Critères de choix d'un insecticide
Les critères de choix d’un insecticide doivent intégrer deux paramètres essentiels :
Efficacité contre les insectes
- Effet immédiat,
- Rémanence, c'est-à-dire persistance d’action dans le temps : cette rémanence est variable selon les insectes, les insecticides, les locaux.
Absence de toxicité pour :
- Le(s) manipulation(s),
- Les animaux de l’élevage,
- Les productions (viande),
- L’environnement (abeilles, poissons),
- La biodégrabilité.
Pour un traitement efficace
La maîtrise des insectes en élevage nécessite aujourd’hui une stratégie quasiment incontournable de lutte :
- Contre les larves, avec des produits qui bloquent le développement vers le stade adulte.
- Contre les insectes adultes, avec des produits qui agissent par contact et tuent l’insecte via son système nerveux.
Il y a peu de nouvelles matières actives sur le marché aussi le temps où l’application d’un produit permettait de limiter le nombre d’insectes pendant plusieurs mois, est aujourd’hui révolu.
Tout traitement doit obligatoirement s’accompagner de mesures hygiéniques si on le veut efficace. Il faut donc simultanément réaliser :
- Le nettoyage et la propreté des locaux,
- Le traitement des larves,
- L’application d’insecticides sur les parois,
- Le traitement des animaux (si nécessaire).
L’alternance des matières actives ( tous les deux traitements environ) est indispensable car la rapidité du cycle de reproduction des mouches favorise les phénomènes de résistance en modifiant l’efficacité des produits sur leur site d’action.
La check list suivante vous permet d’assurer une bonne efficacité de votre lutte contre les insectes :
1. Traiter tôt pour enrayer la dynamique d’infestation, 2. Traiter tous les locaux avant infestation, 3. Traiter des locaux propres, de préférence après désinfection ou pendant le vide sanitaire, 4. Utiliser des produits homologués (AMM), 5. Respecter les doses d’emploi, 6. Eliminer ou traiter les sources d’infestation, 7. Ne pas mélanger les insecticides entre eux avec d’autres produits, 8. Traiter en même temps les bâtiments et les animaux avec les produits adaptés, 9. Renouveler régulièrement les traitements dans la saison. |
Méthodes d'application
Les principales méthodes d’application des insecticides de synthèse (produits pour le traitement des logements des animaux domestiques) sont la pulvérisation, la dispersion de granulés, l’application d’un badigeon, la nébulisation et la thermonébulisation (1).
La pulvérisation
La pulvérisation est réalisable avec des produits présentés sous forme liquide, poudre ou granulés formulés à cet effet.
- Elle peut concerner des produits insecticides adulticides ou larvicides. Aucun produit adulticide n’est autorisé en présence des animaux.
- L’efficacité de la pulvérisation d’un adulticide sera d’autant meilleure qu’elle sera réalisée sur des surfaces propres.
- Le fabricant recommande la quantité d’eau pour la dilution du produit (par exemple 10 litres pour 20 grammes). Pour une action maximale, la solution ne doit être préparée qu’au moment de l’utilisation, avec une eau de qualité « conforme ».
- Il est indispensable de calculer au préalable la quantité de produit pur à utiliser en fonction de la surface à traiter, selon les préconisations du laboratoire.
Par exemple, pour traiter contre les ténébrions avec un adulticide appliqué par pulvérisation, à raison de 20 grammes de produit pur dilué dans 10 litres d’eau pour 100 m², sur 1.50 m de hauteur dans une salle de 10 m x 13.50 m. o Surface à traiter (13.50 + 10) x 2 x 1.50 = 70.5 m² o Quantité de produit à utiliser : 20 grammes x 70.50 m² / 100 m² = 14.1 grammes o Quantité d’eau nécessaire : 10 litres x 14.1 grammes / 20 grammes = 7.05 litres. |
Pulvérisations insectides sur les panneaux muraux
|
- Lors de pulvérisation sur des surfaces verticales, il est important de bien veiller à une bonne répartition sur les parois et à éviter un ruissellement qui gaspillera du produit.
La dispersion de granulés
La dispersion de granulés, utilisée pour les granulés attractifs insecticides et certains produits larvicides est aisée à mettre en œuvre puisqu’il s’agit simplement de répandre les granulés sur la surface à traiter (par exemple couloir de la salle pour les attractifs, fosse à déjection pour les larvicides). Il faut toutefois s’assurer de bien respecter la dose recommandée (par exemple 250 grammes de granulés larvicides pour 10 m² de fosse à lisier).
L’application de badigeons
L’application de badigeons à l’aide de pinceau ou de rouleau à peinture en bande sur les murs, les plafonds ou les encadrements de fenêtres ou d’ouvertures, aux endroits où les mouches se posent habituellement, est recommandée par certains produits. Ceci n’est à mettre en application que s’il est précisé dans le mode d’emploi du granulé attractif ou de la poudre larvicide.
La nébulisation
La nébulisation, pour traiter l’ensemble du volume d’une salle d’élevage par des produits adulticides applicables en pulvérisation peut également être utilisée. Son efficacité est inversement proportionnelle à la surface à traiter aussi elle ne doit pas être utilisée en salle gestante (les gouttelettes sont de taille importante et le brouillard ainsi formé risque de se déposer sur le sol sans contact suffisant avec les surfaces à traiter). Aucun insecticide utilisable par cette méthode ne peut être appliqué en présence des animaux.
La thermobulisation
La thermobulisation permet de réaliser un brouillard de bonne qualité, permettant un contact suffisant avec les surfaces à traiter. Seuls les produits formulés à cet effet peuvent être utilisés et aucun insecticide ne peut par cette méthode être utilisé en présence des animaux. Pour éviter tout gaspillage du produit et les échecs de traitement, il est indispensable de calculer au préalable la quantité de produit pur à utiliser en fonction du volume à traiter. Il est proscrit de mélanger l’insecticide à un autre produit (désinfectant notamment) lors de l’application.
Ce qu'il faut retenir
Le cycle de reproduction des insectes est favorisé par plusieurs facteurs ambiants, dont les plus importants sont :
- La température (au-delà de 10°C),
- L’humidité,
- Les sources d’alimentation protéiques et énergétiques.
Ainsi, 1000 mouches peuvent se développer dans 500 grammes de déchets nutritifs ! Cette alimentation vient des aliments distribués aux animaux, des cadavres, mais aussi de tous déchets carnés, lactés ou même végétaux dont l’effet d’attirance aux insectes s’accroît avec le degré de fermentation ou de décomposition.
Se prémunir de l’envahissement par les insectes exige un programme de lutte cohérent et complet. L’efficacité de ce programme tient au choix de la (des) molécule(s) active(s), mais aussi à l’assurance qu’elle a bien été absorbée.
Il est capital de ne pas rater sa « saison des mouches » en commençant à traiter dès leur première apparition, soit dès Avril.
Il ne faut pas conclure à l’accoutumance à un insecticide avant d’avoir éliminé les facteurs prédisposant à la multiplication des insectes, avant d’être certain d’avoir correctement appliqué le produit à la concentration recommandée et à des points propices à son efficacité.
L’alternance des matières actives est devenue incontournable dans les protocoles de lutte contre les insectes car cela permet d’éviter les phénomènes de résistance plus particulièrement pour les produits à base de pyréthrinoides.
L’association de mesures d’hygiène de base et de traitements insecticides ou acaricides agissant à différents niveaux de leur cycle permet de rester en dessous d’un seuil de nuisance acceptable tant pour les éleveurs, leur voisinage et leurs animaux. L’instauration de ces mesures de « lutte intégrée » est un véritable impératif dans les bâtiments d’élevage.
Bibliographie
1. Guide de lutte contre les insectes en élevage. Fédération Nationale des Groupements de Défense Sanitaire en collaboration avec le Réseau FARAGO.
2. Martineau G.P. : « Maladies d’élevage des porcs » Edition France Agricole. 444-447.
3. Novartis : Plaquette « Bâtiments d’élevage – Pack solutions de désinsectisation ».
4. OTake et col. : « Transmission of porcine reproductive and respiratory syndrome virus by houseflies (Musca domestica). The Veterinary Record (2003) 152, 73-76.