie de sa mère, y compris peu après la naissance. Bien sûr, il faut tenir compte du fait que le poids à la naissance est l'un des principaux facteurs influant sur la vitalité du porcelet. D'autres paramètres intéressants sont le poids total de la portée et, tout particulièrement, la différence entre le poids du porcelet et le poids moyen des porcelets de sa portée.
La vitalité des porcelets est l'un des facteurs les plus importants pour leur survie. |
Commentaires de l'ISPAIA :
La mortalité en maternité est essentiellement distribuée sur les 48 premières heures et il convient même de s'intéresser aux toutes premières heures de vie. Les porcelets qui meurent dans les 10 premiers jours de vie mettent deux fois plus de temps à atteindre la mamelle (Herpin, JRP 97). Ces porcelets se caractérisent aussi par une hypoxie plus marquée (cf chapitre 4) et un poids de naissance inférieur. A 24 heures de vie leur température rectale n'était que de 36,5°C !
Le colostrum demeure donc une formidable source d'énergie indispensable au porcelet dont on minimise parfois le rôle. En effet, quand on parle colostrum, on pense surtout protection immunitaire. Mais là aussi le temps est compté, et bien plus que l'on ne l'imagine généralement. En quelques heures la richesse en anticorps du colostrum d'une truie s'effondre littéralement. Conséquence directe, les porcelets nés les derniers tètent un colostrum moins riche. Leur immunité passive s'en trouve significativement diminuée (Le Dividich et al., JRP 04)!
L'assistance aux porcelets à la mise bas, les soins sont donc des points essentiels. Il faut néanmoins les raisonner dans un contexte de charge de travail. Si on a des choix à faire en élevage, il vaudra donc mieux se focaliser sur les petits porcelets et les derniers nés. Ainsi, on pourra espérer descendre sous la moyenne 2002 de 13,2% de mortalité sur nés vivants (11,2 pour le tiers supérieur).